Agathe RoyaleSaison 2025-2026
Coup de cœur. Grandiose en monstre sacré, Catherine Jacob fusionne avec le rôle, distribuant à l’envi ses sourires « mouillés ». Consciente au fond de sa popularité, « ils sont venus pour moi ». C’est vrai.
Le Figaro
À coup de réparties bien senties, Catherine Jacob fait des merveilles, malicieuse quand il le faut, haussant les sourcils comme une Diva québécoise, baissant la garde face à un Brice Hillairet qui aurait l’âge d’être son fils.
Paris Match
Merveilleuse interprète, Catherine Jacob partage le plateau de la belle salle dite « de la coupole » avec un jeune comédien formidable, Brice Hillairet. Le metteur en scène Christophe Lidon orchestre ce dialogue, en s’appuyant notamment sur des séquences filmées, qui étoffent le texte sans jamais alourdir la représentation. Un travail fin et soigné qui, dès le premier jour, a conquis le public.
Le journal d’Armelle Héliot
L’auteur Jean-Benoît Patricot et le metteur en scène Christophe Lidon aiment le théâtre et les actrices. Avec Agathe Royale, ils rendent hommage aux grandes comédiennes qui font vibrer les planches et nos cœurs, et offrent à Catherine Jacob un rôle à la mesure de son talent. Un bijou !
L’Œil d’Olivier
Une pièce finement écrite, subtilement mise en vie et magnifiquement jouée. Rien d’étonnant dans cette chaleureuse ovation debout aux saluts. Un très beau spectacle et une très belle prestation à ne surtout pas manquer !
Spectatif
note du metteur en scène
Toute représentation théâtrale est unique et celle-ci sera exceptionnelle ! Avec Agathe Royale, grande diva du théâtre, rien ne se passe comme on l’attend. Ce soir, la coupe est pleine, et c’est sans filtre et avec un humour décapant que la célèbre comédienne va nous dévoiler la face cachée de son monde. Mais, portée par les blessures et les déceptions, l’émotion est là, aussi… Comment quitter sans douleur ce que l’on a adoré ? Peut-être en passant le relais à son jeune partenaire, Quentin (Brice Hillairet), qui va, grâce à elle, déployer ses ailes. La voici qui démolit le fameux «quatrième mur», celui qui la séparait jusqu’ici de la vie réelle… la nôtre. Hilarante et implacable, Catherine Jacob trouve en Agathe un rôle à la mesure de son talent et de son énergie.
Christophe Lidon
mise en scène Christophe Lidon
avec Catherine Jacob
et Brice Hillairet
costumes Chouchane Abello Tcherpachian
musique Cyril Giroux
lumière Cyril Manetta
images Léonard
assistante mise en scène Valentine Galey
production François Volard Acte 2
Création CADO Orléans Centre national de création Orléans - Loiret
Le Figaro
Nos coups de cœur au festival d’Avignon
Parmi plus de mille deux cents spectacles proposés se cachent des pépites :
Agathe Royale de Jean-Benoît Patricot mise en scène Christophe Lidon avec Catherine Jacob et Brice Hillairet.
Dans Agathe royale , la pièce ciselée de Jean-Benoît Patricot au théâtre des Gémeaux, la comédienne incarne une... comédienne renommée dans la mise en scène de son complice Christophe Lidon. Dos tourné au public, elle incarne Médée et s'adresse à son fils Médos, mais à peine commencée la représentation s'interrompt (formidable Brice Hillairet). Une sonnerie de téléphone brise la magie. Sous la robe majestueuse de l'héroïne tragique, Agathe Royale s'interroge alors à son tour sur l'art dramatique auprès de son jeune partenaire prometteur. Comme Sarah Bernhardt, Agathe Royale joue le jeu, s'adresse à ses ouailles. Encouragée par Quentin, elle joue la scène du Petit chat et confesse sa lassitude. Grandiose en monstre sacré, Catherine Jacob fusionne avec le rôle, distribuant à l'envi ses sourires « mouillés ». Consciente au fond de sa popularité, « ils sont venus pour moi ». C'est vrai.
