Madame Zola2020-2021
nominations Molières 2020
Catherine Arditi, meilleure comédienne
Pierre Forest, meilleur comédien dans un second rôle
Catherine Arditi, Prix Charles Oulmont de la meilleure comédienne dans
"Madame Zola"
Passionnante page d’histoire ressuscitée à travers de précieux moments de jeu et de théâtre.
Télérama
Cette douceur, cette humanité, cette empathie nous réchauffent le cœur.
L'Express
Un pur moment de bonheur !!! Une salle pleine, sous le charme !!!
Sorties à Paris
Un spectacle comme on aime, intéressant et sensible.
Une interprétation impressionnante et remarquable qui nous captive et nous émeut tout le long.
Spectatif
Deux formidables comédiens, vous dis-je !
C'est un spectacle incontournable de cet automne.
De la cour au jardin
mise en scène Anouche Setbon
avec
Catherine Arditi, Pierre Forest
décor Oria Puppo
costumes Juliette Chanaud
lumières Laurent Béal
musique Michel Winogradoff
assistante mise en scène Sophie Gubri
Production Petit Montparnasse, Acte 2
soutien et résidence de la ville de Saint-Maurice -Théâtre du Val d'Osne
la pièce
1908. Une rencontre aussi improbable que pittoresque entre Alexandrine, veuve d’Émile Zola, et un étonnant apothicaire réputé pour ses potions magiques. Ce tête-à-tête amène Madame Zola, personnage haut en couleurs, à évoquer son homme, leur vie commune qui a façonné son œuvre, les mœurs incroyablement libres d’un homme public craignant pourtant le scandale, l’Affaire Dreyfus, la condamnation, l’exil, la réhabilitation… Alexandrine Zola, femme passionnée, anticonformiste et injustement méconnue sort de l’ombre écrasante de son mari, Émile…
Télérama
Sur la scène du Petit Montparnasse, au crépuscule de sa vie, alors qu’elle vient d’accompagner la dépouille de son mari au Panthéon, six ans après sa disparition, celle-ci se souvient. Auprès d’un pharmacien confident aux allures de psychanalyste. Dans sa magnifique robe 1900, Alexandrine évoque alors avec verve son étrange et ambiguë inimité pour Cézanne, son admiration pour Manet (dont elle fut le modèle) et sa passion pour le génial et infidèle défenseur du capitaine Dreyfus, qu’elle refusa de suivre en exil en Angleterre histoire de mieux le défendre sur place, à Paris. Incarnée par la pétulante et si humaine Catherine Arditi, si forte et si fragile, si vacharde et si sensible, Madame Zola reprend une vie terrible et drôle, aux côtés de l’apothicaire freudien, interprété par Pierre Forest. Passionnante page d’histoire ressuscitée à travers de précieux moments de jeu et de théâtre.
L'Obs
Alexandrine est un beau personnage. Vers la cinquantaine, Emile Zola, son mari, a eu une liaison avec leur lingère, Jeanne Rozerot, à laquelle il a fait deux enfants. Une âme charitable l’ayant mise au parfum, Alexandrine, qui n’avait pu en avoir, les a pris sous son aile. Au point d’obtenir pour eux la reconnaissance posthume et le nom de leur père. Ce n’est pas le tout de dénicher un personnage intéressant, encore faut-il le mettre en situation. Secondée par le metteur en scène Anouche Setbon, Annick Le Goff, qui connaît le théâtre de l’intérieur, y parvient. Nous sommes le 4 juin 1908, jour du transfert au Panthéon des cendres de Zola, mort six ans plus tôt. Pierre Forest reçoit les confidences de Catherine Arditi. La vivacité de cette merveilleuse actrice rend Alexandrine très attachante.
Le Parisien
Derrière tout grand homme, il y a une femme dit-on. Derrière Emile Zola, il y avait Alexandrine, sa veuve qu’on découvre le 4 juin 1908, le jour de l’entrée au Panthéon de son mari. Une cérémonie qui a lieu plusieurs années après la mort de l’écrivain, et dont elle ne voulait pas… Cet événement ravive en elle des sentiments enfouis qui la bouleversent. De retour chez elle, Alexandrine peste, parle à son époux, se plaint de l’avoir perdu une seconde fois, et tousse. Une toux persistante pour laquelle elle fait appel à un certain Fleury, apothicaire aux remèdes miracles. Il lui en apporte à domicile. Ses visites sont vite l’occasion de se confier l’un à l’autre.
C’est cette relation, imaginaire, qui permet à Annick le Goff de mettre en lumière cette femme de l’ombre, d’en raconter, un peu, la vie, celle d’une fille du peuple qui se hissera au niveau de l’auteur de « Germinal », le secondant dans son œuvre, s’avérant un soutien et un relais de poids dans ses luttes, une très efficace gardienne du temple après sa mort. Une femme trompée, aussi, mais de cœur, qui fera reconnaître les enfants illégitimes de son mari… Mis en scène par Anouche Setbon, Catherine Arditi et Pierre Forest sont ces deux êtres qui se rencontrent et se confient. Elle, femme de tempérament, drôle mais volontiers autoritaire, cassante, pudique et réticente d’abord. Alexandrine Zola émeut et impressionne, amuse et malmène souvent ce visiteur qui lui offre, en retour, une écoute respectueuse, bienveillante et attentive. Et s’ouvre à son tour. Pierre Forest compose un personnage touchant, bon, marchant sur des œufs dans des discussions parfois vives et souvent drôles.
Web Théâtre Gilles Costaz
Pas simple d’être la femme d’un grand homme ! Ce n’est pas à la portée de toute épouse d’accepter le rôle de l’ombre. Alexandrine Zola, petite blanchisseuse, modèle pour des peintres en manque de nudité, se faisait silencieuse quand son mari écrivait les volumineux épisodes des Rougon-Macquart. En plus, l’illustre romancier n’était pas fidèle. Il entretenait à quelques mètres de chez lui une femme plus jeune et les deux enfants nés de cette union. Mais Alexandrine avait bon cœur. Après la mort d’Emile (asphyxié par l’oxyde de carbone d’un chauffage peut-être mal réglé : accident ou crime ?), elle aida cette autre famille de tout son amour.
Quand la pièce d’Annick Le Goff commence, Alexandrine est veuve. Les restes d’Emile sont même déjà au Panthéon. Elle prend un certain plaisir à son veuvage. Enfin libre ! Mais elle n’en oublie pas Emile. Elle se confie à elle-même puis à un pharmacien qui vient lui déposer des remèdes pour soigner ses petites douleurs. Jusqu’où ira cette relation, d’abord distante et même rude ? Le texte d’Annick Le Goff est un juste portrait de deux solitudes, particulièrement bien documenté sur ces années 1900, aussi élégant dans l’acidité que dans la tendresse. La rencontre manque un peu d’enjeu pugilistique. Les moments d’échange sont calmes. Chacun est dans l’attente.
La mise en scène d’Anouche Setbon privilégie le détail. Les mots portent, mais tout autant le silence et ce qu’expriment les dentelles blanches, les tentures grises, la méridienne vieux rose, le vieux téléphone noir et doré. Catherine Arditi est Alexandrine dans une volupté gourmande et néanmoins discrète du rôle : elle a arrondi l’apparence du personnage mais aiguisé ses sentiments. Belle composition. Dans un rôle d’une égale importance mais moins mythique, Pierre Forest donne de la force à son personnage avec un sens de la discrétion nourri d’arrière-plans et d’arrière-pensées. Auteure, acteurs et metteur en scène ont ici l’art du médaillon.
L'Express
Madame Zola accepte qu’on enterre son mari deux fois. D’abord dans le civil, puis avec les honneurs de la nation, au Panthéon, le 4 juin 1908. C’est au retour de ces glorieuses funérailles que débute la pièce d’Annick Le Goff, Madame Zola. Désormais, celle qui se fait appeler Alexandrine Émile Zola va veiller à la gloire de feu son mari, à la pérennité de ses œuvres, à son héritage littéraire et surtout politique. Au fond, c’est moins l’auteur de la saga des Rougon-Macquart que le héros de l’affaire Dreyfus que célèbre aujourd’hui encore notre mémoire. Son « J’accuse ! », à la une de L’Aurore, le 13 janvier 1898, signe l’apparition des intellectuels engagés et, grâce au courage et au génie d’un secrétaire de rédaction nommé Georges Clemenceau, sauve l’honneur de la France.
Pour l’écrivain, cette tribune signifie les tribunaux, les provocations en duel, l’exil. Pour son épouse, une bien longue attente, et de cruelles retrouvailles : peu après le retour de Zola en France, une cheminée mal nettoyée, à moins qu’elle n’ait été sciemment bouchée, asphyxie le romancier dans son sommeil… Pendant que le capitaine Dreyfus est au bagne et l’écrivain Zola à l’étranger, ce sont leurs épouses qui entretiennent la flamme du dreyfusisme : des femmes politiques, éminemment.
Derrière la gardienne du monument national, il y a aussi une épouse bafouée. Sous le cerveau, un cœur. Car Alexandrine Zola a découvert aussi son infortune : son mari avait une double vie, une jeune maîtresse qui lui a donné deux enfants. C’est pour eux aussi que Madame Zola se mobilise : ils pourront porter le nom de leur père, et le transmettre. Ces têtes blondes sont un peu ses petits-enfants… Il y a une profonde humanité, et aussi un esprit de sacrifice, derrière le personnage de Madame Zola. Le dévouement d’une vie, pour un homme de génie, pour son œuvre et pour sa gloire, puis la générosité magnanime envers tout ce qu’il a aimé. « J’assume ! », pourrait être le grand mot d’Alexandrine Zola.
Avec une telle existence, nourrie d’ombres dans l’ombre, Madame Zola a bien besoin d’une confession, malgré sa fierté et sa prude dignité. Elle prend la forme d’une rencontre avec un étrange apothicaire, aux remèdes exotiques, tels ses escargots enrobés de chocolat, mais à la curiosité d’avant-garde. Assis à la tête d’un divan, il teste ainsi sur sa patiente les premières leçons de la psychanalyse, une écoute attentive et muette, un appel au dévoilement.
