Le Jour où Nina Simone a cessé de chanter2007 - 2008
Cette femme est là parce qu’elle a vraiment quelque chose à dire. C’est sa vie qu’elle vient raconter, une vie à la liberté démente (...)
Brigitte Salino, Le Monde
Elle s'appelle Darina Al Joundi cette jeune femme libanaise ; elle nous parle avec ses yeux de braise et son corps de déesse pour mieux expulser le mal. Elle nous transperce ; c'est du théâtre consolation, c'est du théâtre révélation...
Laure Adler, France Info
Elle a trouvé la force de transformer sa douleur en un spectacle poignant et souvent drôle, grace auquel elle peut mettre sa souffrance à distance.
Bruno Bouvet, La Croix
Enfant de toutes les guerres du Liban, Darina al Joundi a brûlé son enfance et sa jeunesse à Beyrouth, ville de tous les excès qui abuse de la mort comme de l'amour. Ville aussi de toutes les illusions, derrière ses façades réelles de liberté, de révolte, de fêtes et de beuveries, se cache une société conservatrice à l'affût du moindre écart de chaque individu.
Beyrouth est une ville de l'exhibition où l'on ne survit que si l'on se dérobe au regard des autres. Darina a traversé, à son corps défendant, les nuits de Beyrouth, elle a vécu de près et dans sa propre chair l'exclusion dont peut faire preuve cette société conservatrice et féodale qui n'hésite pas à exclure et à bannir quiconque enfreint l'espace du religieux. Surtout quand la liberté est prise par une femme, sachant que la femme reste une langue étrangère dans le monde arabe. Au Liban, on peut s'affranchir de tout sauf de Dieu. Darina al Joundi a fait cette expérience des limites. Elle en ressort, brûlée mais libre, avec ce texte de feu et de folie.
Mohamed Kacimi
De : Darina Al Joundi
avec la complicité de Mohamed Kacimi
Mise en scène - scénographie : Alain Timar
Lumière et son : Hugues Lechevrel
Costumes : Marie Hellène Bouvet
Un spectacle de Noun Cie et le Théâtre des Halles à Avignon
Présentation du spectacle
Le soir des funérailles de son père, Noun coupe le son des psalmodies du Coran qui accompagnent obligatoirement cette cérémonie. L'acte provoque un grand scandale dans sa famille. Noun décide de s'enfermer à double tour avec son père pour lui dire ce qu'elle a sur le coeur, lui rappeler toutes les leçons de libertés qu'il lui a donné.
Noun est libre face à la mort, mais une simple porte la sépare d'un monde hostile. Au fil des évocations, Noun quitte le paradis perdu de son adolescence, de ses révoltes pour se confronter à la fin à un monde, à une société qui interdit à la femme l'exercice de la parole, du rêve et de la révolte.
Galerie photos
Cette femme est là parce qu’elle a vraiment quelque chose à dire. C’est sa vie qu’elle vient raconter, une vie à la liberté démente (...) Heureusement que les murs de la chapelle Sainte-Claire sont désacralisés. Ils trembleraient devant l’impété impitoyable du récit de Darina Al-Joundi, projetée dans la vie et dans la guerre avec la même sauvagerie (...) son récit a coulé d’elle comme un fleuve en crue. L’écrivain Mohamed Kacimi l’a aidé à contenir ses mots, rythmés par unechanson de Nina Simone, “Sinnerman”. Une chanson obsédante comme le désir de vie d’une femme, Darina Al-Joundi.
Brigitte Salino
Une jeune Libanaise prépare les funérailles de son père, un intellectuel de gauche laïc militant, qui refuse le Coran et lui préfère Nina Simone. Darina Al-Joundi, auteur et interprète, transforme le parcours chaotique de sa propre vie dans le Liban en guerre des années 70 en un spectacle jubilatoire, captivant et intense. En évoquant les séjours de son père dans les prisons de Damas ou de Bagdad, elle rend hommage à sa liberté d'esprit, malgré les dommages que celle-ci provoque dans un contexte d'hyperviolence et d'hystérie généralisées. Elle revisite la folle histoire du Moyen-Orient dans les trente dernières années du XXe siècle et s'affirme en femme libre. La comédienne, sans aucun pathos malgré les blessures nombreuses, réagit par l'énergie et l'humour. Avec Alain Timar, le metteur en scène, elle signe là un spectacle brûlant et très salutaire.