Paris Match
« Agathe Royale », partition en or pour Catherine Jacob
Quand le rideau se lève, Agathe Royale attaque une scène d’une tragédie grecque dans un décor rococo et ronflant. Musique triomphante, costumes ridicules, Agathe se lance dans un monologue. Avant d’être interrompue. Voilà, on l’a perdu, déconcentrée, elle la tragédienne qui a plus de 50 ans de carrière ! Agathe s’emporte, engueule les spectateurs et laisse son partenaire dans l’embarras. Faut-il reprendre la pièce ? Avec Catherine Jacob dans le rôle d’Agathe, voilà la comédie qui enchante déjà Avignon.
Mais « Agathe Royale » n’est pas que drôle, puisque l’auteur, Jean-Benoit Patricot glisse ici de jolies réflexions sur le théâtre avant de tisser le portrait d’une actrice qui, malgré les honneurs et les succès, n’est pas la plus heureuses des femmes. À coup de réparties bien senties, Catherine Jacob fait des merveilles, malicieuse quand il le faut, haussant les sourcils comme une Diva québécoise, baissant la garde face à un Brice Hillairet qui aurait l’âge d’être son fils.
Christophe Lidon à la mise en scène se joue des caprices de stars et propose à Catherine Jacob une mise en abyme vertigineuse, réflexion sur son propre travail, sa propre reconnaissance. Le tout avec une légèreté bienvenue dans un festival qui regorge de propositions sur la déliquescence du monde.
L’Œil d’Olivier
Catherine Jacob sublime Agathe Royale
L’auteur Jean-Benoît Patricot et le metteur en scène Christophe Lidon aiment le théâtre et les actrices. Avec Agathe Royale, ils rendent hommage aux grandes comédiennes qui font vibrer les planches et nos cœurs, et offrent à Catherine Jacob un rôle à la mesure de son talent. Un bijou !
Nous avions découvert avec émerveillement Agathe Royale au Cado, le Centre national de création d’Orléans que Christophe Lidon dirige depuis huit ans. Ce spectacle clôturait la saison 22-23. Avec pour sujet le théâtre et, pour reprendre le titre de la biographie de Jean-Pierre Miquel, Ces animaux étranges que sont les actrices et acteurs, cette pièce trouvera toute sa place au Festival Off d’Avignon, dans cet instant magique où tous les amoureux de l’art dramatique convergent vers la cité des Papes transformée en cité du théâtre.
Une diva haut en couleur
Qui est Agathe Royale ? Une prima donna, une « légende vivante, de toutes les grandes scènes des théâtres parisiens et du subventionné... » Ce soir, elle sera Médée. Pas celle des classiques, mais celle d’un auteur-metteur en scène contemporain ! Comme il
faut faire du moderne, le spectacle démarre par une vidéo, tournée en direct, où l’on voit la vedette se préparer dans la loge. L’idée étant que cette caméra ne la lâche jamais durante toute la pièce. Un procédé très prisé qui fera dire à la comédienne, dans un accès d’agacement, « on n’est pas à la télé ! ».
La vedette entre enfin sur scène, perruque blanche toute frisée, dans un costume de reine magnifique... suivie de près par celui qui joue son fils Médos, vêtu d’un exomide, une tunique courte avec une épaule dégagée. Ils enchaînent les répliques d’un texte qui semble tout de suite « bien bavard ». Une petite série d’accidents, comme il en arrive tant au théâtre (retardataire bruyant, toux intempestives, papiers de bonbons et, le pire de tout, sonnerie de téléphone), va perturber la concentration de la comédienne, jusqu’à lui en faire perdre le fil de son texte. La coupe est pleine, c’est terminé : elle ne jouera pas !
