Maupassant, Octave et moiAvignon 2024
Juillet 1884.
Un an après la mort de Guy de Maupassant, une soirée en son hommage est organisée par la Société des Gens de Lettres pour recueillir des fonds auprès du Tout-Paris artistique afin de lui élever une statue au Parc Monceau.
Lors de cette soirée, Madame Pasca, célèbre comédienne de cette fin du XIXe siècle et une grande amie de Guy de Maupassant va interpréter quatre des ses nouvelles. (Regret, Mon oncle Jules, Décoré ! Le Rendez-vous)
Mais son partenaire prévu, le grand acteur Paul Porel, est souffrant. Il faut lui trouver un remplaçant.
Octave Lacombe, comédien obscur recommandé par Emile Zola, se présente alors à l’audition...
extraits de presse
Coup de cœur de Jacques Nerson
L’Obs
Toutes les couleurs de Maupassant : la tendresse et la cruauté des hommes. Magnifique choix.
Le journal d’Armelle Héliot
La complicité des deux beaux acteurs, savoureuse, enchante.
De même le piquant des nouvelles choisies, drôles, cruelles, vivantes : impeccablement restituées.
Le Journal du Dimanche
Très fine évocation de l’auteur. Sylvie Blotnikas a choisi quatre nouvelles et imaginé une situation très fertile.
Le quotidien du médecin
Du bel ouvrage, un petit bijou !
L’Œil d’Olivier
Ce très beau spectacle est de ceux qui se dégustent avec une gourmandise et une délectation non feinte.
De la cour au jardin
Cette adaptation remarquable nous plonge à la fois dans le monde de Maupassant et dans l’atmosphère littéraire et artistique de l’époque.
Culture tops
Adaptation très réussie de Sylvie Blotnikas qui tisse autour des quatre nouvelles une intrigue légère et savoureuse.
Le succès remporté est amplement mérité.
Spectacles sélection
C’est un plaisir théâtral et littéraire, c’est une pépite, c’est un joyau.
Coup de théâtre
On aura l'agréable surprise de passer une heure en compagnie à la fois des œuvres, de leur auteur, le tout replacé dans un contexte où l'on parle des personnages célèbres.
Froggy’s Delight
Une bulle de grâce littéraire !
Toute la culture
Sylvie Blotnikas et Julien Rochefort apportent une qualité d’interprétation à la hauteur de leur mise en scène, solide et aboutie.
Sur les Planches
Du grand Maupassant servi par deux très bons acteurs. Un véritable petit bijou qu’il faut courir découvrir absolument.
SNES FSU
Un travail parfaitement accompli, et un moment soigneusement ciselé, et merveilleusement restitué.
Au théâtre et ailleurs
adaptation et écriture
Sylvie Blotnikas
avec
Sylvie Blotnikas et Julien Rochefort
musique Ernest Chausson
lumières Ydir Acef
Le journal d’Armelle Héliot
Maupassant tout en nuances
Sylvie Blotnikas a réuni quatre nouvelles de l’auteur de Boule de suif dans un cadre inspiré de son temps et joue avec son excellent partenaire, Julien Rochefort.
C’est toujours avec un grand plaisir que l’on retrouve Sylvie Blotnikas et Julien Rochefort.
Depuis une vingtaine d’années, qu’ils aient joué au Poche-Montparnasse des textes originaux ou qu’ils se penchent sur la vie de grands écrivains, Hugo comme Kafka, ils nous enchantent.
Ils sont lettrés et très fins. Elle écrit, adapte, traduit, ils mettent en scène et jouent. Des spectacles aussi intelligents que touchants. Des moments de théâtre et de littérature très délicats. Joués avec tact, esprit, profondeur sans déploiement spectaculaire, mais très soignés : costumes et éléments de décor sont sans doute de leur invention, les lumières sont belles, signées Idir Acef.