Catherine Arditi offre toute sa finesse bouleversante à Madame Zola. Quand elle révèle le plus secret de ses secrets, l’abandon de cette enfant qu’elle eut en fille-mère, dans sa jeunesse, elle est bouleversante, d’un simple regard perdu. Pierre Forest, voix chaude et silhouette confortable, compose un personnage chaleureux et patient. On a envie de se blottir contre lui ! Mais le nounours cache aussi un savant qui sait où il veut aller… Pierre Forest, créateur du rôle de Coquelin dans le fameux Edmond d’Alexis Michalik, transforme sa puissance en douceur, et incarne à merveille la bienveillance. Car c’est là l’essentiel : Madame Zola, dans la petite salle du théâtre Montparnasse, est un spectacle de la bienveillance, à l’heure où les scènes parisiennes abondent d’affrontements virulents et de crapuleries réjouissantes. Cette douceur, cette humanité, cette empathie nous réchauffent le cœur.
Sorties à Paris
Une pièce de Annick LE GOFF, dont j’avais déjà remarqué le style éblouissant dans « Madame de … Vilmorin » au même Petit Montparnasse.
Pour avoir lu, il y a peu, une biographie de Emile Zola, j’y ai tout retrouvé.
Quelle excellente idée de faire parler son épouse au soir de son entrée au Panthéon.
Annick LE GOFF, nous régale, nous fait rire, sourire et réfléchir.
Une très jolie Mise en Scène de Anouche SETBON - assistée de Sophie GUBRI. Deux interprètes merveilleux, l’extraordinaire Catherine ARDITI et Pierre FOREST, applaudi aussi souvent. (« Le Roi se meurt » ou « Edmond »).
Un pur moment de bonheur !!! Une salle pleine, sous le charme !!!
Reg'arts
Tout le monde connaît Émile Zola, romancier à succès, journaliste, critique d’art, chef de file incontesté du naturalisme mais l’on connaît beaucoup moins sa femme Alexandrine Zola qui pourtant participa amplement à la survie de l’œuvre de son illustre époux.
Annick le Goff en a pourtant fait un portrait admirable, servi par une écriture subtile, posant ici et là des touches passionnées, des élans d’anticonformisme, une écriture de rupture parfois autoritaire, excessive mais souvent drôle sous couvert d’une profonde solitude et d’un désarroi palpable avec l’excellente idée de la mettre face à Fleury, sorte de confesseur, de psy amateur, apothicaire charlatan de son état à qui elle va dévoiler les secrets d’une vie de couple hors du commun.
L’action se passe au lendemain du transfert des cendres de Zola au Panthéon, six ans après sa mort, c’est donc un deuxième enterrement qu’elle vient de vivre, choc émotionnellement fort qui va lui faire revivre le film en noir et blanc de sa vie passionnée dans un tourbillon de souvenirs. Elle, qui fut lingère sous le nom de Gabrielle, modèle d’Édouard Manet où elle figure en arrière-plan du Déjeuner sur l’herbe, deviendra Alexandrine en épousant Zola. Elle va se hisser par amour à la hauteur de son écrivain de mari, l’un des plus célèbres de son époque. Passionnée, trompée une seule fois mais avec deux enfants illégitimes qu’elle adoptera, jalouse, exubérante, elle le suivra jusque dans l’affaire Dreyfus jusque dans son exil à Londres après le procès pour diffamation suite à l’article « J’accuse » paru dans l’Aurore. Elle criera au meurtre pourtant jamais prouvé après l’intoxication mortelle mais suspect de son Émile. Troublante au début, la relation avec Fleury et Alexandrine deviendra presque complice sans doute pour soigner les maux tourmentés de leur couple respectif au passé et au présent.
Dans le confort d’un intérieur bourgeois et guidée par une mise en scène très juste et bien amenée, Catherine Arditi incarne à la perfection cette femme fragile et volontaire, elle est tout simplement Madame Zola avec le talent de servir passionnément ce très beau texte sans aucune fausse note face à Pierre Forest impérial dans son rôle d’herboriste illuminé, imbu de sa personne qui peu à peu fera craquer sa carapace. C’est un très beau moment de théâtre historique mais qui fait surtout passer de l’ombre à la lumière une femme d’exception.
Paris sur scène
Alexandrine ZOLA, femme passionnée, anticonformiste et injustement méconnue sort de l’ombre écrasante de son mari, Émile ZOLA.
Nous sommes en 1908 avec une rencontre aussi improbable que pittoresque entre Alexandrine, veuve d’Émile ZOLA, et un étonnant apothicaire réputé pour ses potions magiques.
Ce tête-à-tête amène Madame ZOLA, personnage haut en couleurs, à évoquer son homme, leur vie commune qui a façonné son œuvre, les mœurs incroyablement libres d’un homme public craignant pourtant le scandale, l’Affaire Alfred DREYFUS, la condamnation, l’exil, la réhabilitation.
Une vie riche en évènements et une personnalité pleine : Alexandrine ZOLA est passionnée, excessive et jalouse, fragile et foncièrement bonne.
Le spectacle se situe après la mort d’Emile ZOLA lors du transfert de ses cendres au Panthéon. Alexandrine parle à son défunt mari mais également à son débonnaire apothicaire - Pierre FOREST-, excellent de surcroît à qui elle se confie. La personnalité complexe de cette femme de caractère rend le contenue de la pièce vivant, rempli d’anecdotes et d’histoires attachantes.
Catherine ARDITI est une parfaite Madame ZOLA, à la fois généreuse, lumineuse et entière.
Les textes subtils, drôles d’Annick LE GOFF et la mise en scène fluide d’Anouche SETBON rendent l’ensemble très agréable. Très jolis costumes de Juliette CHANAUD.
La complexité de la personnalité de l‘héroïne est mise en valeur grâce cette mise en scène intelligente et aux lumières de Laurent BEAL. Alexandrine oscille entre enthousiasme et dépression, elle invective à travers des soliloques autoritaires son défunt mari puis sombre dans une tristesse incommensurable. Une interprétation magistrale de la part des deux comédiens contribue à nous captiver concernant cette femme
C’est vraiment une découverte de la vie d’Alexandrine ZOLA qui est proposée et qui mérite d’être approfondie car le personnage est complexe et passionnant. A découvrir au THEATRE DU PETIT MONTPARNASSE
Point de vue
Derrière chaque grand homme se cache une femme.
Ajoutons, une grande femme. Alexandrine Zola est de ces épouses, admirables, qui ont porté et supporté. La pièce d’Annick Le Goff nous fait découvrir cette Madame Zola (remarquable Catherine Arditi) au retour de la panthéonisation de son cher Loulou. Ses rencontres avec l’apothicaire cocu Fleury (génial Pierre Forest), qui lui concocte de drôles de potions pour une mauvaise toux, vont devenir au fil des jours de véritables séances de psychanalyse durant lesquelles surgissent ressentiments et souvenirs douloureux. Une épiphanie émouvante servie par un duo d’acteurs à la fois léger et drôle.
France Info TV
C’est un mélange de la petite histoire et de la grande histoire, de ce duo très émouvant où finalement ce sont deux solitudes qui se rencontrent. La pièce s’appelle Madame Zola, avec les excellents Catherine Arditi et Pierre Forest. Mise en scène très jolie de Anouche Setbon. Ca se passe au Théâtre Montparnasse à Paris.
Spectatif
Voici une friandise théâtrale inattendue et immanquable, servie par deux très grands interprètes nous offrant le récit à l’élégance délicieuse d’une rencontre instructive et complice. Une douceur alerte et tendre traverse les répliques intenses et parfois tempétueuses. Le charme opère, nous sommes cueillis. Une kyrielle de surprises attachantes nourrit chaque moment. Nous restons captifs, en attente de la suite, dans l’espoir que l’histoire ne se termine pas trop vite.
Madame Zola, c’est la magnifique Catherine Arditi, fulgurante et émouvante figure de femme singulière, un personnage exceptionnel pour une comédienne exceptionnelle. Catherine Arditi incarne avec une habileté fine et inouïe cette femme forte et fragile à la fois, à la truculence franche et directe, plein de tendresse et d’empathie pour l’autre. Une femme qui a su s’accommoder de la vie aussi dure qu’elle fut à ses débuts et qui s’est montrée une combattante redoutable aux côtés de son mari Émile Zola dans ses révoltes politiques dénonciatrices puis ensuite pour la reconnaissance de l’œuvre de l’illustre écrivain après sa mort.
Aux côtés de madame Zola, pour soigner sa toux mais finalement pas que, monsieur Fleury, l’apothicaire-herboriste-chercheur, piqué de psychanalyse avant l’heure, c’est l’impressionnant Pierre Forest. Le soignant attentif, le confident discret, l’ami devenu. Il se dégage de son jeu une sympathie et un dévouement sincères pour Alexandrine Zola, sa patiente impatiente. Son interprétation est d’une telle crédibilité que son personnage devient l’ami que l’on aimerait connaitre, comme celui qui accompagne madame Zola dans les moments difficiles où la confiance confie à l’autre ce que chacune et chacun en attend et obtient.
Tous les deux composent et jouent une partition riche, délicate et sensible qui au-delà de l’aspect documenté et passionnant du récit est une très jolie démonstration d’amitié qui se crée. L’émotion se tisse peu à peu et passe la rampe pour venir nous toucher.
L’écriture alerte et descriptive d’Annick Le Goff dessine une femme malicieuse et charmante, au courroux aussi vif que son écoute est active et compréhensive, et un homme passionné par ses recherches, meurtri dans son intimité. Mais elle décrit aussi une relation superbe entre les deux personnages, une relation pétillante et chaleureuse qui crée un univers feutré dans lequel les confidences s'échangent et le respect mutuel se remplit. L’histoire dans l’Histoire n’est pas oubliée, le récit est jalonné d’étapes et de thèmes majeurs de la vie et de l’œuvre de Zola, sans jamais omettre la place décisive occupée par son épouse.