La grande Catherine
Au lieu d’entendre la pièce, les spectateurs auront le droit à une
sorte de confession intime dans laquelle la prima donna va dévoiler les faces cachées de son monde intérieur. Devant la panique de son compagnon de jeu, elle se fait rassurante à sa manière : « T’occupe pas des spectateurs, ils ne sont là ni pour toi, ni pour cette nouvelle version de Médée. Ils sont là pour moi ! » Jean-Benoît Patricot, auteur entre autres de Pompier(s), de Darius et de L’Aquoiboniste, nous sert alors une belle œuvre sur le métier d’actrice et d’acteur. L’une est au fait de sa gloire, l’autre à ses balbutiements. En imaginant ce personnage que Cocteau qualifierait sans soucis de « monstre sacré », et Dubillard de « sacré monstre », il trace le portrait d’une artiste grandiose qui cache des fêlures de femmes bouleversantes. On n’arrive pas à ce niveau sans concessions avec la vie !
Ce rôle sied à merveille à Catherine Jacob. Comme dans Madame, le monologue de Rémi De Vos, en belle orfèvre, la comédienne irradie dans ce texte qui semble écrit sur mesure pour elle. Sans jamais tirer le trait, elle laisse les émotions envahir le plateau lorsqu’il le faut, le rire quand il est nécessaire. On retrouve en elle toutes ses grandes Mademoiselle du théâtre qui ont inspiré l’auteur : Maillan, Feuillère, Casarès, Gense... Sur le plateau, on sent aussi qu’il existe entre elle et Christophe Lidon une belle complicité, et cela depuis Le fil à la patte. La comédienne est ici au sommet de son art. Comme son personnage, elle possède « le fameux sourire mouillé » qui n’est autre qu’« une façon de sourire dans les larmes ».
La toge lui va si bien
L’épatant Brice Hillairet donne une belle naïveté au jeune comédien trop heureux de jouer avec celle qui, sans le savoir, l’a toujours guidé dans sa vie. Le garçon est un fan : il connaît tout d’elle, jusqu’à faire un transfert affectif sur son icône. Ce petit Puck malicieux a plus d’un tour dans son sac pour amener la diva dans ses retranchements et tenter de lui rendre le goût de jouer. Ensemble, ils vont interpréter les répliques de la vie, mais également des textes de Molière (L’école des femmes), de Racine (Phèdre), évoquer le fameux Paradoxe du Comédien de Diderot, et ainsi retracer l’histoire du théâtre. Leur duo fonctionne parfaitement.
La mise en scène de Christophe Lidon est un petit chef-d’œuvre. De la direction d’acteur à la scénographie, tout y est soigné et beau. Rien n’est laissé au hasard, dans les ruptures comme dans les déplacements. Avec lui, le théâtre dans le théâtre prend sens, comme c’était le cas dans son excellent spectacle Dom Juan – Répétition en cours. Il nous offre ainsi un grand moment de bonheur, comme on les aime.
Le journal d'Armelle
Autre merveilleuse interprète, Catherine Jacob partage le plateau de la belle salle dite « de la coupole » avec un jeune comédien formidable, Brice Hillairet. La pièce, écrite par Jean-Benoît Patricot, saisit deux acteurs en pleine représentation. Mais ce jour-là, la célèbre tragédienne n’en peut plus. Elle craque en direct. Malgré l’aide de son partenaire, elle refuse de continuer. On bascule alors dans les confidences d’une femme paumée que rien ne semble pouvoir rassurer. Soudain la vanité de son métier lui apparaît et on devine que cet incident va se transformer, peut-être, en renoncement définitif. Avec son visage classique qu’éclaire une haute perruque blanche, la précision de sa voix, de ses regards, de ses expressions, Catherine Jacob est bien une reine. Mais Brice Hillairet est lui aussi formidable. Il possède un charme, une grâce, une présence très puissante, mais sans aucune agressivité. Il est doux, léger, malicieux comme un elfe shakespearien. Le metteur en scène Christophe Lidon orchestre ce dialogue, en s’appuyant notamment sur des séquences filmées, qui étoffent le texte sans jamais alourdir la représentation. Un travail fin et soigné qui, dès le premier jour, a conquis le public.