La musique est celle d’un compositeur du temps de Maupassant, Ernest Chausson, qui mourut accidentellement en 1899, à 44 ans à peine, d’une chute de bicyclette. Pour lier les quatre nouvelles qu’elle a choisies, Sylvie Blotnikas s’appuie sur le fait qu’après la mort de l’écrivain, une souscription fut lancée pour que l’on édifie une statue à sa gloire, au Parc Monceau. Elle s’imagine en Madame Pasca, amie de Flaubert, comédienne et protectrice de Maupassant, son ainée de dix-sept années, dont le portrait par Léon Bonnat appartient aux collections d’Orsay. Elle joua notamment dans Musotte au Gymnase en 1891. Un petit rôle, par amitié. Elle se prénommait Alix.
Sylvie Blotnikas invente un jeune comédien, Octave Lacombe. Madame Pasca lui offre de dire des textes de Maupassant lors d’une soirée destinée à recueillir des fonds pour la statue. Julien Rochefort, qui n’a partagé d’une seule affiche avec son père, Jean Rochefort, connaît par le cœur le cher Maupassant. Il avait tourné pour France 2, Hautot père et fils. Un beau film et depuis un appétit aiguisé pour Maupassant. Faut-il en dire plus ?
Découvrez ce moment de tact et de jeu. Le mystère de Madame Pasca, sa belle énergie, sa générosité, son rayonnement de femme du monde et de comédienne reconnue. Elle est idéale. Quant à Julien Rochefort, il est très juste, très vif, très séduisant dans la partition déliée du timide Octave Lacombe. Ses regards, son visage nuancé, tout ici impose les beautés et les cruautés aussi des textes du grand auteur : Regret, Mon oncle Jules, Décoré ! Le Rendez- vous. Toutes les couleurs de Maupassant : la tendresse et la cruauté des hommes. Magnifique choix.
Le spectacle s’intitule Maupassant, Octave et moi. A partager sans retenue.
Le journal du dimanche
Sylvie Blotnikas, signe la mise en scène finaude de ce spectacle d’une simplicité plaisante, avec un fauteuil pour tout décor. Elle y incarne la fameuse Madame Pasca qui, à la mort de son ami Guy de Maupassant, se chargea de lui rendre un hommage public. Pour ce faire, la célèbre comédienne adapte quatre nouvelles de l’écrivain mais son partenaire de jeu étant malade, elle lui trouve un remplaçant, Octave Lacombe, acteur méconnu… cette anecdote, réelle, fait tout le sel de ce spectacle bref et lumineux, pour lequel Julien Rochefort – compagnon de Sylvie Blotnikas dans la vie, et par ailleurs fils de Jean Rochefort – tient le rôle de Lacombe faisant ses preuves auprès de la grande actrice…
La complicité des deux beaux acteurs, savoureuse, enchante. De même le piquant des nouvelles choisies, drôles, cruelles, vivantes : impeccablement restituées.
L’Obs
Léon Daudet estimait que Flaubert avait été un parrain pernicieux pour Maupassant. Alberto Savinio jugeait l’intelligence de ce dernier médiocre et même des plus basses, mais lui reconnaissait « un talent vigoureux. Car l’intelligence ne sert guère le talent, elle l’entrave même et l’éparpille ». José Cabanis, quant à lui, n’aimait pas son style, en particulier ses qualificatifs en rafales, là où un seul, juste, suffirait. Quoi qu’en pensent ces messieurs, Maupassant est un conteur prodigieux. Plus nouvelliste que romancier, il tire de ses personnages de saisissants portraits instantanés.
Sylvie Blotnikas et Julien Rochefort, qui jouent souvent en couple, ont eu la bonne idée de relier quatre parmi ses quelque trois cents nouvelles.
« Regret » : un homme se demande s’il n’a pas jadis laissé passer la femme de sa vie à cause de sa pusillanimité.
« Mon oncle Jules » : la preuve que les oncles d’Amérique ne sont pas tous des oncles à héritage.
