Élysée2021-2022
la pièce
Toutes les élections présidentielles réservent des surprises.
En mai 1981, François Mitterrand est élu en battant Valéry Giscard d’Estaing.
Une alliance aussi inattendue que surprenante a-t-elle rendu possible
cette victoire sur le fil ?
Plongez dans les coulisses du pouvoir et découvrez la nature des relations subtiles entre Chirac et Mitterrand, oscillant entre rivalité, estime mutuelle et lien presque filial.
Un épisode fort de la Vème République, jusqu’alors inconnu.
note de l’auteur
Qu’est-ce qui fait gagner une élection présidentielle ? Le programme, bien sûr, et la personnalité qui le porte. Mais il y a autre chose : l’air du temps, les mécontentements souterrains, l’apparition de nouvelles revendications, le désir de changement, toutes choses que les politologues expliquent fort bien a posteriori, mais qu’ils sont incapables d’anticiper tant elles relèvent de l’irrationnel.
Il peut y avoir aussi des accidents de campagne : un décès prématuré, l’élimination d’un favori au premier tour, un revirement soudain, un scandale, l’irruption d’un outsider, des tractations secrètes...L’imprévu est un invité qui bouscule souvent les pronostics.
C’est ce qui se passe en 1981. Pour la première fois dans l’histoire de la Ve République, la gauche peut l’emporter. Mais l’issue du combat est incertaine. François Mitterrand et Valéry Giscard d’Estaing, sortis vainqueurs du premier tour, sont au coude à coude. Pour gagner, le candidat socialiste a besoin d’un petit apport de voix supplémentaire. Il va le trouver, de façon inattendue, chez l’un de ses plus coriaces adversaires.
C’est ce que raconte « Elysée ». Une histoire vraie, faite de rencontre clandestine, de connivence, de chausse-trape. Un coup de théâtre qui est un coup de Jarnac. Une histoire d’hommes, qui révèlent, dans des circonstances exceptionnelles, des parts d’ombre et de lumière insoupçonnées.
Dans tout pouvoir, il y a ce qui se voit. Et le plus important : l’invisible. Les vastes mouvements issus des profondeurs...et le dessous des cartes.
Hervé Bentégeat
extraits de presse
Texte brillant, superbes interprétations, du grand Théâtre « politique » et historique.
Figaro Magazine
On pense à Machiavel, mais c’est au Bréviaire des politiciens du cardinal Mazarin que sont empruntées de spirituelles maximes politico-morales d’un déroutant cynisme.
Challenge
Cet épisode fort de la Vème République et pourtant peu connu, est mis en lumière à la perfection par le duo Hervé Bentégeat et Jean-Claude Idée. Une pièce moderne, rythmée et résolument actuelle.
Hello Théâtre
À l’Élysée, à la mairie de Paris ou au domicile de Philippe Dechartre, le spectateur attentif découvre, mi-amusé mi-surpris, une histoire vraie qui dévoile les arcanes du pouvoir. Les trois comédiens sont d’une indéniable authenticité.
Spectacles sélection
d’Hervé Bentégeat
mise en scène Jean-Claude Idée
avec Christophe Barbier, Adrien Melin, Emmanuel Dechartre, Alexandra Ansidei
décor et lumières Jean-Claude Idée
costumes Sonia Bosc
son Michel Winogradoff
vidéo Léonard
un spectacle du Petit Montparnasse
Le Figaro
La dernière pièce d'Hervé Bentégeat plonge dans la politique politicienne. Avec un art aiguisé de la formule.
Il y a deux ans ou trois ans, Jean-Claude Idée mettait en scène Meilleurs Alliés, d'Hervé Bentégeat , une pièce fort bien troussée sur les rapports chaotiques entre de Gaulle et Churchill en juin 1944. Avec Élysée, nous dégringolons de plusieurs étages, puisque l'auteur et le metteur en scène nous présentent un face-à-face entre Mitterrand et Chirac. Il s'agit d'un épisode fort peu connu du grand public : les basses manoeuvres de Mitterrand, en avril 1981, pour grappiller quelques voix décisives au RPR et battre Giscard.
