Mireille2006 - 2007
Miraculeusement, l'adaptation de Gérard Gélas nous restitue langue et âme, visages et paysages, tendresse et violence, nuit et lumière...
La Provence
Toutes les senteurs et les évocations de la Provence ressurgissent, prennent corps. L'interprétation est magnifique, la direction d'acteurs très juste.
César
Un grand moment de théâtre. Le talent exceptionnel de Damien Rémy lui permet une exceptionnelle prouesse d'acteur. Gérard Gélas saura vous émouvoir, par les sortilèges dont il a le secret.
La Tribune
C'est cela la magie du théâtre lorsque se produisent de telles rencontres, nées probablement du hasard objectif entre un immense auteur, un texte fondateur, un metteur en scène et des comédiens particulièrement inspirés.
La Marseillaise
En tournée d'Octobre à Décembre 2006
Résumé
Deux jeunes gens, Mireille, fille d'un riche fermier de la Crau, et Vincent, un pauvre vannier, s'aiment d'un amour impossible. L'argent, les prétendants de Mireille et la loi sociale les séparent. Désespérée par le refus que son père oppose à leur mariage, Mireille fuit le mas familial et part prier sur le tombeau des Saintes Maries, en Camargue, pour fléchir la volonté paternelle. Frappée d'insolation, elle meurt, au terme de ses prières dans l'église des Saintes Maries, laissant Vincent au désespoir.
De et traduit du provençal par :
Frédéric Mistral
Adaptation et mise en scène :
Gérard Gélas
Avec :
Alice Belaïdi et Damien Rémy
Décors :
Siriso
Costumes :
Atelier Garance
Régie lumière :
Cyril Sabatier
Lumières :
Jean-Louis Cannaud
Création son :
Jean-Pierre Chalon
un spectacle du Théâtre du Chêne Noir
En tournée d'Octobre à Décembre 2006
Présentation du spectacle
Se voulant "humble élève du grand Homère", Frédéric Mistral commença en 1851 un poème épique en douze chants, Mireille (Mirèio, publié en 1859) qui évoque des passions soumises à une fatalité toute romantique dans le cadre puissamment réaliste de la Provence rhodanienne. Lamartine salua la "majestueuse simplicité" de cette œuvre que Charles Gounod adapta en opéra en 1864.
Frédéric Mistral obtint le Prix Nobel de Littérature en 1904.
« Les grands poèmes provoquent à l'amour… Ce spectacle est d'aujourd'hui comme Mistral est de toujours. Une création loin de toute reconstitution historique. »
Gérard Gélas
Galerie photos
Le directeur du Chêne Noir a adapté le célèbre poème épique de Mistral.
L'auteur et metteur en scène Gérad Gélas a adapté le poème épique de 12 chants de Frédéric Mistral « Mireille » (Mirèio, publié en 1859), d’après la traduction en français du célèbre félibre, fondateur avec sic autres poètes du Félibrige. Sa pièce, créée au théâtre de la Calade à Arles en décembre dernier, sera jouée au Chênes Noir du 14 janvier au 4 février. Le directeur de théâtre revient sur la genèse de cette « Mireille » version XXI siècle.
Pourquoi avez-vous adapté Mireille, alors que vos spectacles sont plutôt liés à l’actualité ?
C’est une intuition inexplicable. C’est peut-être la fonction des poètes de transmettre les messages… Je me suis soudain entendu dire : « Je vais monter Mireille ». Le mistral me l’a soufflé. Je n’avais pas relu le texte depuis 20 ans. Quand je l’ai relu, j’ai compris pourquoi je voulais monter ce poème de Frédéric Mistral. Mes absences répétées d’Avignon ont créé le besoin de retourner à ma terre. La Provence a des valeurs qui nous habitent comme le lait de nos mères. La Provence, ce n’est pas seulement des maisons secondaires et du tourisme. Elle vit. Mistral a su magnifiquement l’exalter.
Libertaire, ex anarchiste, vous avez sans hésiter adapté un texte d’un homme de droite ?
Quand on monte un Shakespeare, on se fiche de savoir quelles étaient ses valeurs politiques. Mistral était un républicain, un homme de progrès. ? Il n’était pas raciste. Dans toute son œuvre, Mistral exalte les plus humbles. « Mireille », c’est un récit sur les classes sociales ! Là, je suis en terrain ami. Le Capoulié (ndlr : le chef élu) du Félibrige, Pierre Fabre, est en train de faire une série de conférences sur : « Mistral aurait-il été altermondialiste ? » La réponse est oui.
Dans votre pièce, Vincent, le vannier, est un DJ. Pourquoi cette image ?
Le DJ, comme le vannier, tresse ; lui la musique des autres. Et puis, ça me permet de travailler avec la musique, comme toujours. La modernité de mon adaptation se trouve dans le jeu des comédiens mais aussi dans les éléments musicaux.
Adapter « Mireille » dans une boîte de nuit… Comment les Félibres ont-ils réagi ?
Très bien. Ils veulent organiser une représentation de « Mireille » à Arles. Le Capoulié du Félibrige a même préfacé mon livre (lire ci-dessus). En revanche, les « archaïques » de la langue provençale sont très remontés contre moi. Ils ont refusé de venir voir la pièce. Ils ne veulent pas que l’on traduise Mistral. L’œuvre de Mistral n’est pas réservée aux quelques personnes qui parlent provençale. Si on veut amener les jeunes à connaître la pensée provençale, on a du travail à faire. Les générations doivent se répondre.