Passion Théâtre
L'histoire : Avec Agathe Royale, grande diva du Théâtre, rien ne se passe comme on l'attend. Ce soir, la coupe est pleine, et c'est sans filtre et avec un humour décapant que la célèbre comédienne va vous dévoiler la face cachée de son monde.
Mais portée par les blessures et les déceptions, l'émotion est là, aussi... Comment quitter sans douleur ce que l'on a adoré ? La voici qui démolit le fameux "quatrième mur", celui qui la séparait de la vie réelle... La vôtre.
Mais quelle belle surprise!
Le début nous étonne mais pour vous garder la surprise intacte je ne vous dirai rien. Un très beau face à face entre une actrice qui a été très célèbre mais qui ne l’est plus et un jeune comédien qui a suivi toute sa carrière en secret. Chacun a ses blessures et ce soir ils tombent les masques.
Dans un décor relativement simple, les deux comédiens sont sublimes, on s’attache, ont rit, on est émus.
Une très bonne pièce où l’on passe tous un agréable moment.
Web théâtre
Une évocation magistrale du théâtre.
Les rideaux s’ouvrent sur un décor où dominent le rouge et le noir. Nous sommes en Grèce. Côté cour, se tient Médée, Agathe Royale, dans une posture altière et drapée dans un long manteau rouge et or qui nous fait penser aux tragédiennes du passé. Cette première impression est confortée par le costume quelque peu daté de son fils Médos, vêtu d’une jupette rouge, d’une cuirasse et de jambières. Par leur côté un peu kitsch, les costumes de Chouchane Abello-Tcherpachian soulignent bien que nous sommes au théâtre pour assister à une tragédie. Les premières répliques sont prononcées quand un téléphone portable sonne à deux reprises... C’en est trop pour la diva ! Elle s’interrompt et invective le spectateur irrespectueux. Le quatrième mur est tombé et Agathe Royale, plus cabotine que jamais, s’adresse directement au public, lui sourit et affirme : « ils sont venus pour moi ». La pièce de Jean-Benoît Patricot joue subtilement avec les conventions théâtrales. Le public dans la salle se sent impliqué mais il doit garder à l’esprit que sur la scène ce sont deux personnages qui évoluent et parlent de théâtre avec simplicité et tendresse, dans des échanges rapides souvent très drôles.
Agathe Royale, en grande diva, ne se prive pas de remarques cinglantes et amusantes. Elle dénonce la superstition du metteur en scène qui préfère ne pas assister à la deuxième représentation. Elle s’emporte contre le texte trop verbeux à son goût et s’exclame : « Le silence quel régal ! » Elle évoque aussi le métier de comédienne et affirme la nécessité d’avoir de l’expérience pour certains rôles, en particulier celui de Phèdre. Catherine Jacob est absolument formidable dans ce rôle, elle joue sur tous les registres avec finesse et enchaîne les remarques caustiques, drôles ou tendres avec une fluidité remarquable. Brice Hillairet interprète son jeune partenaire qui tente désespérément de la convaincre de reprendre la pièce. Il exprime avec conviction son amour du théâtre et son admiration pour Agathe Royale. Peu à peu une tendre complicité s’installe. Catherine Jacob et Brice Hillairet forment un duo complémentaire réussi.
Agathe Royale est une réflexion subtile sur le théâtre grâce aux talents de Brice Hillairet, sensible, délicat et passionné de théâtre et de Catherine Jacob magistrale dans ce rôle de diva capricieuse, désabusée et finalement très seule. Un bel hommage à la magie de l’illusion dramatique mené avec brio, finesse et humour.
