La Confession d'une jeune fille2009 - 2010
Sara Forestier se donne tout entière à ce rôle.
C'est très fort et très beau.
Jean -Luc Jeener, Figaroscope
Au fil des mots, des phrases, Sara Forestier
se métamorphose en un être de chair et de feu
qui finalement s'éteint.
Florence Muracciole, Le Journal du Dimanche
Une grande jeune comédienne, ultra sensible et audacieuse.
C'est Proust. Aujourd'hui. Et tout cela en une heure.
Armelle Héliot, Figaro Blog
Une jeune fille est face à nous. Elle veut vivre. Dans un dernier souffle, elle nous raconte son époque, son corps, son plaisir celui qui lui a coûté la vie.
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De Marcel Proust
Avec Sara Forestier
Mise en scène de Patrick Mille
Histoire d'un spectacle
Avec Sara, nous nous sommes rencontrés lorsque nous étions jurés dans un festival de cinéma. L’envie de jouer ensemble un jour s’est imposée à nous, et comme par hasard, quelques semaines après, Benjamin Bellecour lui a proposé une carte blanche dans le cadre de leur mise en capsules. Nous nous sommes donc mis en quête d’un texte qui pourrait nous réunir. Très vite, l’écoutant parler de ses envies, de ses choix, de ses exigences, et revoyant les films dans lesquels elle avait joué, je n’ai plus eu qu’une idée en tête : la mettre en scène. C’est alors que s’est rappelé à moi ce texte de Proust qui, par son ambiguïté, sa force et sa folie, ne pouvait que lui plaire. Sara Forestier – Marcel Proust : cocktail explosif ! Ces mots dans sa langue, sa voix, sa scansion, la plus grande partie du travail fut d’abord de lui faire apprendre, puis dire, le texte comme une langue étrangère, comme apprise phonétiquement, sans sentiments, ni sens, ni affect. Comme une expérience physique du texte, son incarnation ne venant qu’au dernier moment. Au fur et à mesure, des inspirations diverses sont apparues, Saint Augustin (pour le sacré), Bataille (pour le souffle), Last days de Gus van Sant pour le climat, Léon Spilliaert pour la lumière, et les Rolling Stones pour que Sara danse.
Patrick Mille, metteur en scène
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SARA FORESTIER
Toute jeune, Sara Forestier a déjà la passion de la comédie et enchaîne les castings depuis l’âge de treize ans. Quelques années plus tard, elle décroche celui de « L’esquive » qui lui vaudra le César du meilleur espoir féminin en 2005. Dès lors elle tourne avec les plus grands, de Polanski à Alain Resnais, de Blier à Claude Lelouch.
Elle fait ses premiers pas au théâtre avec « L’autre » en 2007 de Florian Zeller, à la Comédie des Champs Elysées, succès public et critique. Dès 2004 elle s’atèle aussi à l’écriture et la réalisation avec son premier court métrage. Elle a tourné deux autres courts métrages depuis.
PATRICK MILLE
Patrick Mille nait en 1970 à Lisbonne.
Il est reçu à la classe libre du cours Florent en 1989 où il a comme professeur Francis Huster, qui le mettra en scène dans «Lorenzaccio» au théâtre du Rond-point. Parallèlement, il enchaine ses premiers rôles au cinéma, notamment dans «Les équilibristes» de Nico Papatakis et «Mon père ce héros » de Gérard Lauzier. Il joue sous la direction notamment d’Isabelle Nanty, Marianne Groves, Maurice Attias, Fréderic Tokarz…En 1997, il participe à un travail sur Maurice Maeterlinck dans le cadre du JTN avec Claude Régy et Julie Brochen.
Puis, il fera partie de la folle aventure du «Centre de visionnage» sur Canal+, avec son ancien camarade de classe libre Edouard Baer (qui le dirigera aussi dans « La bostella ») où ils créent un personnage qui devient vite culte : Chico. Personnage autour duquel il écrira et réalisera une centaine de sketches pour Canal +
Depuis, on a pu le voir au théâtre du Rond-point dans « Zartmo » sous la direction de Gérard Mordillat, et au cinéma dans « La doublure » de Francis Veber, « La jungle » de Mathieu Delaporte et « 99 francs » de Jan Kounen.
Il tourne en ce moment «Je vais te manquer» d’Amanda Sthers, et on le verra sur France 2 à l’automne, dans la nouvelle saison de « Clara Sheller » .« La confession d’une jeune fille » est sa première mise en scène.