« Décoré » : comment un homme qui rêve d’arborer un ruban rouge à sa boutonnière sans avoir le moindre titre à le réclamer, finit quand même par l’obtenir.
« Le Rendez-vous » : où l’on voit une femme marcher à reculons vers la garçonnière de l’amant dont elle s’est déprise. Les quatre nouvelles étant censées être interprétées par madame Pasca, actrice célèbre en son temps, et son partenaire Octave Lacombe, resté d’autant plus obscur qu’il est imaginaire, le 24 octobre 1897, jour de l’inauguration au parc Monceau de la statue de Maupassant exécutée par Raoul Verlet. Très plaisant de feuilleter ces petits contes cruels en compagnie de ces bons lecteurs : ils choisissent bien les textes et savent bien les dire.
Spectacles séléction
Un an après la disparition de Guy de Maupassant, l’émotion est encore vive. La Société des Gens de Lettres, désireuse d’élever une statue en son honneur au Parc Monceau, organise une soirée afin de recueillir les fonds. Grande amie de l’auteur, la comédienne Alice Pasca a l’intention de présenter quatre de ses nouvelles mais son partenaire Jacques Porel est souffrant. Qui pour le remplacer ? Quand Octave Lacombe se présente, elle hésite à choisir un partenaire totalement inconnu, même recommandé par Émile Zola. Cependant, le comédien en devenir parvient à toucher la corde sensible de la comédienne et deux auditions achèvent de la convaincre. Les répétitions se succèdent. Amoureux transi, neveu d’un oncle malhonnête, mari obnubilé par les décorations, épouses infidèles unissent Octave et Alice dont la complicité s’accroît jusqu’au grand soir qui survient avec le succès escompté. Mais cette aventure de théâtre verra-t-elle un lendemain plus intime ?…
Les nouvelles de Maupassant portent en elles le même regard lucide et sans illusions que ses romans. L’adaptation très réussie de Sylvie Blotnikas en adopte le style et le joli coup de plume. Théâtre dans le théâtre, elle tisse autour des quatre nouvelles une intrigue légère et savoureuse. Regret et Mon oncle Jules permettent à Julien Rochefort d’exprimer tout son talent. Sylvie Blotnikas est irrésistible dans les rôles des épouses dans Décoré ! et le Rendez-vous. Le succès remporté est amplement mérité.
Le quotidien du médecin
On retrouve un duo qui aime s’aventurer sur les terres des grands écrivains. Après Hugo, Kafka, voici « Maupassant, Octave et moi », très fine évocation de l’auteur. Sylvie Blotnikas a choisi quatre nouvelles et imaginé une situation très fertile qu’on vous laisse découvrir. Elle joue une belle protectrice face à un comédien vif et sensible qu’incarne Julien Rochefort.
Culture Tops
En 1894, un an après la mort de Maupassant, une souscription est lancée par la Société des Gens de Lettres pour recueillir des fonds, afin d’élever une statue de l’auteur au Parc Monceau. En vue d’une représentation devant la Société des Gens de Lettres, c’est Madame Pasca, célèbre actrice de l’époque, qui va jouer les rôles féminins, mais il faut trouver un acteur masculin pour remplacer Paul Porel. C’est un acteur inconnu, Octave Lacombe, qui va interpréter ce rôle. Quatre nouvelles de Maupassant sont alors choisies :
Regret (1883), Mon Oncle Jules (1883), Décoré (1883) et Le Rendez-vous (1883). Elles ont en commun un regard amusé et en même temps désabusé sur la nature humaine :
- dans Regret, le héros regarde sa vie ratée parce qu’il n’a pas osé dire son amour à Madame Sandre ;
- Mon Oncle Jules montre une famille qui vit dans un faux espoir : le retour d’un riche oncle d’Amérique alors qu’il est devenu un pauvre vagabond ;
- Décoré décrit l’obsession du héros pour les décorations, qui ne comprend pas que sa femme a obtenu la récompense tant convoitée en offrant ses faveurs au député ;
- enfin Le Rendez-Vous montre une femme lasse de ses rendez-vous avec son amant, le vicomte de Martelet, mais qui n’ose pas le lui dire, et se jette dans les bras d’un autre séducteur, le baron de Grimbal. Ces quatre nouvelles nous plongent dans l’atmosphère littéraire et artistique de l’époque, avec la présence de « Monsieur Zola » et la place du sculpteur Verlet. C’est l’originalité d’avoir placé ces nouvelles dans le cadre d’une souscription lancée par la société des gens de Lettres.