Foud'Art
...Lorsque le théâtre dépasse toutes les attentes.
Au cœur de la chaleur estivale d'Avignon, une pièce de théâtre apporte une bouffée de fraîcheur et d'originalité : "Agathe Royale". Catherine Jacob, talentueuse actrice, incarne brillamment le rôle d'Agathe, une grande diva du théâtre. Brice Hillairet, dans le rôle de Quentin, son partenaire, livre une performance sensible en tant que jeune comédien débutant.
« Chaque représentation théâtrale est unique, mais celle-ci se démarquera de toutes les autres. » Agathe Royale, une éminente diva du théâtre, se retrouve ce soir face à une série d'imprévus ! Sans filtre et avec un humour cinglant, cette célèbre comédienne dévoilera la face cachée de son monde. Cependant, derrière cette façade comique, se cachent les blessures et les déceptions qui ont marqué sa carrière. Comment abandonner ce que l'on a tant aimé sans souffrir ?
Agathe Royale est une pièce au comique décapant qui offre une plongée émouvante dans l'univers intérieur d'une star du théâtre, abolissant la frontière entre sa vie et la nôtre.
Catherine Jacob livre une performance époustouflante dans le rôle d'Agathe. Son talent et son énergie se conjuguent parfaitement avec le personnage de cette diva excentrique. Parallèlement, Brice Hillairet (le merveilleux interprète d'Hedwig and the Angry Inch) apporte toute sa sensibilité pour incarner Quentin.
Mais Agathe Royale ne se limite pas à son aspect comique. L'auteur, Jean-Benoît Patricot, propose de belles réflexions sur le théâtre et dresse le portrait d'une actrice complexe, en dépit de sa renommée et de ses succès. Les répliques soigneusement travaillées de Catherine Jacob oscillent entre malice et vulnérabilité, rendant hommage aux grandes comédiennes qui ont marqué l'histoire des planches.
L'auteur exploite habilement les caprices des stars pour offrir à Catherine Jacob une mise en abyme vertigineuse qui interroge le sens de son propre travail et sa reconnaissance en tant qu'actrice.
Dans un festival regorgeant de propositions, Agathe Royale apporte une légèreté bienvenue. Cette pièce théâtrale est un véritable bijou qui séduit par son authenticité et son originalité. Elle rappelle avec force que le théâtre a le pouvoir de dépasser les attentes et de toucher l'âme du public. Avec des acteurs aussi talentueux que Catherine Jacob et Brice Hillairet, et une mise en scène soignée de Christophe Lidon, Agathe Royale est un chef-d'œuvre à ne surtout pas manquer.
Spectatif
Jean-Benoît Patricot signe ici un texte délicat et truculent à la fois. Un magnifique hommage au théâtre qui ne se prive pas de bousculer son image par moult sourires espiègles, des faux semblants hilarants aux tournures burlesques et des fulgurances quasi poétiques. Sans jamais toutefois éteindre la flamme de la veilleuse ni les feux qui illuminent chaque spectacle. Et nous, d’en rire bien sûr mais pas que...
« Avec Agathe Royale, grande diva du Théâtre, rien ne se passe comme on l’attend. Ce soir, la coupe est pleine, et c’est sans filtre et avec un humour décapant que la célèbre comédienne va nous dévoiler la face cachée de son monde. Mais portée par les blessures et les déceptions, l’émotion est là, aussi... Comment quitter sans douleur ce que l’on a adoré ? La voici qui démolit le fameux "quatrième mur", celui qui la séparait de la vie réelle... La nôtre »
L’écriture de Patricot est habile, nous le savons. De pièce en pièce, il sait nous ballotter dans des lieux aux émotions diverses, là où la fiction rejoint la réalité dans nos imaginaires. Ici, il vient nous surprendre d'entrée par un fabuleux jeu "dedans-dehors" que je vous laisse le plaisir de découvrir. Une audace folle et réussie !