La mise en scène d’Anouche Setbon colore les répliques et les situations de nuances veloutées où vives, selon les temps du texte. Une direction de jeux qui donne à l’interprétation toute la place nécessaire pour vivre et nous montrer l’intensité et la verve des sentiments d’admiration, de compassion, de compréhension, d’affection et d’humanité qui animent madame Zola et monsieur Fleury. Une belle mise en vie d’un beau texte.
Un spectacle comme on aime, intéressant et sensible. Une interprétation impressionnante et remarquable qui nous captive et nous émeut tout le long. Un très beau temps de théâtre que je conseille vivement.
Jean-Philippe Viaud
Quand Catherine Arditi entre en scène, à peine cachée derrière sa transparente voilette noire, elle s’empare déjà de l’âme et du caractère de Madame Zola. Attentif et réceptif sur mon banc de spectateur, je sens dès cet instant, une fusion s’opérer entre la comédienne et la veuve du célèbre Emile. Catherine Zola et Alexandrine Arditi, ne font qu’une, et c’est là toute la force et la réussite de cette page de vie, mi-réelle mi-romancée, qu’importe, j’y crois et la salle aussi. Puis il y a ce drôle de pharmacien, qu’incarne Pierre Forest, tendre et mystérieux à la fois avec sa cliente au tempérament plein et entier. Ils forment un succulent duo, riche en caractère, sentiment et élégance. Le texte finement élaboré d’Annick Le Goff et la mise en scène affiné et fluide, d’Anouche Setbon, procurent l’équilibre parfait au récit. On vibre, on rit, on grimace quand ça titille, et moi perso, je prends tout ce qu’ils nous offrent avec appétit et plaisir. Heureux.
De la cour au jardin
Nous la voyons déchirer des lettres qu'elle juge indécentes, des courriers enflammés que lui a adressés naguère un certain Paul Cézanne.Voici l'une des nombreuses épatantes scènes de cette passionnante pièce d'Annick Le Goff. Oui, Alexandrine Zola, veuve depuis peu du grand homme, va se pencher sur son passé.En s'adressant à feu son mari, qu'elle vient d'accompagner au Panthéon. Mais les choses ne vont pas aller de soi. Parce que bien des mots vont avoir parfois du mal à franchir ses lèvres.
Des mots qui expriment l'amour, la souffrance, des mots qui vont nous dire l'histoire de cette femme injustement méconnue, et qui a contribué à sa façon à l'œuvre du grand auteur.Des mots qui vont pouvoir être formulés notamment grâce à la présence d'un « apothicaire », M. Fleury.
Annick Le Goff a inventé de toutes pièces ce pharmacien un peu guérisseur, peut-être et surtout "précurseur" de l'interrogation analytique. C'est là l'une des grandes réussites dramaturgiques de cette pièce, la rencontre de ces deux personnages, l'un historique, et l'autre imaginaire.
Leurs deux histoires, en s'interpénétrant, vont permettre à cette parole d'être accouchée, à la maïeutique de fonctionner, et permettre ainsi à Mme Zola de nous raconter sa bouleversante histoire. De très nombreuses formules ciselées tirent bien des émotions aux spectateurs, dont de nombreux rires, car l'on rit souvent.
Deux formidables comédiens (je pèse l'épithète) vont interpréter ces deux personnages !
Mais quelle bonne idée a eu la metteure en scène Anouche Setbon de les associer !
Une merveilleuse alchimie opère entre Catherine Arditi et Pierre Forest.
Ces deux-là nous donnent une leçon de comédie. Purement et simplement.
Melle Arditi est cette femme au caractère trempé, qui ne mâche pas ses mots.
Dès la première phrase, la comédienne nous attrape et ne nous lâchera plus.
Impossible de ne pas être passionné par ce qu'elle nous dit, et la façon dont elle nous le dit.
Certes, elle en impose en veuve autoritaire, mais elle nous bouleverse à certains moments. (Je vous laisse évidemment découvrir par vous-mêmes ces scènes.)
Voilà qu'une larme perle sur sa joue... Je vous assure qu'à cet instant-là, votre serviteur n'en menait pas large. Ses regards, ses répliques qui fusent face à son partenaire, ses adresses à feu son Emile (elle scrute alors le fond de la salle), ses ruptures sont autant de grands moments de comédie.
Fleury, c'est Pierre Forest. Lui aussi est parfait dans ce rôle qui demande beaucoup de subtilité.
Lui aussi procure beaucoup d'émotions. Il m'a beaucoup touché, avec son histoire faisant écho à celle de sa « cliente ». Il incarne cet homme, plein d'empathie, désireux sincèrement d'aider Mme Zola.
Il est drôle lui aussi, dans sa façon d'apporter la contradiction, tout en finesse, sans avoir l'air d'y toucher.
Deux formidables comédiens, vous dis-je !
La mise en scène d'Anouche Setbon est fluide et millimétrée, avec une attention toute particulière envers la distance qui sépare les deux comédiens.
La parole est libérée alors que les deux sont très proches, les rapports plus tendus lorsqu'ils sont chacun de leur côté. Les changements de place de Pierre Forest-M. Fleury durant les séances où Catherine Arditi-Mme Zola parvient à exprimer ce qu'elle a enfoui, ces changements de place sont jubilatoires. Je n'aurai garde d'oublier de mentionner les somptueux costumes d'époque de Juliette Chanaud ainsi que les délicates lumières de Laurent Béal. Aux saluts, les spectateurs scandent leurs applaudissements. De nombreux bravi fusent, venant très logiquement saluer la prestation des deux comédiens.
Courez toutes affaires cessantes au Petit Montparnasse, afin de découvrir le destin de cette femme injustement méconnue.
C'est un spectacle incontournable de cet automne.
Le Billet de Bruno
« Madame Zola » d’Annick Le Goff dans une mise en scène d’Anouche Setbon au théâtre du Petit Montparnasse (décidemment aux théâtres Montparnasse beaucoup de pépites en ce moment) est un voyage hors du temps pour une dame d’exception méconnue.
Annick Le Goff avec finesse, générosité et passion met dans la lumière une femme de l’ombre qui a marqué son époque. Une femme qui fut le modèle de célèbres peintres impressionnistes comme Auguste Renoir, Edouard Manet (où elle figure à l’arrière-plan du célèbre tableau du « Déjeuner sur l’herbe ») ou encore Paul Cézanne avec qui l’orage gronda… Madame Zola ou Gabrielle Meley ou encore Alexandrine Zola, c’est l’histoire d’une jeune femme qui avait tout, comme nous dirions de nos jours, pour mal tourner.
Issue d’un milieu plus que modeste, une enfance très difficile, une mère qui décède très tôt du choléra, elle devient lingère à 14 ans. Cette jeune fille, blessée par le manque d’amour maternel, forgea son caractère au fil du temps pour naviguer entre la fragilité et la force afin de combattre les affres de la vie. Vie dont elle gardera son franc-parler aux fortes couleurs, une héroïne dont Zola aurait pu en faire un sujet de ses romans. Un Emile Zola qu’elle rencontre dans sa jeunesse, qui sera son unique passion, qu’elle soutiendra avec ferveur dans tous ses combats, comme par exemple celui de l’affaire Dreyfus, mais avec qui elle n’aura pas eu d’enfants.
Le destin a parfois des détours imprévus, précédemment à cette rencontre, avec une grossesse non désirée, elle aura eu la triste nouvelle de perdre sa fille le jour de ses vingt ans, une fille qu’elle aura abandonnée deux semaines auparavant…et le chapitre restera clos. Une évolution de milieu social impressionnante, la fille de la rue formera, tout en conservant ses couleurs, avec son Emile, un couple bourgeois qui recevra l’élite de l’Art parmi lesquelles la littérature, la peinture. Ces réceptions feront l’objet de toutes ses attentions lors de ses repas hebdomadaires, riches en mets délicats dans une profusion totale.
L’histoire commence le jour du transfert du cercueil de son mari Emile Zola au Panthéon. Madame Zola en revient fatiguée, chamboulée, cette ex fille de la rue se retrouva au côté d’une ribambelle de ministres : que de chemin parcouru. Elle soliloque, s’adresse directement à son mari dans un dialogue imaginaire et commence à faire une sorte de bilan de vie où la haine côtoie l’amour, une sorte de thérapie bien avant l’heure qu’elle communiera avec son apothicaire, pharmacien devrais-je dire, à qui elle aura commandé un remède pour supprimer une toux qui la persécute…jusqu’où cette présence serait réelle…
Une présence dans un premier temps qui devient vite irritable mais qui au fil des rencontres deviendra bienfaisante : un soulagement notoirement bénéfique pour les deux protagonistes. Chacun se confiera à l’autre par petites touches pour trouver le chemin de la raison, le chemin de la vie. Pour l’un cela sera le combat de la mémoire, de l’œuvre dans sa postérité, pour l’autre cela sera les mésaventures du mariage avec ses soubresauts.
La mise en scène délicate d’Anouche Setbon, soulignant juste ce qu’il faut de ce dialogue surprenant, irréel, troublant, sera l’objet de cette « psychanalyse » avant l’heure, une exploration de l’inconscient libératrice… (pour mémoire ce mot est apparu en 1896 et l’action se situe en 1908).
Une mise en scène attentionnée mise en valeur par les costumes de Juliette Chanaud, complétée par les lumières discrètes de Laurent Béal où nos deux artistes évoluent dans le décor d’Oria Puppo.
Pour réussir une telle entreprise, il fallait deux comédiens d’exception :
Catherine Arditi, au grain de voix particulier, nous envoûte avec son regard qu’il est impossible de détourner. Ses paroles campent toutes les émotions avec élégance, sincérité jusqu’à la larme. Comment rester insensible à la vie de cette femme livrée avec tant d’amour, tant de passion, par une comédienne à la forte personnalité. Elle manie la tendresse et la virulence comme personne.