La peinture de la société est réaliste et cruelle : les personnages vivent dans l’illusion, et leur vie se déroule à côté de la vraie vie.
Cette adaptation est remarquable, car elle fait un lien entre les quatre nouvelles avec des dialogues des deux acteurs entre chacune des pièces.
Le jeu des comédiens est impressionnant : ils campent successivement des personnages très différents avec une incroyable conviction.
La mise en scène minimaliste met l’accent sur la force des acteurs : une table et deux chaises leur permettent d’affirmer leurs divers personnages avec une grande force. On oublie tout pour les imaginer. On voit en même temps le cadre des nouvelles de Maupassant et la situation des acteurs qui trouvent si difficilement des rôles à leur mesure.
Aucune réserve envers cette excellente pièce.
Cette adaptation remarquable nous plonge à la fois dans le monde de Maupassant et dans l’atmosphère littéraire et artistique de l’époque.
L’on ne s’ennuie pas une seconde, et l’on croit au fil qui relie les quatre nouvelles : la représentation devant la société des Gens de Lettres.
Sur les planches
Une mise en abime de l’œuvre de Maupassant à travers quatre de ses nouvelles. Maupassant, Octave et moi est un prétexte bien agréable pour apprécier un l’entrelacs bienvenu de nouvelles peu connues par deux comédiens émérites qui assurent à ce spectacle une belle réussite.
A travers cette pièce, Sylvie Blotnikas noue une intrigue artistique, historique et littéraire en mettant en scène Madame Pasca, comédienne à succès, qui a accompagné Maupassant tout au long de sa vie. Présentée par Flaubert à Maupassant, elle deviendra aux yeux de ce dernier une source permanente d’admiration. L’histoire retiendra qu’une souscription avait été lancée par la Société des Gens de Lettres afin d’ériger une statue de Maupassant au Parc Monceau, décédé quelques mois auparavant. Sylvie Blotnikas a imaginé une cérémonie théâtrale exceptionnelle préalable présidée par Madame Pasca, rendant un hommage appuyé à son ami récemment disparu. L’idée étant de récolter des fonds pour l’érection de cette statue. De facto, Madame Pasca, en charge de cet événement organise une audition afin de trouver un partenaire adéquat susceptible de remplacer le grand acteur Paul Porel quelque peu souffrant et de jouer quatre nouvelles de Maupassant.
Jetant son dévolu sur Octave Lacombe avec lequel elle semble rapidement entretenir un tendre sentiment, ils interprètent Regrets, Mon oncle Jules, Décoré et le Rendez-vous. Jouant tous deux le théâtre dans le théâtre, ils tissent possiblement tous deux une histoire que Maupassant n’aurait sans doute pas reniée. A ce titre, Sylvie Blotnikas et Julien Rochefort apportent une qualité d’interprétation à la hauteur de leur mise en scène, solide et aboutie. Amoureux de Maupassant, vous ne pourrez résister à découvrir l’adaptation de quatre de ces nouvelles peu connues du grand public !