La bonne idée d'Hervé Bentégeat - une idée qui eut pu être savonneuse - est d'avoir construit sa pièce à la manière d'une machine à remonter le temps. Ainsi, la première scène commence par l'annonce de la mort de Mitterrand et nous descendons en rappel jusqu'au 10 mai 1981. Donc, en avril de cette même année, dans l'appartement de Philippe Dechartre - ancien résistant, membre du RPR et ex-secrétaire d’État proche de Mitterrand, donc de Chirac -, se joue une curieuse partie entre le futur président socialiste et le candidat corrézien battu au premier tour. Les deux hommes se reniflent. Un lévrier florentin face à un fox-terrier foufou.
Une touche féminine
Christophe Barbier est Mitterrand, Adrien Melin est Chirac, et Emmanuel Dechartre est Philippe Dechartre, c’est-à-dire qu'il joue le rôle de son père. Il est bien difficile pour un comédien de se glisser dans la peau d'un homme célèbre. Soit il l'imite, et bien souvent il est ridicule, soit il le transcende mais, là, il faut avoir une sacrée personnalité pour faire oublier celui qu'on incarne.
Hervé Bentégeat sait manier le sabre et le fleuret. L'art aiguisé de la formule. Et puis l'auteur a apporté une touche féminine bienvenue en créant Carmen (Alexandra Ansidei), la femme de ménage espagnole de Dechartre, qui rêve de devenir actrice et qui le deviendra. Un brin de fraîcheur dans les lambris faisandés de la République. En 1995, renvoi d'ascenseur : le vieux sphinx fera élire au premier tour Chirac, contre Balladur, et au second, contre Lionel Jospin. L'Élysée, ce reflet du paradis, a un arrière-goût de l'enfer.
Challenge
Ponctuée de maximes, cette pièce approfondit la connivence entre Chirac et Mitterrand. Instructif.
Le pouvoir a une dimension théâtrale qu’Hervé Bentégeat et Jean-Claude Idée savent exploiter. Elysée montre le dessous des cartes de la victoire de François Mitterrand en 1981. Y est révélée - histoire vraie - la part active que Chirac a prise pour faire tomber Valéry Giscard d’Estaing.
La pièce se déroule entre 1981 et 1996, sans suivre le fil chronologique. Elle s’ouvre sur l’annonce par le président Chirac (Adrien Melin) de la mort de son « meilleur ennemi » Mitterrand (joué par le chroniqueur politique Christophe Barbier, qui sert une nouvelle fois ici sa passion pour la scène). Des flash-back restituent la relation ambiguë et secrète qui unissait ces deux monstres politiques (dont le côté « hommes qui aimaient les femmes » n’est pas occulté, grâce à Carmen, interprétée par Alexandra Ansidei) mus par l’ambition personnelle, certes, mais aussi un authentique sens de l’intérêt général et la volonté d’écrire l’histoire. Cheville ouvrière de leur connivence, Philippe Dechartre, gaulliste de gauche, ancien ministre du Général puis de Pompidou, un ami commun joué par son propre fils (Emmanuel Dechartre). La pièce est truffée de bons mots. On pense à Machiavel, mais c’est au Bréviaire des politiciens du cardinal Mazarin que sont empruntées de spirituelles maximes politico-morales d’un déroutant cynisme.
Un spectacle salutaire pour éveiller les consciences en cette période d’élection présidentielle.
Historia
À huis clos, un duo a priori irréconciliable. Eternel clivage droite-gauche, optimisme ou désillusion, énergie ou maladie, idéalisme ou réalisme… Tout semble opposer François Mitterrand et Jacques Chirac, lorsqu’en 81, lorsque le leader du RPR vient d’être éliminé au premier tour des présidentielles, et que Philippe Dechartre le reçoit chez lui... avec le candidat socialiste. L’histoire d’une rencontre finement ciselée sur la scène du Théâtre Montparnasse.
« Le président François Mitterrand est mort ce matin… » Vibrant hommage de Chirac à Mitterrand... Jean-Claude Idée imagine un voyage dans le temps scandé par des coupures de journaux en grand écran, des montages de vidéos d’archives, des extraits radios...
Un adversaire est-il plus fréquentable qu’un rival ? Un ennemi commun peut-il rassembler les deux pôles de l’échiquier politique ? La machine à remonter le temps s’arrête en 1981 : c’est auprès du bouillant Chirac que Mitterrand va chercher un soutien électoral contre Giscard.