L’illusion et le dévoilement se croisent et ne s’atteignent pas. Agathe Royale est toutes les comédiennes que nous avons vues, que nous verrons encore et celles dont nous ne soupçonnons sans doute pas encore l’existence mais qui sont pourtant si proches de nos rêves éveillés composés de leurs vies sans masques, des hallucinations identificatrices de nos désirs enfouis. Son univers est celui des ou du Théâtre. Ce lieu où le sublime nous fait si souvent goûter au plaisir des mots et des images. Là où les rires et les larmes ne sont jamais loin de nos sensations.
La mise en scène deChristophe Lidon est d’une précision remarquable. Des déplacements des personnages au rythme des répliques en passant par les ambiances visuelles et sonores mises en place, rien n’est laissé de côté ou à la merci de Saint- Genest, le grand patron des comédiens. Du travail d’orfèvre, efficace et simple. Une évidence.
Catherine Jacob incarne avec aisance, souplesse et malice ce personnage hors du temps, hors des normes et pourtant si vrai. Son interprétation est magistrale. Brice Hillairet donne au rôle du partenaire un contrepied d’Auguste qui complète avec merveille ce duo détonant. Elle et il sèment l’émotion tout le long, passant du rire à l’émoi avec une fluidité exemplaire. Peut-être que les dieux du théâtre les touchent avant chaque représentation. Autrement sinon, c’est que ces deux-là sont très forts.
Un spectacle comme une formidable ode au théâtre pas trop sérieuse mais quand même, et surtout émouvante et drôle. Une pièce finement écrite, subtilement mise en vie et magnifiquement jouée. Rien d'étonnant dans cette chaleureuse ovation debout aux saluts. Un très beau spectacle et une très belle prestation à ne surtout pas manquer !
Tatouvu
Jean-Benoit Patricot signe avec « Agathe Royale » un rôle à la dé-mesure de Catherine Jacob qui, à l'instar des divas de la scène ou du cinéma (A quand un biopic sur Bette Davis avec elle ?) joue avec brio l'extravagance comme la fragilité. Quand La Jacob - comme on disait jadis La Dietrich ou La Garbo - arrive en Avignon, le pont tremble. Catherine ? Elle a tout d'une grande !
Dans un décor à l'esthétisme poussé, où les passages vidéo alternent avec les scènes jouées sur le plateau, elle joue Médée l'infanticide face à Quentin, un comédien débutant qu'elle subjugue - sans le savoir - depuis longtemps, dont elle est peut-être même à l'origine de sa passion pour le théâtre. Elle est à l'acmé de sa gloire, lui à ses premiers balbutiements. On a soigné la mise de la prima donna (perruque blanche, costume somptueux), elle est le superflu face à l'essentiel (lui est simplement vêtu d'une tunique et a l'épaule dégagée), elle débite un texte classique avec peu d'enthousiasme, se contentant de « faire le job ». Aussi, quand les premières pollutions sonores surgissent (sonneries de téléphones portables, toux répétées...) elle perd concentration et... patience et décide pour de bon de raccrocher les gants, laissant sur le ring un Quentin médusé.