SNES
Sylvie Blotnikas qui avait magistralement mis en scène Boule de suif en 2020 a plongé avec bonheur dans les centaines de nouvelles écrites par Maupassant. Elle en a retenu quatre publiées dans différents journaux, trois en 1883, Regret, Mon oncle Jules, Décoré ! et une en 1889, Le rendez-vous. Plutôt que de les aligner l’une après l’autre, elle a cherché un moyen de les relier. Il se trouve que quelques mois après la mort de Maupassant, la Société des Gens de Lettres avait lancé une souscription pour élever dans le Parc Monceau une statue à sa gloire. Sylvie Blotnikas a donc imaginé qu’à l’occasion d’une soirée exceptionnelle prévue pour récolter des fonds, le comédien pressenti étant tombé malade, l’organisatrice Madame Pasca, célèbre comédienne et amie de Maupassant, avait dû faire appel à un jeune comédien. Pour le tester elle lui aurait demandé de jouer ces nouvelles. Le lien, astucieux, permet de passer avec fluidité d’une nouvelle à l’autre.
Sur le plateau, deux fauteuils, un porte-manteaux suffisent à camper le décor. Le style de Maupassant se prêtre bien à une adaptation théâtrale avec ses discours directs ou indirects et ses descriptions au scalpel. Par la voix de deux acteurs, Sylvie Blotnikas et Julien Rochefort, tous deux excellents, on entre dans le monde décrit avec réalisme par Maupassant, un monde de petits notables médiocres, mus par la bêtise, l’égoïsme, la cruauté et l’avidité. Le regard pessimiste de l’auteur se teinte souvent d’une ironie désabusée dans les dialogues, où pointe un humour caustique et délicieux.
Tantôt narrateurs, tantôt personnages dialoguant, les deux acteurs font merveille. Julien Rochefort excelle à prendre le visage d’un sot, comme celui de l’homme tout à son rêve de décoration qui ne voit pas que celle qu’il obtient enfin, c’est à la tromperie de sa femme qu’il la doit. Il peut aussi faire sentir ce qu’il y a de cruauté chez Maupassant dans sa description de cet homme solitaire qui, l’âge venant, prend brusquement conscience qu’un peu de volonté lui eût permis de ne pas passer à côté de l’amour de sa vie. Puis soudainement juvénile et plein d’espérance, il devient ce jeune comédien pétri d’admiration pour Madame Pasca qui doute de son talent, mais se bat pour obtenir un rôle dans la soirée des Gens de Lettres. Sylvie Blotnikas n’est pas en reste pour lui donner la réplique. Tantôt narratrice, tantôt Madame Pasca souveraine, tantôt et surtout partenaire du personnage masculin. Elle y déploie une cruauté ironique et éblouit particulièrement dans la dernière nouvelle par une méchanceté nonchalante et une lucidité surprenant pour l’époque. Un véritable petit bijou qu’il faut courir découvrir absolument.
L’Œil d’Olivier
Sylvie Blotnikas et Julien Rochefort ont tricoté une œuvre remarquable à partir de quatre nouvelles de Guy de Maupassant. Leur spectacle, Maupassant, Octave et moi, est un vibrant hommage à l’auteur, mais également à l’art dramatique. Du bel ouvrage.
Comédienne, metteuse en scène et autrice, Sylvie Blotnikas nous régale depuis deux décennies avec ses spectacles. Nous l’avions découverte avec sa délicieuse pièce Antoine et Catherine, au Poche Montparnasse, en 2000. Les directeurs de l’époque, Etienne Bierry et Renée Delmas, lui avait offert sa première chance. Par la même occasion, nous avions alors remarqué, un comédien formidable, Julien Rochefort. Il y eut ensuite, en 2004, Edouard et le tourbillon. Couple à la ville, ils unissent régulièrement leurs talents à la scène. On se souvient encore de leur spectacle, présenté au Lucernaire en 2016, Pyrénées ou le voyage de l’été 1843 de Victor Hugo.