Pierre Forest que je n’ai pas eu la chance de voir dans Edmond fut une découverte pour moi sur scène. Une psychanalyse avec une telle voix, je dis oui tout de suite.
Il a une présence sur scène incroyable, en opposé à sa stature impériale, son jeu est léger, subtil, afin de pouvoir répondre à toutes les attaques de Madame Zola.
Catherine Arditi ne pouvait rêver mieux pour affronter sa vie de Madame Zola que la bonté incarnée de Pierre Forest. C’est un pur bonheur de les voir converser ensemble.
Derrière un grand homme se cache une femme et Alexandrine Zola confirme le dicton.
Annick Le Goff dans un bel humour, une belle lumière, lui rend hommage avec un certain panache, sublimé par la présence sur scène de l’admirable Catherine Arditi : de cette nature, de sa vie elle en fait un personnage de roman à la Zola.
Un conseil allez découvrir ce pan de l’histoire méconnu avec toutes ses anecdotes tirées de la biographie d’Evelyne Bloch-Dano : vous en ressortirez comblé.
Froggy's Delight
Selon l'adage "derrière chaque grand homme, se cache une femme" et tel est le cas pour l'écrivain et journaliste Emile Zola avec sa figure de l'ombre, Alexandrine Meley, sa compagne qui faisait bouillir la marmite à l'époque des vaches maigres.
Une maîtresse femme qui après avoir obtenu, de haute lutte, le mariage après un "long collage", se faisait appeler Alexandrine Emile Zola, dont le parcours d'enfant du ventre de Paris, très tôt orpheline, qui avait bien "roulé sa bosse" de grisette à modèle en femme libre du 19ème siècle, a intéressé Annick Le Goff à la suite de la publication de la biographie rédigée par Evelyne Bloch-Dano sous le titre "Madame Zola ".
Pour présenter un biopic théâtralisé ressortant davantage à l'évocation et éviter tant l'aspect statique du monologue que celui artificiel de la reconstitution, Annick Le Goff a opté pour une partition fictionnelle mettant en présence Madame Zola, veuve éprouvée par le transfert au Panthéon de la dépouille de son mari six années après ses funérailles, et des difficultés respiratoires, et son pharmacien Monsieur Fleury.
Toutefois, un pharmacien peu ordinaire car apothicaire adepte des médecines naturelles avec des potions improbables de sa composition et, surtout, enthousiasmé par le développement des sciences psychiques qui va s'ériger en psychanalyse amateur en mettant la dame sur le divan.
La situation s'avère cocasse avec une confrontation sans animosité entre la matrone volubile qui n'a pas sa langue dans la poche et use d'un franc parler qui n'appelle ni accepte, ni la contradiction ni même la réplique sinon un assentiment et un matois placide.
Et la partition que son auteure qualifie à juste titre de "pas de deux" est soutenue par des dialogues enlevés sans verbiage inutile qui font mouche pour tracer, à l'aune d'une sélection d'événements significatifs, le portrait d'une femme devenue "gardienne du temple" aux traits de caractère affirmés.
Dans un décor esquissé de cabinet de travail avec méridienne conçu par Oria Puppo valorisé par les lumières de Laurent Béal, Anouche Setbon assure une mise en scène rigoureuse et sans esbroufe avec la collaboration de Juliette Chanaud pour les costumes et les inserts musicaux de Michel Winogradoff.
Avec discernement, Pierre Forest ne verse pas dans la caricature pour camper son personnage d'apprenti accoucheur des âmes tout en évitant le numéro d'acteur pour laisser la part belle à sa partenaire.
Catherine Arditi, magistrale de maîtrise de son art, trouve dans cet opus un rôle sur mesure - et à sa mesure - lui offrant une belle amplitude de jeu de la gouaille à l'émotion.
Rue du Bac
Madame Alexandrine Zola (Catherine Arditi) rentre de l’intronisation de son mari Emile au Panthéon. Dans sa maison, elle attend la venue de Monsieur Fleury (Pierre Forest), le pharmacien qui lui apporte des remèdes de sa confection les plus expérimentaux pour son asthme. Avant son arrivée, comme à l’accoutumée depuis le décès de son époux, elle lui parle et lui raconte les divers moments de la cérémonie. Pour elle, c’est son mari qui honore la France d’être ainsi placé au côté de Victor Hugo, alors qu’elle aurait tant souhaité trouver sa place près de son époux à sa mort. Heureusement, Monsieur Fleury finit par arriver et elle par se confier, devant l’écoute attentive de cet homme qui la comprend. Tel est le début de « Madame Zola » qui se joue au Petit Montparnasse.
Cette rencontre va faire revivre les mots d’Emile Zola, à travers sa plus fervente admiratrice. Ne dit-on pas que derrière tout grand homme se cache une grande femme ? Celle qui avait connu Manet ou Cézanne (pour lequel elle conserve une haine non dissimulée) se retrouve à citer des passages de différentes œuvres du romancier (dont le sublime « J’accuse » pour l’affaire Dreyfus) pour expliquer des passages de sa vie ou pour calmer son petit chien.
Catherine Arditi brille sur scène dans son interprétation d’une femme amoureuse, brisée par la vie, par la trahison, par la jalousie et pourtant toujours prête à rendre le plus bel hommage à celui qui partagea ses jours et ses nuits pendant tant d’années. Derrière la pudeur de la femme qui a souffert, elle s’ouvre peu à peu à cet homme qui l’écoute sans la juger, qui semble la comprendre, elle qui dut faire avec les convenances.
Face à elle, Pierre Forest, avec le charisme qu’on lui connaît, nous peint un personnage plein d’empathie, amoureux en secret de cette femme qui pleure un temps qui n’est plus et des douleurs passées. Par son oreille attentive, des mots bien choisis, il lui permet de se dévoiler peu à peu et se détacher de son carcan.
Humour, nostalgie, complicité, émotion, se mêlent dans le texte d’Annick Le Goff si bien mis en vie par deux comédiens au sommet de leur art. Les décors nous installent dans le confort d’une maison du début du XXe siècle. On apprécie le téléphone d’époque, la méridienne et le rideau de fond de salle. La mise en scène d’Anouche Setbon est juste et pleine de cette belle simplicité qui met en valeur les artistes.
« Madame Zola » est un beau moment de théâtre, un retour sur un grand auteur et sur celle qui l’a aimé, le récit d’une séduction qui ne s’avoue pas. C’est beau et touchant et ça fait du bien.
Allegro Théâtre
A son arrivée chez elle, après la cérémonie - qui se déroula en 1908 c'est-dire six ans après sa mort - au cours de laquelle les cendres d'Emile Zola ont été transférées au Panthéon, Alexandrine, sa femme, prise d'une méchante toux appelle Fleury, son apothicaire. Cet homme est réputé pour les recettes dont il est l'inventeur. Même si elle se montre parfois d'une humeur de dogue, Alexandrine peu à peu, se confie à celui qu'elle considère avec une sympathie qui va en s'accentuant. Alors qu'elle parle, allongée sur un divan, il a, lui, pris l'habitude de s'asseoir derrière elle, comme le font à cette époque les apprentis psychanalystes. Mine de rien, Fleury pousse madame Zola à aller au fond des méandres de sa mémoire. Et de se souvenir qu'au yeux de la mère de l'écrivain, elle n'était pas d'assez haute condition. Elle en arrivera à se délester d'inavouables secrets. Et l'on en apprend de belles. De là à se demander si elle n'inspira pas le personnage de Nana... Il apparaît petit à petit qu'Alexandrine et Fleury (dont elle tient à ce qu'il jette, lui aussi le masque) ont en partage d'avoir connu une vie conjugale mouvementée. Haï par les nationalistes parce qu'il avait fini par prendre fait et cause pour Dreyfus, Zola fut l'objet de menaces et même de tentatives de meurtre. Elle n'en mena, elle-même, pas large. Si le spectacle de bout en bout accroche c'est que l'écriture d'Annick Le Goff est d'une clarté et d'une saveur peu courantes. Anouche Setbon, la metteuse en scène a de plus trouvée en Catherine Arditi, tantôt franche du collier, tantôt toute de sensibilité une Alexandrine (Coco dans les moments d'intimité avec celui qui deviendra son mari) attachante au possible. Face à elle Pierre Forest compose avec un talent aussi discret qu'éprouvé un homme dont les remarques avivent ou apaisent des tensions qui font échos aux siennes.
France Net Info
Un décor sobre, une mise en scène fluide, Alexandrine Zola et Monsieur Fleury, un herboriste-apothicaire-psychanaliste, tous deux divinement interprétés dans cette pièce brillante. Les textes sont intelligents, rythmés et souvent plein d’humour. L’on découvre ici, celle qui sur terre s’adresse à son défunt mari. Elle le nomme Loulou par tendresse, râle par amour, le tance pour ses frasques, se rappelle les bons moments, mais également les plus amers. Nous entrons dans l’intimité de ce couple illustre. Alexandrine Zola est généreuse, passionnée et haute en couleurs. Nous découvrons plus en détails des anecdotes de la vie de l’auteur de Nana, de ses combats qui furent aussi ceux de son épouse. Finalement, elle le dit « Émile aurait-il été Zola sans moi ? »…. Un excellent moment théâtral.
Arts Mouvants
1908. Émile Zola entre au Panthéon, à côté de Victor Hugo.