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La mort est là, en elle, qui fait son travail. C'est l'occasion de revoir sa vie, son histoire, ce qu'elle était : les rapports avec sa mère, surtout. Toute une existence de jeune fille au milieu d'une société bien pensante alors que le corps a des désirs et qu'elle y répond avec une passion qui confine au suicide. Un texte de Marcel Proust plein de sensualité qui trouve ici son incarnation.
Sara Forestier se donne tout entière à ce rôle. Au début, on est un peu inquiet, la jeune femme semblant subir le texte. Puis peu à peu, la comédienne se livre et ose. C'est très fort et très beau. Certes, la dimension littéraire de l'oeuvre n'est jamais complètement effacée, ce qui laisse au spectacle une impression de légère distance. C'est le petit reproche qu'on pourrait faire. Une broutille si on compare au plaisir éprouvé.
Jean-Luc Jeener
Une jeune fille vient de tenter de se suicider. Entre la vie et la mort, elle se raconte, n'occulte rien du vice qui a chassé sa vertu, d'une sexualité vécue comme le mal, de l'amour trop fort pour sa mère. Ecrit à 23 ans, ce texte de Marcel Proust, le premier à être rédigé à la première personne, est incarné par une Sara Forestier récitante, selon le voeu du metteur en scène, Patrick Mille. Mais, au fil des mots, des phrases, elle se métamorphose en un être de chair et de feu qui finalement s'éteint. Si "je", en l'occurrence, n'est pas un autre mais le jeune Proust en but à son homosexualité, il est pour une heure Sara Forestier avec talent et force.
Florence Muracciole
Seule sur la scène du Ciné13Théâtre, avec une chaise pour tout accessoire et un fond noir pour tout décor, Sara Forestier crée la surprise : elle dit « La Confession d’une jeune fille », de Proust. Voici trois bonnes raisons d’y courir avant la fin décembre.
Sara grandit
On l’a découverte à seulement 16 ans, au cinéma, dans « L’Esquive » d’Abdellatif Kechiche. En recevant son César, elle pleurnichait de bonheur et sans calcul : la grâce de l’enfance. Depuis, elle a laissé tomber le lycée, elle a joué, travaillé, lu beaucoup aussi, et même tenté une première expérience face au public dans « L’Autre », de Florian Zeller au Studio des Champs. Sur la scène du Ciné13Théâtre, elle continue d’apprendre son métier. Sara a 22 ans, la même énergie, le même talent. Elle fonce. Elle ne craint rien. Ni la nudité, ni la laideur, elle qu’on connaît si jolie.
Sara bouscule Proust
Marcel Proust a écrit cette « Confession d’une jeune fille » à 23 ans seulement. Son texte ne comporte pas beaucoup de ces phrases à rallonge qui font son style et son charme. Indéniablement pourtant, c’est du Proust, sensible et bien dit. Sara et l’écrivain se comprennent. En jeans troués, en écoutant du rock, en secouant sa belle chevelure blonde, la comédienne confesse avoir cédé à la tentation comme si c’était aussi grave aujourd’hui qu’il y a cent ans.
Sara aime le direct
Elle remercie brièvement les applaudissements à la fin de la représentation. On la devine pressée de retourner travailler en coulisse pour que ce soit encore mieux le lendemain. Sara Forestier est une bosseuse doublée d’une vraie chic fille. Elle aime les compliments, elle déteste les flatteries. Elle joue pour le plaisir de jouer, mais beaucoup, à l’évidence, pour le plaisir des spectateurs. Un tel cadeau, ça ne se refuse pas.
Caroline Andrieu
Ce drôle de texte très écrit et très sensuel prend toute sa puissance sur scène.
Une jeune fille se raconte alors qu’elle est en train de mourir. On voyage dans ses désirs, l’appel de son corps, l’amour fou de sa mère, l’emprise d’une société encore très bourgeoise. Cela commence de façon un peu maniérée pour finir par un vrai cri, une vraie violence. Sara Forestier frôle d’abord la maladresse et on a vraiment peur qu’elle ne s’en sorte pas. Puis, peu à peu, donnant de la chair au texte, elle s’abandonne, se lâche, ose… C’est très fort. Bien dirigée par Patrick Mille, il y a là une comédienne attachante qui ne peut pas laisser indifférent.
Sara Forestier, Proust, les plaisirs, les jours et Mick Jagger...