Sylviane Bernard-Gresh - 14/12/2011
Il y a des titres qui interpellent plus que d'autres. Celui-ci intrigue. Et vous auriez tort de ne pas succomber à la curiosité d'aller découvrir ce qui se cache derrière. Puisqu'on a la réponse dès les premières minutes du spectacle, on ne brisera guère de mystère en vous annonçant que le jour où Nina Simone a cessé de chanter correspond, en fait, au jour de l'enterrement du père adoré de l'auteure et interprète libanaise Darina Al Joundi. Au moment précis où elle appuie sur le magnétophone diffusant des sourates du Coran pour passer du jazz, conformément à la volonté du défunt farouchement laïc, la jeune femme s'attire les foudres des membres de la famille qui voient là un sacrilège. Après l'avoir chassée, ils finiront par la faire interner, histoire de la calmer et l'obliger à rentrer dans le rang. Le récit qu'elle nous offre ici est la confession qu'elle adresse à son père sur son lit de mort. Une dernière histoire, celle de sa vie, avant le grand voyage… Avec l'aide de Mohamed Kacimi à l'écriture, Darina Al Joundi raconte la guerre civile, les conflits religieux, le sexisme, la violence, les deuils, la terreur. Elle dit aussi la folie des nuits : la drogue, l'alcool, le sexe, tous ces excès jusqu'au jeu absurde de la roulette russe pour se sauver de la peur et exprimer une liberté. Cette liberté dont elle prendra le côté illusoire en pleine face, le jour de la mort de son père… La mise en scène minimaliste d'Alain Timar fait la part belle au texte, à sa crudité, son alternance entre humour et drame sans hiérarchie ni autre ordre que celui de la vie. Dans une robe d'été rouge sang, la comédienne murmure et crie son histoire entre des extraits de chansons de Nina Simone qui amènent une respiration salvatrice au récit. Il faut absolument aller applaudir ce seul-en-scène poignant. Il saisit au plus profond de chaque spectateur la partie infime qui libère l'émotion. Il porte en lui la voix de ces millions de femmes chaque jour avilies, humiliées et brutalisées qui ne peuvent s'offrir ce luxe qu'est la liberté de penser, de vivre selon leurs envies, leurs désirs.
Dimitri Denorme
Darina Al-Joundi a trouvé la force de transformer sa douleur en un spectacle poignant et souvent drôle, grâce auquel elle peut mettre sa souffrance à distance.
Bruno Bouvet
Darina Al-Joundi se redresse, s’avance, se présente. Née à Beyrouth en 1968, elle déroule le récit de sa vie dans un pays qu’elle aime, qui l’a aimé et qui ne l’aime plus. Un récit, où les souvenirs accumulés comme des strates, racontent cette histoire chaotique du Liban, une enfance heureuse, une adolescence pendant la guerre, une vie de femme brisée par le retour de l’ordre religieux, insidieux mais bien présent. (...) La force du témoignage de Darina Al-Joundi vaut pour toutes ses soeurs de Palestine, d’Algérie, d’Irak ou de Syrie, et s’entend comme un chant de résistance. Un chant d’espoir.
Marie-José Sirach
Seule dans son éclatante beauté et une petite robe rouge, Darina Al-Joundi emplit jusqu’au ciel la chapelle Sainte-Claire. La jeune femme nous confie sa vie avec amour, rage, insolence et inconvenance. Et c’est pour toutes les femmes arabes qu’elle réclame amour et liberté.