Entre les échanges des deux protagonistes, tour à tour tendus, ironiques, désabusés, Dechartre, livre à la main, cite Mazarin – cela s’imposait –, comme voix de la sagesse, remède nécessaire à l’immédiateté des arcanes politiques. Hervé Bentégeat, avec la même subtilité que dans les Meilleurs alliés, livre dans toute leur complexité les deux personnages. Il sait suggérer comment s’instaure peu à peu entre eux un lien quasi-filial, faisant droit à l’irrationnel et à l’invisible qui œuvrent aussi dans toute politique.
On trouve dans le rôle de Dechartre le propre fils de celui-ci, Emmanuel Dechartre. Christophe Barbier et Adrien Melin incarnent Mitterrand et Chirac, faisant leurs le battement de paupières du premier ou les gestes nerveux du second, pour la plus grande joie du spectateur.
Un regard à la fois fin et amusé sur les relations humaines qui sous-tendent les jeux de pouvoir... Un spectacle d’actualité !
La petite revue
Palais de l’Élysée, 8 janvier 1996. Jacques Chirac enregistre une allocution pour annoncer la mort de son prédécesseur. Mal à l’aise, il interrompt son hommage et confie à son ami Philippe Dechartre, ancien ministre de de Gaulle et Pompidou : « Il va me manquer quand même. » Dechartre conclut : « Dans les deux jours qui ont suivi, Chirac est devenu injoignable. (…) Avec Mitterrand, Chirac perdait son meilleur ennemi. »
Remontant le temps, Hervé Bentégeat imagine quelques conversations entre les présidents, dont un savoureux dialogue, en août 1994, où Mitterrand incite Chirac à se présenter contre Édouard Balladur (alors en tête dans les sondages, mais que les deux hommes détestent) et l’entrevue d’entre-deux-tours en 1981, où Chirac accepte que Philippe Dechartre, à l’initiative de la rencontre, appelle les militants du RPR à voter pour le candidat socialiste. Des extraits sonores et audiovisuels accompagnent élégamment ces retours en arrière : attentat du RER B à Saint-Michel (1995), invasion du Koweït (1990), chute du mur de Berlin (1989), mort de Daniel Balavoine (1986), création des Restos du cœur (1985)… toute une époque – récente et lointaine à la fois – resurgit.
Émaillée d’extraits du « Bréviaire des politiciens » de Mazarin, la pièce, plaisante, évite assez habilement les écueils du genre : les citations sont discrètes, les situations plausibles. Christophe Barbier (Mitterrand) et Adrien Melin (Chirac) évoquent leurs personnages sans jamais chercher (heureusement !) à les imiter. À leurs côtés, Emmanuel Dechartre (qui interprète son propre père et fut, semble-t-il, témoin de certains des entretiens) est excellent. Incarnant avec bonhomie ce « gaulliste de gauche », il est un parfait trait d’union entre ces hommes que tout oppose en apparence. Quarante ans après les faits, on replonge avec plaisir dans ces manœuvres pourtant douteuses, que Mitterrand, aux portes du pouvoir, résume joliment : « La trahison en politique n’existe pas, puisqu’on n’a pas d’amis. »
Hello Théâtre
Nous sommes le 10 mai 1981. François Mitterrand est élu Président de la République. Un grand moment d’Histoire dont on parlera très longtemps. Dans Elysée, Hervé Bentégeat nous propose de décortiquer cette victoire et les 15 ans à venir. Et de découvrir la relation ambigüe entre François Mitterrand et Jacques Chirac.
Adversaires et alliés
A quoi doit-on une victoire politique ? Quels sont les rouages du pouvoir ? « Simule. Dissimule. Ne te fie à personne. Dis du bien de tout le monde. » écrivait Mazarin dans son Bréviaire des politiciens. En 1981, alors que Chirac est éliminé du premier tour et que Giscard est crédité d’un pourcentage élevé d’intentions de vote, une rencontre va tout faire basculer. Chirac va rejoindre Mitterrand en catimini chez Philippe Dechartre (ancien ministre du général De Gaulle). C’est à cette rencontre improbable que nous amène la pièce d’Hervé Bentégeat, une soirée qui va faire basculer les intentions de vote et amener au résultat que nous connaissons tous aujourd’hui. C’est aussi l’histoire d’une relation entre deux hommes que les idées opposent, mais qui se respectent et s’apprécient. Chirac et Mitterrand sont deux adversaires mais aussi deux alliés.