Madame Zola, Alexandrine de son prénom, ouvre la porte de leur appartement. Elle revient de cet hommage posthume et s'adresse à son homme comme s'il pouvait l'entendre. Alexandrine retrace le parcours d'une vie à deux. A travers le prisme de la vie d'Alexandrine Zola, Annick Le Goff conte la vie de l'écrivain, du couple qu'il forme avec Alexandrine et dessine aussi le portrait d'une époque.Elle mêle une histoire intime et littéraire à la grande histoire. Alexandrine, la petite lingère, a bâti une gloire avec son mari : « Est ce que tu aurais été célèbre sans moi ? ». L'Assommoir leur apportera le succès financier et assoira la notoriété de Zola. Côte à côte. Ensemble. Avec une générosité touchante, Catherine Arditi nous emporte dans cette histoire de la vie d'une femme forte, qui a toujours été aux côtés de son mari.
Une vie d'acceptation et de profond soutien. C'est auprès de son apothicaire, M. Fleury, qu'elle s'épanche et qu'elle raconte. Venu soigner sa toux, il annonce les prémices de la psychanalyse. Il l'invite à s’allonger sur sa méridienne et l'écoute. L'écriture subtile d'Annick Le Goff permet de cerner toute la complexité d'une femme qui a porté à bout de bras les tourments et les sacrifices d'une vie de l'ombre. Du dialogue entre Catherine Arditi et Pierre Forest naît une profonde affection palpable dans leur intonation et dans leur attitude. L'alchimie opère. La mise en scène d'Anouche Setbon ancre la pièce dans une réalité qui nous touche tous. D'une gloire extraordinaire, elle met en scène une vie qui parle à chacun. Qu'elle parle de souffrances intimes ou de l'affaire Dreyfus, l'intensité est tout aussi palpable. Catherine Arditi capte l’émotion et le recul d'une femme lucide, et porte la grâce d'une sagesse émouvante.
« Sans moi il n'y aurait pas d'Émile Zola ». Catherine Arditi convainc dans l'évocation de la vie de Madame Zola, faite d'acceptation et ... de bonheur !
R42, culture gourmande
C’est Annick Le Goff qui a eu l’idée d’écrire cette histoire basée sur la biographie d’Evelyne Bloch-Dano sur Alexandrine Zola, l’épouse dans l’ombre du géant Emile Zola totalement méconnue et qui l’a proposé à la merveilleuse Catherine Arditi pour qu’elle campe cette Madame Zola qui était une femme d’exception. Elle a eu une vie digne d’une héroïne d’un des nombreux romans de son époux : orpheline à 7 ans, elle sait à peine lire et devient blanchisseuse à 14 ans mais elle va se hisser dans la société pour devenir l’épouse d’un des écrivains les plus célèbres et devenir une femme embourgeoisée. Avec une vie riche en rebondissements, elle répond aux coups du sort avec une passion et un anticonformisme rare à cette époque.
Ainsi nous sommes en 1908 et les cendres d’Emile Zola ont été transférées au Panthéon ce jour, Alexandrine est chamboulée, c’est comme enterrer son mari une seconde fois, des souvenirs pénibles ressurgissent et c’est Fleury son pharmacien qui va recueillir ses propos sur ses secrets de famille. Autant Madame Zola et sa vie sont bien réelles, autant le personnage de Fleury (l’excellent Pierre Forest) est totalement inventé par l’autrice pour créer un dialogue plein de vie et d’échanges piquants. Leurs échanges ressemblent un peu à des séances de psychanalyse (science balbutiante à cette époque). Une relation particulière basée sur la confiance prend naissance au cours de ces échanges qui révèleront aussi la nature de Fleury.
La complexité de la personnalité de l‘héroïne est mise en valeur grâce à la mise en scène intelligente d’Anouche Setbon et aux lumières de Laurent Béal. Alexandrine oscille entre enthousiasme et dépression, elle invective à travers des soliloques autoritaires son défunt mari puis sombre dans une tristesse incommensurable. Une interprétation magistrale de la part des deux comédiens contribue à nous captiver au sujet de cette femme.
Oui c’est vraiment une découverte de la vie d’Alexandrine Zola qui est proposée et qui mérite d’être approfondie car le personnage est complexe et passionnant.
Théâtre Passion
On entend des aboiements, une femme élégante, tout de noir vêtue, parle gentiment à son fidèle chien Fanfan, la cérémonie l’a épuisée. C’est Alexandrine Zola, elle a conduit son illustre époux Emile au Panthéon, nous sommes en 1908, Zola est mort six ans plus tôt, dans des circonstances étranges, Alexandrine est la seule rescapée. Ils ont été intoxiqués, le conduit de cheminée était bouché…
Alexandrine va et vient dans la pièce, elle parle à Emile comme s’il était présent, lui parle de la cérémonie, elle tousse beaucoup et appelle donc M. Fleury le pharmacien. Celui-ci, affable, sympathique, avec des potions de sa composition, qui laissent perplexe Alexandrine, mais bon, c’est un brave homme, et petit à petit, ils parlent, de leurs vies respectives.
Elle le houspille, trouve étrange, cette manie qu’il a de lui parler alors qu’elle est allongée sur le divan et lui assis derrière ! Il lui parle de sa femme, Alexandrine évoque sa jeunesse et sa fille qu’elle a abandonnée, faute d’argent, une blessure à jamais ouverte. Emile avait sa double vie, elle a fini par accepter les enfants d’une autre, voilà une belle âme. Des enfants qui le lui rendent bien.
Elle se fâche aussi avec Fleury, il va un peu trop loin, sans le savoir elle évacuera son mal-être, avec un homme curieux de nouvelles pratiques “psychologiques”.
Le texte est brillant, drôle, répliques à vif, bien entendu, le duel Arditi - Forest est de haute volée. Catherine Arditi est drôle, émouvante, face à Pierre Forest, acceptant tout par pure amitié, nature et bon vivant.
Une pièce intéressante, sur un personnage méconnu mais combien courageux. Les grands hommes avaient tous un point commun, le génie certes, mais aussi la faiblesse des maris adultères !
A voir sans hésiter !
ManiThea
Alexandrine, l’épouse d’Émile Zola a vécu dans l’ombre de ce grand homme pendant près de quarante ans.
Mme Zola est un personnage complexe qui pourrait tout aussi bien avoir été créé par son illustre mari tant l’histoire de sa vie est riche et romanesque. Elle est d’abord élevée par sa mère puis, à la suite du décès de celle-ci, elle rejoint la nouvelle famille de son père. Alexandrine a dix ans et sa belle-mère lui fait vivre un enfer. Très jeune, elle travaille comme lingère et elle est forcée, faute de moyens financiers, d’abandonner à l’Assistance publique sa fille naturel. Elle sera également modèle pour Paul Cézanne, c’est d’ailleurs par son entremise qu’elle rencontrera Zola. Sa vie avec l’auteur ne sera pas de tout repos non plus, d’abord compagne officieuse puis finalement femme officielle, elle le soutiendra en toutes circonstances.
Une vie riche en évènements et une personnalité pleine : Alexandrine Zola est passionnée, excessive et jalouse mais également fragile et foncièrement bonne.
La pièce se situe après la mort de Zola, lors du transfert de ses cendres au Panthéon. Alexandrine parle à son défunt mari mais également à son débonnaire apothicaire (Pierre FOREST excellent) à qui elle se confie. La personnalité complexe de cette femme de caractère rend le contenue de la pièce vivant, rempli d’anecdotes et d’histoires attachantes.
Catherine Arditi est une parfaite Mme Zola, à la fois généreuse, lumineuse et entière.
Le texte subtile et drôle d’Annick Le Goff et la mise en scène fluide de Anouche SETBON rendent l’ensemble très agréable. Très jolis costumes de Juliette CHANAUD.
Une pièce intéressante et délicate. On en sort en ayant envie de relire Nana, le bonheur des dames et les autres…
Carré Or
Une très belle découverte
Que de chemin parcouru, entre la petite grisette parisienne du 19ème siècle devenue cette grande bourgeoise en ce début du 20ème siècle !
1908, les cendres de son illustre époux sont transférées dans le Temple de la Gloire : Le Panthéon « Aux grands hommes, la patrie reconnaissante. »
Or derrière les plus grands Hommes entrés dans l’histoire, se cachent souvent une épouse ou une compagne jouant dans l’ombre un rôle prépondérant dans l’ascension de ces derniers. Ces femmes demeurent inconnues, voir ignorées du grand public.
Evelyne Bloch-Dano s’est intéressée à raison à la personnalité de l’épouse du grand Zola : Alexandrine Annick le Goff, Autrice, a su adapter cette biographie pour la scène, avec beaucoup de finesse et d’originalité, misant sur 4 tableaux, façon « séances de psychanalyse ». Anouche Setbon en a réalisé avec brio la mise en scène, mettant en lumière toute la complexité du personnage d’Alexandrine Zola, sur une musique originale de Michel Winogradoff.
Orpheline très jeune, Alexandrine est au fil du temps : apprentie fleuriste, blanchisseuse, modèle pour peintres, dont certains deviendront célèbres, tels que Cézanne, Manet…
Puis sa rencontre avec ce petit journaliste : Emile Zola. Sa vie en sera à jamais chamboulée.
Après cinq longues années de fiançailles, elle devient enfin Madame Zola et met aux oubliettes ce prénom d’emprunt : Gabrielle !
Catherine Arditi, immense comédienne. Molière en 2017 de la meilleure comédienne dans un spectacle de théâtre privé : « Ensemble » interprète magistralement cette petite dame tout de noir vêtue, veuve du grand écrivain passé à la postérité. Ne tenant pas en place, conservant intacte cette même passion pour les grandes causes politiques, généreuse à souhait, impatiente et terriblement drôle. Alexandrine vit désormais seule avec son chien, mais demeure à jamais la gardienne de l’œuvre littéraire de feu son génialissime époux : Zola. Se livrant en permanence à un incroyable monologue, s’adressant à Emile, comme si ce dernier était toujours de ce monde ! Ces soliloques créent des situations absolument comiques !
Alexandrine a désormais enfoui la hache de guerre, oublié les scènes de jalousie en apprenant la double vie de son Emile et l’existence en sus de deux enfants illégitimes : Denise et Jacques. Deux innocents, qu’elle finit par aimer comme ses propres enfants !