Danièle Carraz
Apportez vos kleenex car vous allez être transportés par la douleur exprimée par cette jeune libanaise qui raconte sa vie depuis sa naissance où elle est née dans un pays en guerre. Elle est seule sur scène dans une robe carmen. Elle hurle sa douleur à la porte de cette chambre mortuaire, la famille tambourine pour que les versets du Coran soient dits au moment de son enterrement. Elle veut faire entendre Nina Simone parce qu'elle croit que son père était laïc et qu'il adorait cette chanteuse et ce spectacle est absolument bouleversant. Elle s'appelle Darina Al Joundi cette jeune femme libanaise ; elle nous parle avec ses yeux de braise et son corps de déesse pour mieux expulser le mal. Elle nous transperce ; c'est du théâtre consolation, c'est du théâtre révélation la veille de la fin de ce festival d'Avignon.
Laure Adler
Darina al Joundi a trouvé ce chemin de la liberté que lui avait tracé son père. Elle est auteur, comédienne au théâtre et au cinéma. Mise en scène par Alain Timar, directeur du théâtre des Halles, elle conduit son récit de bruit et de fureur avec sobriété, pudeur, sans jamais jouer d’aucun pathos. De cette traversée de l’enfer, on garde en mémoire le sourire lumineux de cette enfant du pays du cèdre qui a résister à la barbarie et a triomphé de l’obscurantisme.
Corinne Denailles
La mise en scène d'Alain Timar laisse juste le texte de cette Shéhérazade de rouge vêtue se déployer et nous conduire à travers les épisodes de sa vie, sous la protection bienveillante de Nina Simone. Comment grandir quand la vie n'a plus d'importance, quand tout peut être perdu : sa maison, sa famille, ses amis d'un instant à l'autre, sous les bombardements. Comment une fille de journalistes engagés contre les dérives totalitaires et religieuses peut-elle se construire dans un pays du Moyen Orient qui laisse de moins en moins aux femmes leur liberté d'expression. La génération de Darina Al Joundi a connu tour à tour une cohabitation amusée entre chrétiens, juifs et musulmans, puis une division qui s'est rigidifiée, au point que les laïques d'origine musulmane se sentent menacés. Les femmes prises dans l'étau de l'histoire. Noun ne supporte pas que son père soit enterré avec le cérémonial religieux musulman qui correspond si peu à ses convictions de militant. Telle Antigone elle se lève pour s'opposer aux lois de la cité ! Qu'elle parle de son père, de son goût, de l'alcool, du jazz, de la philosophie, c'est aussi démontrer combien elle se retrouve seule à sa mort, dans une société et une loi auxquelles il lui est devenu impossible de se soumettre. Impossible de vivre cachée, d'avoir peur de l'homme, d'oublier l'exemple de son père. Noun est traumatisée par les années de guerre, terrifiée par sa propre folie, battue par les hommes, enfermée par sa famille. Malgré cela, elle est toujours debout, mémoire vivante de la culture arabe, ses mots qui chantent l'amour et la poésie. La barbarie des hommes ne saurait être qu'une parenthèse tragique dans l'histoire de ces pays aux ressources si belles et si multiples. Darina El Joundi a repris à sa manière l'engagement de son père et anime, des éclairs dans les yeux, l'espoir du changement, la libération des femmes et la voix de la jeunesse qui ne peut plus admettre le joug des puissants. Sandrine Gaillard
Dans "Le jour où Nina Simone a cessé de chanter", elle raconte les bribes d'une enfance enchantée, aux côtés d'un père pour qui la liberté est un absolu. Puis une jeunesse qui, à mesure que le pays s'enfonce dans la guerre, bascule dans la violence. Drogue, sexe, alcool, tout est extrême dans la vie de la comédienne, qui manque de sombrer dans la folie. Magnifique….
A. Le G.
Durée du spectacle :
1h10 sans entracte
Espace scénique :
Ouverture : 4,50m.
Profondeur : 4,50m.
L’absence de décor permet de jouer dans tout type de salle.
Montage :
2 services