La beauté des textes
Ils retrouvent le Lucernaire pour leur nouvelle création qui nous a enchantés. Pourtant, il n’y a pas plus difficile comme exercice de théâtraliser des œuvres romanesques. Les nouvelles de Maupassant se prêtent à l’exercice. Car le style narratif de l’auteur, avec ses descriptions des personnages et de leurs ressentis, permet aux comédiens et comédiennes d’exercer leur art. Clémentine Célarié, avec Une vie, André Salzet avec Boule de Suif (mis en scène par Blotnikas), l’ont bien démontré. Ici, il est question de quatre nouvelles. Le piège était de tomber dans la succession de récits et de tomber dans l’ennui. Or, il n’en est rien. Sylvie Blotnikas a eu l’excellente idée d’imaginer une histoire qui est le fil conducteur entre les textes. Et cette histoire est passionnante. Madame Pasca, grande comédienne ayant connu Maupassant, est chargée de préparer un spectacle pour l’anniversaire de sa mort. Elle a choisi dans son œuvre foisonnante, quatre charmants textes, Regret, Mon oncle Jules, Décoré ! (sublime) et Le rendez-vous. Elle doit les interprétés avec l’immense Paul Porel. Celui-ci lui ayant fait faux bond, elle cherche un remplaçant. Ce sera Octave Lacombe, obscur artiste, qu’Emile Zola lui a recommandé.
L’éloge aux gens de théâtre
Cette idée du théâtre dans le théâtre fonctionne à merveille, tout comme celle d’opposer une grande artiste, louée par tous, à un artisan du métier. L’art dramatique et le monde du théâtre sont alors explorés avec une délicatesse qui ne peut que nous toucher.
Madame Pasca a véritablement existé. Elle a joué pour les plus grands de l’époque, comme Alexandre Dumas fils, Meilhac et Halévy, Victorien Sardou. Si son nom n’est pas resté dans la légende, comme celui de Sarah Bernhardt ou Réjane, pour Maupassant, « elle est femme du monde en même temps qu’artiste supérieure ». Il rajoutait même dans sa chronique pour Le Gaulois, « qu’il se peut que la première de ces « professions » nuise à la seconde ». Cela reste d’actualité pour certaines comédiennes ! Sylvie Blotnikas est parfaite dans ce personnage mesuré. C’est une femme du monde, pas une star capricieuse. Auprès d’Octave, elle mesure que la gloire ne fait pas le talent.
L’art du jeu
Octave ! Il ressemble à tellement d’artistes dont on loue les talents mais que le grand public ne connaît pas. Ils exercent leur métier avec fougue et passion. L’inconnu a remplacé avec brio l’immense acteur et cette soirée exceptionnelle, donnée devant le Tout-Paris, lui ouvre les portes des grands théâtres. Il ne sera pas un premier rôle, mais cela n’était pas son emploi. N’oublions pas que le théâtre a besoin de ces artistes pour donner vie à la troupe. Julien Rochefort, fils aiîné de Jean, à un point commun avec Octave, sa grande sincérité et sa droiture. Comme toujours la grande diversité de jeu et son sens inné des ruptures de ton nous a totalement charmés.
Dans un jeu de lumière finement ciselé par Ydir Acef, accompagné par les musiques du compositeur Ernest Chausson, la mise en scène du couple Blotnikas-Rochefort possède une belle élégance, celle du cœur et de l’authenticité. Un petit bijou qui s’inscrit bien dans cette petite salle du Paradis !
Toute la culture
Qui mieux que Sylvie Blotnikas a su nous concocter une aussi belle pièce hommage à Maupassant. Par sa mise en scène de Boule de Suif nous la savions brillante metteuse en scène et lectrice éclairée de l’œuvre de l’écrivain de Normandie
Un hommage mise en abime.Juillet 1894, un an après sa mort, on répète quatre nouvelles de Maupassant pour une soirée-hommage. Plus de cent plus tard, dans une mise en abyme de cet hommage, Sylvie Blotnikas met en scène la préparation de cette soirée de commémoration. Lors d’une réunion organisée par Madame Pasca et où seront jouées 4 nouvelles théâtralisées, les membres de la Société des Gens de Lettres se retrouvent pour recueillir des fonds auprès du Tout-Paris artistique afin d’élever une statue en l’honneur de l’écrivain au Parc Monceau.