Alexandrine Zola a toujours été excessive et peut ainsi aimer et défendre jusqu’au boutisse ses idées et les êtres qui lui sont chers. Accepter que la maîtresse de son mari : Jeanne Rozerot soit à ses côtés lors de la cérémonie au Panthéon et que les enfants de cette dernière, portent le nom de Zola confirment une générosité de cœur forçant l’admiration ! Le décor d’Oria Puppo nous plonge dans une ambiance freudienne : Une chaise derrière un fauteuil Récamier sur lequel s’allonge Alexandrine pour confier au psychothérapeute de service, Fleury, apothicaire de son métier, ses souvenirs les plus intimes, ses souffrances et son terrible secret : Avoir abandonnée sa fille Caroline à l’Hôpital des Enfants trouvés.
Une plaie toujours ouverte ! Privée de maternité, le couple Zola recherche longtemps cette enfant, mais Caroline est décédée peu de temps après son adoption. La culpabilité de cet abandon l’obsède, elle possède pourtant toutes les qualités de cœur pour élever et choyer des enfants.
Alors son existence est vouée à l’homme de sa vie : Emile, à son œuvre littéraire Le soutenant sans jamais faiblir, l’affaire Dreyfus en est une parfaite illustration.
Finalement, les enfants illégitimes de son époux deviennent les siens !
Pierre Forest, récompensé en 2017 : Molière du comédien dans un second rôle de la pièce d’Alexis Michalik : Edmond est dans la pièce de « Madame Zola », cet apothicaire aux inventions pharmaceutiques les plus saugrenues, adepte de la méthode Coué. Un peu gauche, terriblement morose et de surcroît cocu ! Il est en quelque sorte le miroir d’Alexandrine. Comme elle, il est trompé, comme elle il souffre.
Finalement le psychothérapeute livre à Alexandrine ses tourments.
Allez applaudir ce duo magnifique que forment Catherine Arditi et Pierre Forest au Théâtre du Petit Montparnasse. Vous serez conquis par le franc parler et le bon sens populaire d’Alexandrine Zola.
En pénétrant dans l’intimité des Zola, l’œuvre de ce grand écrivain prend en quelque sorte un autre éclairage.
DMPVD : Théâtre - Spectacle - Culture
Cette pièce surprend Madame Zola à son retour du Panthéon où Emile Zola vient d’être enterré, ce qui la contrarie énormément. Notamment à cause du fait qu’elle n’a pas obtenu l’autorisation de faire percer une fenêtre pour éclairer sa tombe…, et qu’elle ne l’aura plus pour elle toute seule.
Souffrante, elle attend son apothicaire, M. Fleury, qui en quatre séances et sous prétexte de lui apporter des potions de son cru pour la soigner, va expérimenter cette nouvelle forme de thérapie que l’on appelle la psychanalyse. Leurs échanges seront riches en confidences, l’une sur ses relations avec son célèbre époux, l’autre sur ses déboires conjugaux. Nous apprendrons que Zola a eu deux enfants d’une autre femme et qu’Alexandrine, d’abord profondément blessée, les prendra sous son aile et les aimera comme s’ils étaient les siens. Et qu’elle a tenu seule sa maison et géré leurs affaires pendant l’exil forcé d’Emile Zola, parti précipitamment se réfugier à Londres après la publication de son long plaidoyer : « J’accuse », au moment de l’affaire Dreyfus.
J’ai beaucoup apprécié le jeu tout en nuances de Catherine Arditi, à la fois combative et fragile, et celui de Pierre Forest, plein de sollicitude et de douceur. Ce sont de merveilleux comédiens qui nous font vivre de jolis moments de théâtre. Je ne peux que vous encourager à aller assister à ce face à face où l’on découvre Zola, et surtout sa surprenante femme, grâce à un éclairage plus intime.
Théâtre Auteur
1908, transfert des cendres de Zola au Panthéon. Alexandrine était arrachée à son époux pour la seconde fois et définitivement puisqu'elle ne reposerait plus auprès de lui. Cette femme passionnée se trouvait ainsi reléguée pour toujours au second plan.
Evelyne Bloch-Dano puis Annick Le Goff ont voulu réparer cette injustice.
Car enfin, à de rares exceptions près, qui parle des femmes d'écrivains ? Une étude comparative reste à écrire sur ce sujet car presque toutes ces épouses furent des victimes. Femmes de l'ombre, elles furent néanmoins d’indispensables accompagnatrices, voire davantage.
On connaît un peu mieux Simone de Beauvoir ou Louise de Vilmorin mais l'une et l'autre étaient écrivains donc absolument libres, et même elles n’étaient les épouses de personne, elles ne furent que des compagnes, sinon ...
Parmi les survols biographiques, on associera certes, Ida Ferrier, parce qu'elle fut actrice, au nom d'Alexandre Dumas, Madame Hanska, ancienne passion qui finit par devenir une épouse, à celui de Balzac dont elle partage le tombeau au Père Lachaise, Adèle Hugo devra plus à Sainte-Beuve qu'à son illustre époux qui fera de Juliette Drouet sa victime et sa proie et dont nombre de personnes imaginent qu’elle fut son épouse !
Quant à Flaubert, Louise Colet lui sera associée mais reste naturellement moins connue que lui.
Il y aurait donc beaucoup à dire, et surtout à écrire, à propos de ces dames !
Ici, nous assisterons aux rencontres réitérées entre la veuve Zola et Fleury, son apothicaire, Madame Zola souffrant de fréquentes crises d'asthme, depuis le fatal accident qui déclencha la mort de son époux.
Les confidences suivront de façon assez tumultueuse de la part de cette femme de caractère, tout à la fois excessive, jalouse à juste titre et néanmoins généreuse avec, au centre des problèmes, le fameux " J'accuse " qui éloignera un temps les deux époux, Zola étant contraint à l'exil.
Sur le fond, femme dont on disait alors, suivant le vocabulaire du temps, qu’elle était bafouée (!), Alexandrine n’en reste pas moins Madame Zola, la seule, avec son tempérament, son caractère et sa vie partagée avec un auteur difficile, critiqué, malmené, et dont elle fut le soutien sans faille.
Le reste du temps, Zola se partage entre deux ménages : l'officiel auprès d'elle et un autre, officieux, mais qui lui donnera les enfants qu'il n'eut jamais avec Alexandrine.
Les deux formidables comédiens que sont Catherine ARDITI et Pierre FOREST se donnent ici la réplique. La mise en scène réalisée par Anouche SETBON apporte une touche d’humour à la situation et les applaudissements de fin sont amplement mérités et sans réserve aucune.
SNES
Si Zola est bien connu, Madame Zola l’est bien moins. On sait juste que, venue des bas-fonds, elle s’est hissée à la hauteur d’un des écrivains les plus célèbres de son temps, qu’elle l’a soutenu dans son combat dans l’affaire Dreyfus, qu’elle a travaillé à la survie de son œuvre après son décès et qu’elle a eu la générosité d’adopter les deux enfants qu’il avait eu de sa maîtresse Jeanne. Après avoir lu la biographie qu’Évelyne Bloch-Dano lui a consacrée, Annick Le Goff a eu l’idée de faire d’Alexandrine Zola l’héroïne d’une pièce aux dialogues enlevés. Catherine Arditi s’est intéressée à cette femme volontaire, énergique, indépendante et généreuse et a accepté de l’incarner.
Après avoir accompagné les cendres de son mari au Panthéon, comme un second enterrement où on l’aurait dépossédée de cet époux aimé et admiré, Madame Zola se laisse envahir par ses souvenirs. La conversation avec son petit chien ne lui suffisant pas, elle fait appel à Monsieur Fleury, son pharmacien. Il commence sa cure par des médicaments insolites, escargots couverts de chocolat par exemple. Peu à peu elle va lui confier ses tourments, ses chagrins. La psychanalyse naissant à cette époque, Annick Le Goff s’est amusée à faire de Monsieur Fleury écoutant les confidences de Madame Zola une sorte d’analyste avant l’heure. Mais comme entre eux se noue une relation d’amitié empreinte d’humour, il va, lui aussi, raconter à Madame Zola les tourments de sa vie de couple.
La metteuse en scène Anouche Setbon a joué de l’évolution de la relation des deux personnages. Dans son salon bourgeois, Madame Zola, en robe noire, parle à son petit chien dont on entend les aboiements hors scène, puis téléphone à Monsieur Fleury. Celui-ci se présente, embonpoint de notable, froid, professionnel et persuadé de la scientificité de ses remèdes d’apothicaire, dont doute un peu Madame Zola. Au fur et à mesure des scènes, il va s’asseoir derrière elle pour écouter Alexandrine, allongée sur une méridienne, dévoiler les petits secrets de sa vie avec son grand homme de mari. Encouragé par la franchise de sa patiente, lui aussi va parler de sa vie conjugale. Mais à la fin c’est lui qui présente sa note !
Catherine Arditi incarne bien les différentes facettes du personnage d’Alexandrine Zola. Volontaire, indépendante, ne s’en laissant pas compter et disant les choses telles qu’elles sont, elle est drôle, pleine de vie et de réparties, mais elle laisse aussi entrevoir les failles d’Alexandrine, son chagrin d’être une femme trompée. Pierre Forest lui donne la réplique avec humour et sensibilité.
Un duo qui permet de sortir de l’ombre une femme passionnée, anticonformiste et trop souvent oubliée. Presque toujours derrière l’ombre d’un grand homme, il y a une femme !
Culture J
« Madame Zola » : une femme passionnée, anticonformiste et… méconnueMettre en scène l’épouse de grands hommes de lettres est toujours délicat et nécessite une parfaite connaissance de sujet pour faire sortir de l’ombre ces épouses hors du commun. Tel est le cas de Madame Zola, pièce écrite par Annick Le Goff et finement mise en scène par Anouche Setbon. A saluer la prestation de Catherine Arditi, extraordinaire de présence, de force et de fragilité à la fois.