Immersion dans le passé
Il n’y a aucune fausse note dans Elysée. La pièce aurait pu prendre la tournure d’un documentaire poussiéreux, et c’est pourtant une vraie réussite. Par sa distribution d’abord : Christophe Barbier est pertinent en Mitterrand, Adrien Melin est transformé dans le rôle de Chirac dans ses jeunes années. Notons aussi la justesse d’Emmanuel Dechartre dans le rôle de son propre père Philippe Dechartre. L’exercice n’était pas simple, il est pourtant mené à la perfection. Enfin, Alexandra Ansidei, dans le rôle de Carmen la « bonne », nous rappelle à cette époque et au rapport de domination homme-femme, aujourd’hui si impensable. On est transporté également par la mise en scène de Jean-Claude Idée : de 1995 à 1981, les épisodes se déroulent sous nos yeux avec un rythme proche de celui d’un clip de campagne. L’utilisation des images comme des lieux de mémoire, de vieilles coupures de journaux et d’archives radiophoniques, activent chez le spectateur un sentiment d’immersion dans le passé.
Cet épisode fort de la Vème République et pourtant peu connu, est mis en lumière à la perfection par le duo Hervé Bentégeat et Jean-Claude Idée. Une pièce moderne, rythmée et résolument actuelle.
Spectacles sélection
8 janvier 1996. Le moment est paradoxalement difficile pour Jacques Chirac lorsqu’il annonce, dans une brève allocution, le décès de François Mitterrand. À ce moment-là, une question le taraude. Il la pose à Philippe Dechartre, gaulliste de gauche puis député UDR, plusieurs fois secrétaire d’état, résistant et ami de François Mitterrand depuis la Seconde Guerre Mondiale : « Pourquoi m’a-t-il poussé à me présenter une troisième fois ? ». La réponse fuse : « Pour faire la nique à Jospin » !
Si à cette époque, Jacques Chirac a une idée précise de la culture et de la redoutable intelligence de son adversaire de toujours, il semble ne pas avoir tout à fait mesuré les forces qui ont fait de lui quelqu’un d’imprévisible, forces qui l’ont maintenu si longtemps au sommet : l’opportunisme, la dissimulation, le mensonge, et l’inclination à la trahison. Il lui avait pourtant confié en 1981 : « la trahison en politique, cela n’existe pas puisqu’on n’a pas d’amis ».
Jacques Chirac remémore alors la passation de pouvoir en mai 1995. François Mitterrand lui avait résumé l’avantage d’être le Président de la République : la fierté de représenter la France, la satisfaction de prendre une décision contraire à l’opposition et la réalisation de quelque chose d’utile à long terme. Le président sortant lui avait également brossé un tableau lucide du pouvoir : le choix essentiel de ceux qui l’entourent, la conviction que tout se joue à l’échelle mondiale et que ce sera de plus en plus vrai. Pour le reste, aucune illusion à se faire, le président est détesté, voire haï, et ne résiste à aucune catastrophe.
Le ton de la pièce est donné au rythme des retours en arrière. Mai 1995 puis août 1994 lorsque François Mitterrand vient le rencontrer secrètement à la Mairie de Paris pour le pousser à se présenter. Face aux doutes de Philippe Dechartre sur les chances du Maire de Paris d’être élu, il avait rétorqué : « La chance, cela se provoque ». Viennent ensuite l’entrevue organisée suite au débat entre les deux tours le 28 avril 1988, puis celle, stupéfiante, du 30 avril 1981, à l’issue du premier tour. Tous ces moments marquent combien la décision de l’électeur ne lui appartient pas tout à fait. Le locataire de l’Élysée est certes élu au suffrage universel mais derrière cette élection se nichent maintes tractations secrètes. Et puis, comme François Mitterrand l’avait lui-même constaté, le désistement de dernière minute d’un candidat, l’arrivée totalement inattendue d’un autre, presqu’inconnu, une épidémie, tout cela influence…
À l’Élysée, à la mairie de Paris ou au domicile de Philippe Dechartre, le spectateur attentif découvre, mi-amusé mi-surpris, une histoire vraie qui dévoile les arcanes du pouvoir. Les trois comédiens sont d’une indéniable authenticité.