Sylvie Blotnikas joue Madame Pasca. Née en 1833, Madame Pasca avait 17 ans de plus que Maupassant. Elle commença sa carrière de comédienne à 31 ans. Elle était une grande amie de Flaubert et c’est par son entremise qu’elle rencontre le jeune Maupassant. Il a alors 29 ans. II n’a pas encore rencontré le succès qui viendra avec Boule de Suif, mais elle accepte de jouer dans sa première pièce. Flaubert meurt le 8 mai 1880. Madame Pasca prend alors Maupassant sous son aile De son coté, Guy de Maupassant est très admiratif du talent de la comédienne.
Quatre nouvelles magiques.
Madame Pasca répète ces nouvelles cependant que sa tâche se complique. Lorsque son partenaire prévu, le grand acteur Paul Porel, est souffrant, il faut lui trouver un remplaçant. Octave Lacombe (Julien Rochefort) comédien obscur recommandé par Emile Zola, se présente alors à l’audition…
Les quatre nouvelles de Maupassant retenues présentent un formidable éventail du génie de Maupassant :
dans Regret, Mon oncle Jules, Décoré ! et Le rendez-vous à chaque fois, les personnages sont ciselés, incarnés tandis que les intrigues sont merveilleuses d’humanité. Décoré ! est un vaudeville hilarant.
La pièce nous propose un voyage dans le temps et la littérature. Les mots de Maupassant sont respectés, honorés. Les deux comédiens portent l’hommage très haut. On s’amuse à ce joyeux empilement de l’illusion théâtrale : le personnage historique, le comédien qui le joue et celui qui répète et joue le personnage de fiction des nouvelles. La mise en scène tendre et réussie de Sylvie Blotnikas finit de construire un joli moment littéraire.
Rue du théâtre
Quatre nouvelles de Maupassant superbement mises en vie autour d’une trame originale signée « La Petite compagnie ». Une fantaisie littéraire à ne surtout pas manquer !
Voilà un an que Maupassant est mort. A cette occasion, la Société des Gens de Lettres, présidée par Émile Zola, a décidé de lever une souscription pour faire ériger une statue à la mémoire de l’auteur. A cette fin, la célèbre comédienne Madame Pasca jouera une nouvelle de Maupassant. Mais son partenaire est souffrant et elle doit en trouver un autre. Des auditions sont donc organisées. Octave Lacombe, illustre inconnu, y tente sa chance.
Habilement insérées dans une trame signée Sylvie Blotnikas, « Regret », « Mon Oncle Jules », « Décoré ! » et « Rendez-vous » seront ainsi interprétées par les deux comédiens. Et l’une des forces de cette création est bien de ne pas seulement jouer, avec grâce et facétie, ces quatre nouvelles mais bien de les relier entre elles par une cinquième historiette. Bien écrite. Et magistralement interprétée.
On entre ainsi avec plaisir dans le monde de Maupassant, auquel les comédiens donnent vie et corps. La mise en scène est habile et discrète, faisant fi des espaces et du temps. Et mettant au centre de la représentation le texte de Maupassant. Dans lequel le jeu subtil de Julien Rochefort et Sylvie Blotnikas s’épanouit pleinement. Sans cesse sur scène, les comédiens jouent la mise en abyme avec talent. Non seulement durant les dialogues mais aussi, chose plus rare, durant les monologues de leur partenaire.
Aficionados de Maupassant et néophytes s’y retrouvent. La légèreté, la cruauté, la tendresse de l’humain se conjuguent à la fantaisie des nouvelles de l’auteur. Un éventail d’émotions que « La Petite Compagnie » déploie pour nous. Avec un infini talent.