Sur le principe bien connu du « théâtre dans le théâtre », la pièce bascule alors dans une télé-réalité façon « Confessions intimes » où la grande Catherine déroule comme un bréviaire sa vision du métier, ses certitudes - « les gens viennent avant tout pour moi et pas pour cette nouvelle version de Médée » -, son érotomanie comme son penchant pour l'alcool. Autant garce que responsable, autant féministe que « tradi », elle qui n'a jamais voulu d'enfant s'amuse du transfert qu'opère sur elle le jeune comédien, allant jusqu'à reprendre avec lui des bribes de scènes du répertoire, échanger des confidences. Tantôt odieuse, tantôt aimante, elle joue à la fois l'ironie mordante, le fiel et la bienveillance. En toute sincérité. Le duo fonctionne à merveille, on s'amuse, on rit beaucoup, on s'instruit et c'est toute l'histoire du théâtre qui se déroule devant nos yeux. La candeur du débutant émeut « l'ogresse au grand cœur », avec lui elle accepte de fendre l'armure, constatant d'ailleurs que le gamin est plus malin qu'elle ne l'imaginait. En tirant sa révérence, elle laisse place à la jeunesse avec cette impression d'avoir tout donné. On connaissait la puissance comique de La Jacob, elle est tout aussi bouleversante dans l'émotion, elle maîtrise tout, est impeccable de bout en bout, comme Brice Hillairet, encensé maintes fois dans nos colonnes et récompensé il y a peu dans « Hedwig and the Angry Inch » aux Trophées de la Comédie Musicale. Il est on ne peut plus convaincant et précis face à ce monstre sacré qui, par ses variations de jeu, en feraient vaciller ou « s'évanouir » plus d'un.
Ajoutez au sur-mesure de Jean-Benoit Patricot , à cette réflexion poussée sur le théâtre, le travail des comédiens, le talent et la complicité d'un metteur en scène - Christophe Lidon - qui toujours nous régale et sait mettre en valeur la complexité des acteurs et les sublimer et vous avez là quatre atouts qui s'abattent dans le jeu gagnant d' « Agathe Royale ».
Pour Catherine Jacob, cette « Agathe Royale », tulipe d'exception, fait d'elle ...après celle de Russie, notre « Grande Catherine » !
Culture Tops
Royale, elle l’est dans ce texte écrit à sa mesure ou à sa démesure selon ce que vous voudrez.
Catherine Jacob promène allègrement son personnage entre excès et franchise abrupte, en incarnant cette reine du théâtre un peu désabusée et usée par des codes dont elle ne veut plus subir le dictat.
Partir avant qu’on vous oublie, accepter la gloire de l’éphémère pour appréhender une seconde vie plus près de sa nature.
Comment l’artiste vit-il cette existence de papillon capté un temps par la lumière ?
Jusqu’où peut-il goûter au chant des sirènes de la célébrité ?
Accompagné du délicieux Brice Hillairet pour partenaire, ce couple provisoire à la scène, engendré par une fascination, va peu à peu feuilleter le livre d’or du théâtre pour entrouvrir au public le rideau de scène et la lumière des coulisses de cet art de l’illusion. Jean-Benoît Patricot tout en ironie et en tendresse se fait guide de ce monde clair-obscur de la scène sous la patte d’un Christophe Lidon élégant dans sa mise en scène et la sobriété de sa direction de comédiens. « Le théâtre vous ne savez pas ce que c’est ? » ...
Venez le découvrir.
Froggy's Delight
Agathe Royale est une tragédienne qui n'est plus au faîte de sa gloire. Pour la seconde représentation dans laquelle elle joue Médée, rien ne se passe comme prévu. Et par-dessus le marché, le metteur en scène n'est pas là. La grande vedette en profite alors pour s'adresser à la salle.
Sous des allures de comédie, la pièce habilement ficelée par Jean-Benoît Patricot raconte beaucoup de choses sur le théâtre. Évoquant tour à tour Molière, Diderot, Shakespeare ou Racine, la tragédienne fait le bilan de ses années sur les planches.
La confrontation entre la diva blasée et le jeune comédien fougueux, nerveux à l'idée de partager la scène avec la grande dame du théâtre, rend ce duo passionnant et offre une rencontre toute en intimité.
Catherine Jacob trouve dans "Agathe Royale" un rôle écrit sur mesure pour son humour ravageur. Sa gouaille et sa décontraction font mouche dans les dialogues ciselés de Jean-Benoît Patricot. C'est un régal. Brice Hillairet est parfait également.
Tous deux offrent sous la houlette de Christophe Lidon un beau moment oscillant entre comédie et drame ainsi qu'un hommage vibrant à la scène et au métier d'acteur.