Après l’enterrement d’Émile Zola et du grand hommage qui lui a été rendu au Panthéon, Alexandrine Zola se retrouve seule à gérer sa vie, mais aussi le patrimoine de son célèbre mari. Elle s’y attelle avec ferveur, comme elle l’a toujours fait durant plus de vingt ans de mariage. Muse, secrétaire, amie, épouse accomplie, elle s’adresse à lui directement en faisant vivre son passé glorieux. Mais la solitude lui pèse, et elle se lie de plus en plus à son pharmacien qui vient lui livrer des médicaments de sa spécialité. Il la soulage de ses maux physiques mais aussi psychiques.
Là, on note des allusions malicieuses, distillés, quant à la future naissance de la psychanalyse et du pouvoir de la guérison par les mots. Cette étrange méthode qui « ne fera pas école », comme s’écrira Madame Zola, portera ses fruits, malgré ses réticences. Mais quand le pharmacien lui demandera de se confier et de lui dire ce qu’elle a sur le cœur, les mots et les aveux échangés la réconforteront totalement. Tour à tour virulente, passionnée, autoritaire, anticonformiste, et parfois affaiblie, elle lui confiera même son secret de femme, à savoir qu’elle n’a pas pu avoir d’enfants avec son mari, tandis que lui avait une maîtresse qui lui en a donné deux. Enfants qu’elle prendra ensuite en charge et qu’elle chérira de façon exemplaire. Est évoquée évidement la scandaleuse Affaire Dreyfus et le courageux « J’accuse » d’ Émile Zola, paru dans L’Aurore, de la condamnation du capitaine à sa réhabilitation, en passant par son exil. Toutes les facettes de sa personnalité s’expriment sur scène, et surtout lorsque l’on sait que le personnage de Madame Zola est interprété magnifiquement et majestueusement par la grande comédienne Catherine Arditi. Elle vibre littéralement sur scène, avec différents mouvements allant de la colère, à l’enthousiasme de l’abattement à l’ironie, et toujours avec une présence inouïe qui habite littéralement la scène, théâtrale. Son partenaire, Pierre Forest, lui donne la réplique avec malice, courtoisie et une bonne dose d’humour.
A savourer d’urgence.
Théâtresto
Bravo et merci à Annick Le Goff, l’autrice de ce petit bijou instructif et intelligent, pour avoir mis en lumière une de ces femmes de l’ombre auxquelles beaucoup d’hommes célèbres doivent leur carrière et leur réussite. Elle a imaginé ce dialogue entre Alexandrine, femme passionnée au caractère bien trempé avec ses souffrances et ses colères devant l’infidélité de son mari, et l’apothicaire Fleury, confident et psychanalyste en herbe. Quatre « séances » au cours desquelles ces deux personnages vont se dévoiler grands et petits secrets de leur vie privée.
Anouche Setbon a joliment mis en scène cette relation étonnante. Qui mieux que Catherine Arditi pour endosser les habits, très réussis ici, d’Alexandrine Zola, pouvant passer grâce à un jeu tout en ruptures, d’une extrême drôlerie à une profonde tristesse. Elle nous offre une remarquable prestation, tellement humaine derrière son tempérament autoritaire et parfois violent. Pierre Forest n’est pas en reste avec son jeu tout en rondeur et finesse. Sa belle voix de théâtre sied à merveille à son personnage.
En résumé, un beau moment de théâtre.
Vieille carne
Madame Zola, la veuve d’Emile revient toute chamboulée du Panthéon où son célèbre écrivain de mari repose désormais. Rentrée chez elle, Madame Zola n’a pas peur de parler seule. Commence alors une longue conversation imaginaire avec le défunt, la vie remonte le temps, seulement ponctuée par les visites de l’apothicaire-pharmacien qui vient lui livrer des pilules contre son asthme.
Il est temps de régler ses comptes avec cet Emile, son "grand homme", un des plus grands écrivains du siècle. Et ses relations avec Cézanne aussi, cet être insupportable, dont elle n’aimait pas la peinture et pour lequel elle a posé, (elle s’est enfin débarrassée de ses dernières œuvres qui encombraient l’appartement).
Sa vie à la fois mouvementée et retirée lui rappelle que son Emile ne fut pas toujours fidèle, qu’il ne dédaignait pas les maîtresses, surtout cette Jeanne Rozerot avec laquelle il a eu deux enfants. Femme généreuse, Alexandrine Zola les a même reconnus pour qu’ils aient une vie décente.
La belle idée de la pièce, c’est ce dialogue régulier avec l’apothicaire qui devient de plus en plus fréquent et où Alexandrine se livre de plus en plus intimement si bien que l’apothicaire se transforme doucement en confident jusqu’à écouter les petits et les grands secrets d’Alexandrine, assis derrière le divan où elle s’est réfugiée. Cette prémonition de la psychanalyse ne manque pas de sel, même si Alexandrine met fin à ses conversations sous prétexte qu’elles pourraient dépasser le cadre intime de l’appartement et se retrouver colportées dans des cercles plus ou moins bienveillants.
Grâce à la légèreté et l’habileté du texte d’Annick Le Goff, tous les grands moments de la vie du couple sont évoqués avec émotion et humour, de l’affaire Dreyfus à l’exil et à la réhabilitation.
Catherine Arditi est une grande comédienne, nous le savons, une fois de plus elle se montre juste, drôle et émouvante, quant à Pierre Forest, l’apothicaire psychanalyste, sa bonhommie et son bon sens répondent parfaitement au jeu de sa partenaire et font de cette pièce un moment attachant dont la profondeur se cache derrière la brillance du dialogue. La représentation, ni trop longue ni trop courte, sans être didactique, respire la vie, le quotidien et l’authentique, c’est un plaisir d’entendre, de voir jouer ce texte et d’apprendre tout de la vie de cette femme piquante et de son génie de mari.
Spectacle Sélection
1908, Zola repose désormais au Panthéon, à côté de Victor Hugo. Les honneurs lui ont été rendus, son épouse Alexandrine en a eu sa part, mais la voilà privée pour la seconde fois, six ans après sa mort, de son Emile, avec qui elle prolonge un dialogue mouvementé au-delà de la séparation. Elle ne lui y épargne ni confidences ni acrimonie. Plus de trois décennies ont soudé un couple infrangible, en dépit des atermoiements au mariage officiel, de l’hypocondrie du grand homme timoré, inféodé à sa mère et terrifié par la perspective du scandale de l’adultère dévoilé. Car, si attaché qu’il ait été à son Alexandrine, c’est vers la jeune lingère Jeanne qu’il avait porté son désir d’homme et de paternité. Tous ces épisodes, la maternité interdite, les combats politiques, l’Affaire Dreyfus, la loyauté jamais prise en défaut, Alexandrine les dévoile peu à peu, d’anecdotes en confidences et en aveux de souffrance, à son fidèle apothicaire, Monsieur Fleury, qui vient quotidiennement lui porter des remèdes de sa composition pour enrayer un asthme tenace. Le prévenant pharmacien n’est pas épargné lui non plus par les aléas de l’infidélité et du divorce. D’abord confident que la bouillante Madame Zola bouscule sans ménagement, il se mue progressivement en psychologue amateur, sans renoncer à la méthode de son illustre confrère, Emile Coué. Entre ces deux blessés du mariage, se noue une complicité tissée de souffrance. Il est imbu de)àp ses découvertes qui révolutionneront à coup sûr la médecine, elle se montre bravache et fière de son passé de joli modèle des grands peintres de sa jeunesse, Manet, Cézanne. Mais leur solitude est patente et soude entre eux un couple atypique. Catherine Arditi campe, avec autant de délicatesse que de fougue rageuse, le désarroi de l’épouse meurtrie mais généreuse, qui sait combien elle a inspiré nombre de pages admirables des Rougon-Macquart et ne se fait pas faute de les lire avec grande émotion. Pierre Forest est attendrissant dans le rôle du comparse amusé, sensible et fragile.
Une bien jolie mise en lumière des coulisses de la grande Histoire.
On sort ou pas ?
Voilà une rencontre vraiment pittoresque bien qu’inventée, celle entre Alexandrine Zola et un apothicaire, au moment où le corps du célèbre écrivain a été transporté au Panthéon. Nous sommes en 1908, pour la date exacte, référez-vous à celle où la dépouille d’Emile Zola a rejoint sa dernière demeure ! Au début de la pièce Alexandrine Zola, toujours très amoureuse de son défunt mari, bavarde avec lui, un dialogue à sens unique, mais qui nous fait comprendre sa détresse et son désarroi. L’arrivée inopinée de l’apothicaire Fleury va nous montrer cette femme, qui a des problèmes de santé, va accueillir ce nouveau venu, et parler beaucoup avec lui. D’elle, de Zola, mais aussi d’une femme à qui Emile Zola a fait deux enfants, dont elle prend grand soin. C’est le portrait d’une vraie femme, anti conformiste à laquelle on s’attache très vite. Annick le Goff a écrit cette pièce après avoir lu la biographie d’Evelyne Bloch-Dano sur l’illustre écrivain, et elle a été touchée par le fait que Madame Zola est en fait une grande inconnue pour le public. Qui peut se vanter de savoir qu’elle était issue des bas-fonds de Paris, qu’elle a été orpheline à l’âge de 7 ans, qu’elle fut blanchisseuse et qu’à 14 ans, elle ne savait ni lire, ni écrire ? On est totalement captivé par les différents récits et ceux de son nouvel ami, en tout bien tout honneur, Fleury. L’auteure, Annick Le Goff nous fait vivre cette histoire avec beaucoup de talent. On se délecte de ces dialogues et on apprécie la mise en scène d’Anouche Setbon. Mais on vibre d’autant plus pour celle qui interprète Alexandrine : Catherine Arditi. Venez vous régaler avec MADAME ZOLA, au Petit Montparnasse.