Au Ciné 13 théâtre que dirigent Salomé Lelouch et Benjamin Bellecour se donne actuellement un spectacle très à part, qui pourra troubler les lecteurs très respectueux de Marcel Proust mais qui, par-delà l'apparente violence faite à l'écriture, par moments, extirpe d'une encre depuis longtemps séchée, des éclats nocturnes fascinants par leur proximité. Une jeune femme, une toute jeune femme (qui a à peu près l'âge qu'avait Proust lorsqu'il composa ce texte bref qu'est La Confession d'une jeune fille, vingt-deux, vingt-trois ans), le porte sur la petite scène du Ciné 13 théâtre. Elle s'engage, elle prend des risques. Elle va loin dans l'expressivité et loin dans la retenue, le silence. C'est Sara Forestier, le pécieux petit joyau de L'Esquive (César du meilleur espoir féminin 2005), excellente la saison dernière pour ses premiers pas en pleine lumière au théâtre dans L'Autre de Florian Zeller.
Sara Forestier s'appuie sur un travail conduit par Patrick Mille, que l'on a connu autrefois chez Florent puis dans la troupe de Francis Huster. Il est devenu quelqu'un d'important dans les programmes courts de Canal +, mais n'a renoncé ni à jouer au théâtre, ni à tourner pour le cinéma. Il signe ici sa première mise en scène.
Ce que ces jeunes gens ont parfaitement compris, c'est la part vénéneuse, plus que jamais vénéneuse qu'il y a dans ce bref et déchirant récit intitulé La Confession d'une jeune fille, nouvelle qui figure dans Les Plaisirs et les jours (édiition de La Pléiade, dans le volume Jean Santeuil). Il y a un décalage terrible entre la "faute" de la narratrice et les moeurs d'aujourd'hui, évidemment. Mais l'intelligence de Patrick Mille et de Sara Forestier fait que la jeunesse du jour pourra se reconnaître dans ce moment aux apparences de "performance", car le sentiment de culpabilité, lui, ne connaît pas d'époque, il est consubstantiel au coeur de l'homme. Proust place son texte sous la lumière de L'Imitation de Jésus-Christ, mais l'éclaire également de citations de Baudelaire, venues des Fleurs du Mal et du Cygne. A un moment, dans la rage et l'exaspération, Sara Forestier écrit à la craie, sur le mur du fond du plateau, anthracite, noir, matière de lave séchée, comme une toile de Anselm Kiefer. Elle écrit : "A quiconque a perdu ce qui ne se retrouve /Jamais...Jamais !" ...C'est Baudelaire mais le spectateur ne le sait pas forcément.
Elle dispose d'une petite chaise. Elle est vêtue d'un pull moulant noir, avec zip. D'un blue jean qui a vécu. Elle est pieds nus. Ses cheveux sont retenus en arrière. Ils sont très longs, très blonds, on le saura. C'est Mélisande avec un faux air de la jeune Brigitte Bardot, jusque dans certaines inflexions, tendres, très articulées et traînantes.
C'est aussi Mick Jagger. Si Proust parle de son amour absolu pour sa mère, si la jeune fille de la Confession est dans le même sentiment, elle est d'aujourd'hui et chante en se tapant les cuisses frénétiquement, comme le leader des Stones dans ses inventions de légende. A un autre moment, elle se moque un peu de Pavarotti, à un autre elle va jusqu'à l'expressionnisme muet et déchirant du Cri de Munch. Elle ose, elle y va, elle donne une énergie très fidèle -même si l'écriture de Proust la contient, l'empêche de déborder, cette violence. Ici, le théâtre choisit de montrer, d'organiser La Crue du texte -et le metteur en scène peut citer Ma Mère de Georges Bataille sans être dans un contresens scandaleux.
En tout cas Sara Forestier est remarquable qui maîtrise toutes les nuances d'un chemin très difficultueux, toutes les expressions d'une âme qui s'exaspère, se cogne, se blesse, a voulu se détruire, va disparaître...Une grande jeune comédienne, ultra sensible et audacieuse.
Un mot revient sans cesse : tristesse. C'est la tristesse de l'adolescent, la tristesse de la séparation, la tristesse du "never more", la tristesse de la chair, hélas, la tristesse de l'être humain qui ne comprend pas ce qu'il fait au monde, la tristesse de la mort, la morbidesse qui saisit la beauté, la jeunesse et la conduit à la mort, à l'anéantissement.
N'en disons pas plus : si vous ne connaissez pas ce texte bouleversant qui tente de cerner comment le poison de la vie conduit à la mort, eros, thanatos, vous serez étonné. C'est Proust. Aujourd'hui. Et tout cela en une heure.
Armelle Héliot, Le Figaro.fr