Critiquethéâtreclau
Derrière la vie d’un grand homme, se cache toujours une femme, c’est cette femme Alexandrine Zola que nous allons découvrir.
En 1908, Alexandrine revient du Panthéon, monument dédié aux grands hommes de la République française. Les cendres de son défunt mari Zola viennent d’y être transférées. Désormais, Zola reposera au côté de Victor Hugo. Alexandrine émue et chamboulée par cette cérémonie retrace le parcours de sa vie. Elle s’adresse parfois à l’ombre de Zola, parfois à son confident, l'apothicaire Fleury. Alexandrine nous conte ses souvenirs, ses luttes, ses secrets, sa solitude auprès de ce grand homme qu’elle a soutenu et épaulé à travers ses engagements politiques malgré son chagrin dû à la vie amoureuse et tumultueuse de Zola. Alexandrine est née dans les bas quartiers, orpheline dès son plus jeune âge, elle devient blanchisseuse, pose pour les impressionnistes puis rencontre Zola qui sera la passion de sa vie.Ce fut une femme intelligente, combative, généreuse, passionnée, aux idées larges. Vous connaissez Zola pour son œuvre et son combat politique. Vous découvrirez son histoire plus intime auprès d’une femme exceptionnelle.
Catherine Arditi nous bouleverse tant par son talent que par la justesse de son jeu, Pierre Forest nous émeut. Une grande complicité règne entre eux, ce qui nous réjouit et nous captive.
Plaisir Place
Qui n’a pas lu au moins une des œuvres de ce prolifique et célèbre auteur qu’est Emile Zola ? Mais que sait-on de son épouse à ses côtés pendant plus de 38 ans ? La biographie d’Evelyne Bloch-Dano nous éclaire faisant pénétrer dans l’intimité de Madame Zola qui fut un personnage loin d’être sans consistance et qui contribua à l’ascension de son mari.
Dans un décor d’une grande sobriété (une chauffeuse – une table avec un téléphone et une chaise – un large rideau crème couvrant le mur fond de scène) arrive Madame Zola (Catherine Arditi) vêtue de noir. Emile Zola vient de prendre place au Panthéon (d’après décision de Jaurès) : ce qui lui fait dire qu’elle l’enterre pour la deuxième fois et que dorénavant il appartiendra à tout le monde ! Le ton est donné et laisse supposer qu’elle ne va pas utiliser « la langue de bois ». Avec franchise et humour elle va se poser elle-même la question « Zola aurait-il été célèbre sans moi ? »
Tout au long de cette pièce nous allons suivre le cheminement de sa vie maritale. Les monologues – dans lesquels elle nous raconte sa vie, ses déboires,- la maîtresse de Zola et les deux enfants qu’elle a élevés comme les siens, – l’affaire Dreyfus, et tant d’autres événements – alternent avec les visites d’un certain Monsieur Fleury, – pharmacien de son état – qui tente de soigner son asthme avec des potions particulièrement étranges, – lui servant également de conseiller (ce que l’on appellera bien des années après un psy), mais à qui réciproquement elle prodigue aussi certains conseils. D’ententes en mésententes, ce duo finira par un lien amical. A noter, tout de même, certaines scènes amusantes, comme celle où Madame Zola, dans une diction parfaite, lit des passages d’une des œuvres de son mari « Le ventre de Paris » à son chien Fanfan caché dans les coulisses. On découvre également une femme qui n’hésitait pas à s’investir et à donner son avis dans la mise en scène et le choix d’une comédienne, comme dans la pièce « Thérèse Raquin ».
Catherine Arditi est tout simplement sublime en Madame Zola et donne corps au personnage, prenant en aparté l’assistance comme confident, l’associant étroitement aux souvenirs qu’elle évoque avec humour, sensibilité et finesse. Pierre Forest, campe avec bonhomie et intelligence ce personnage bon enfant, jovial, qui se laisse dominer parfois mais qui sait également redresser la barre de temps en temps.
La mise en scène d’Anouche Setbon met en valeur le talent de ces deux comédiens, attire et interpelle l’attention du public sur ce texte riche et admirablement écrit.
La musique de Michel Winogradoff colle parfaitement à l’atmosphère de la pièce. Au théâtre nous pouvons être déçus ou satisfaits. Avec « Madame Zola » le spectateur est certain de repartir sous le charme.
Culture Tops
Le texte d'Annick Le Goff est épatant, le ton est vif, gai et plein d'humour et l'écriture est limpide, enlevée. La comédienne Catherine Arditi colle parfaitement à son personnage, elle est petite, toute en rondeurs - les canons de l'époque - pétillante même avec sa petite voix flûtée et son excellente diction, un vrai régal. Le personnage de l'apothicaire, un peu falot au début, prend peu à peu de l'épaisseur et de l'humanité. La mise en scène est simple mais efficace. Cette pièce, emmenée de main de maître par Catherine Arditi, est une réussite. On découvre un personnage colérique, emporté mais très fort, servi par une volonté de fer, attendrissant dans son désarroi et sa sincérité. Cette dame a secondé avec succès Emile Zola dans sa carrière, tant sur le plan politique que social. On évoque l'affaire Dreyfus, grand combat de l'écrivain et la vie pour le moins tourmentée de ce dernier, avec une belle touche d'humour.
Les Artisants du livre
Pour commencer, je tiendrai à dire qui ne connaît mieux Zola que sa femme ? C’est Anouche Setbon qui nous livre une vision haute en couleur du couple… Durant 1h30, le spectateur est plongé dans l’intime, où Catherine Arditi joue son rôle à merveille. Elle réussit à livrer une interprétation des plus justes grâce à un très beau texte. On a peu à peu toutes les facettes de leur vie conjugale grâce aux humeurs changeantes d’Alexandrine… « Injustement méconnue » selon l’autrice Annick Le Goff, elle pensait adapter son texte au théâtre avec l’idée suivante : « le transfert des cendres de Zola au Panthéon, cérémonie où elle enterrait son mari pour la seconde fois, pouvait être un événement émotionnel suffisamment fort pour que « les souvenirs se bousculent dans la tête ». À cette époque naissait la psychanalyse, l’idée de scènes prenant des allures de séances avec un apprenti sorcier […]. Quant à Monsieur Fleury, l’apothicaire, il apporte également un peu de légèreté entre deux confidences de Madame Zola. Les potions qu’il lui prescrit pour soulager ses maux ne sont pas forcément efficaces, mais ont une composition des plus inattendues. Le spectacle amène une réflexion sur la condition féminine à l’époque, la place de Madame Zola n’est pas enviable. En 1908, le mariage est un sacrement divin et le divorce un nouveau droit… Je vous invite donc vivement à courir au théâtre Montparnasse pour aller voir la pièce. On connaît l’histoire de Zola, ce célèbre écrivain, défenseur des droits de l’homme, mais nous avons durant ce spectacle, la vision originale et sensible … de sa femme !
Agoravox
Si l’autrice Annick Le Goff et la metteuse en scène Anouche Setbon ont eu l’idée d’associer ces deux artistes « moliérisés », c’est pour figurer une cause restée souvent dans l’ombre, celle des grands hommes dont l’aura dissimule, de leur vivant ainsi que post mortem, la cheville ouvrière de leur réussite personnifiée en coulisse par une épouse dévouée et pleinement impliquée dans l’ambition de leur mari. En l’occurrence, qui aurait pu, jusqu’à aujourd’hui, se targuer de bien connaître la formidable détermination d’Alexandrine Zola, veuve d’Emile particulièrement connu historiquement par son « J’accuse … » titré dans L’Aurore du 13 janvier 1898 ? Cependant, cette femme ayant consacré toute son existence au soutien sans faille et ensuite à la mémoire pleinement défendue de son conjoint, aura dû passer outre à beaucoup de désagréments personnels et domestiques. Voici donc que surgit, opportunément, cette phase de prise de conscience extravertie dont il s’agit ici de mettre en exergue les tenants et aboutissants. En effet, à l’occasion de la cérémonie honorifique du transport d’Emile Zola au Panthéon, l’abnégation d’Alexandrine lui fait constater intérieurement qu’elle perd ainsi une deuxième fois celui dont elle a entièrement partagé la vie pour le meilleur et pour le pire. Ce trop plein de frustrations accumulées implose alors en un monologue qu’elle adresse à Emile à haute voix, ne s’épargant point de lui exprimer les reproches enfouis concernant notamment sa vie parallèle avec la lingère qu’elle avait elle-même embauchée, tout en ayant ensuite œuvré à ce que les deux enfants illégitimes puissent porter le nom de « Zola ». Déclenchant à cette occasion des symptômes psychosomatiques d’asthme, l’apothicaire Fleury sera convoqué au domicile de madame Zola afin d’y apporter remèdes plus ou moins expérimentaux.
De fil en aiguille, c’est peu à peu une véritable cure de psychanalyse « sauvage » qui se mettra en place entre la veuve et le bon samaritain de circonstance ayant l’intuition et l’art de savoir écouter ainsi que de dire les mots justes mettant du baume sur les plaies toujours à vif. De ces entretiens réitérés naîtra une amitié profonde où, par interaction agissante, les deux protagonistes s’apporteront mutuellement éclairage et appui sur ces profondes douleurs indicibles qui encombrent la perception que l’on a de soi-même dans sa relation au monde. En osant se confier à Fleury, c’est-à-dire en renonçant à tout système défensif et en permettant ainsi le transfert des affects négatifs, Alexandrine fait mieux que de solder les comptes avec son « Grand Homme », elle se réconcilie surtout avec elle-même et donne ainsi à voir le visage apaisé que la reconnaissance réciproque engendre nécessairement lorsque le surmoi laisse enfin passage au « ça » freudien. De par ce récit théâtral métaphorique le duo Le Goff / Setbon illustre la vertu du verbe associatif permettant à la psychanalyse naissante, en cette fin du XIXème siècle, d’ouvrir les perspectives prometteuses… de la résilience à venir.
de Septembre à Décembre 2020