Votre maison d’enfance a été fréquentée par les félibres…
Cette ancienne auberge du Chêne vert, route d’Aramon, est un lieu historique du Félibrige. Peut-être ai-je même dormi dans la chambre de laquelle Alphonse Daudet s’est précipité sur une servante qui lui plaisait… Les félibres venaient y lire leur texte et Mistral y a sans doute lu « Mireille ».
Le nom du Chêne noir vient de ce Chêne vert, mâtiné d’anarchisme ?
Oui, de l’anarchie et des « forces noires » d’Arthaud. Je me souviens avoir fait mes premières répétitions en 1966 dans la cour du Chênes vert où justement Mistral venait boire des coups.
Comment avez-vous travailler ?
J’ai travaillé sur la traduction de Mistral. Je lis le provençal. J’ai fait comme au ciné avec des montages. Je traite les 12 chants de Mireille. Très peu de mots sont ajoutés. En début de représentation, on donne un petit lexique sur les mots les plus oubliés. Je n’ai surtout pas voulu rabaisser la pensée de Mistral.
Les deux comédiens ont-ils eu du mal à travailler le texte ?
Oui. Ils y sont depuis mai dernier pour pouvoir bien intégrer la langue. Il faut une aisance avec ce texte qui frôle l’alexandrin.
Avez-vous envie d’adapter d’autres textes provençaux ?
J’ai surtout envie d’apprendre la langue provençale. D’origine italienne, j’ai baigné dans les deux cultures. Pourquoi pas monter un jour des textes en provençal, mais ma vocation, c’est de chercher toujours le plus large public.
Avignon : Jours tranquilles au Théâtre du Chêne Noir
Tels les chats qui aiment ce jardin, il sourit. Pour lui qui, en 1968, vit sa pièce « La Paillasse aux seins nus », qui devait se donner dans une cave de la Chartreuse de Villeneuve-lès-Avignon, être interdite par le préfet sur la foi de rumeurs, l'agitation de l'été 2005 est plutôt amusante. D'autant que, avec Mireille de Mistral l'après-midi, Philippe Caubère en soirée et d'autres rendez-vous, le Théâtre du Chêne Noir est l'un des foyers les plus vivants d'Avignon. Sortant de graves soucis de santé, c'est un Gérard Gelas serein qui pense aux mois qui viennent. Son adaptation de « Mireille » a été créée en janvier dernier et le spectacle a réuni alors 4 500 spectateurs. Puis, des Terrasses de Gordes au Théâtre Antique d'Arles il y a quelques jours, en passant par la belle salle du théâtre qu'il dirige à Avignon toute l'année, ce sont près de 14 000 spectateurs qui auront renoué avec le grand poème de la littérature du Félibrige, « Mirèio », ici traduit en langue française et adapté pour nos jours et la jeunesse, qui se reconnaît volontiers dans cette belle histoire d'amour composée par Frédéric Mistral, histoire de la fille d'un riche fermier de la Crau et d'un pauvre vannier.
Aux Saintes-Maries, en Camargue, les gardians rêvent d'une représentation qui serait donnée dans l'église. Et le duo de qualité Volard-Houdinière va organiser une longue tournée en France dans huit mois.
Un jour, la reine d'Arles, dans son beau costume, est venue jusqu'à la rue Sainte-Catherine pour assister à une représentation avec des enfants de Monclar, l'un des quartiers d'Avignon. Gérard Gelas savoure ce succès. Un autre de ses textes, « Guantanamour », pièce écrite dès l'ouverture du camp devenu tristement célèbre, intéresse l'Italie. Elle va être montée à Naples et sans doute à Milan. Il prépare la saison d'hiver. En novembre, il proposera la déchirante comédie de Musset « On ne badine pas avec l'amour ». Trois semaines de représentations, ce qui est bien dans une ville relativement petite. Et puis il poursuit son travail d'écriture.
Un deuxième roman bientôt et ces textes pour les enfants auxquels il a pris goût en travaillant à Montfermeil il y a quelques saisons et en publiant le très bel album « La Cité du fleuve », avec des dessins de Laurent Corvaisier et une préface d'Erik Orsenna (Hachette). C'était une belle opération, à l'initiative du baron et de la baronne Benjamin et Ariane de Rothschild qui, depuis la Suisse, veulent aider les jeunes, partout. A l'origine, le récit de femmes écrit par Gelas. Une belle aventure.
Une autre est à venir. Pour le 20e anniversaire du théâtre des Capucins, à Luxembourg, il est invité à mettre en scène « Le Barbier de Séville », la pièce de théâtre, tandis que Dario Fo (encore un Prix Nobel, comme Mistral !) mettra en scène l'opéra. Pas peu fier, Gelas, d'être associé au grand homme des tréteaux italiens.
Et celui qui fut un grand ami de Léo Ferré, qui venait chanter souvent au Chêne Noir, n'oublie pas la musique. Encore un autre projet. Avec Eric Fernandez, musicien et chanteur des Gipsy King, il va élaborer une évocation des femmes du Chiapas... De la Provence au Mexique, comme un air de famille... Armelle Héliot - Le 28 Juillet 2005
Gérard Gélas met « Mireille » au goût du jour
Le directeur du Chêne noir à Avignon s’empare du poème de Mistral pour une adaptation contemporaine et en français.
L’inspiration gélassienne a deux aspects. D’abord le monde qui l’entoure. L’homme est un buvard, absorbe, se nourrit et écrit. Sur les injustices souvent et sur le monde qui ne tourne pas rond. Ainsi dans « Ode à Canto », « Guantanamour » ou « Les constellations aquatiques », plus récemment.
Mais il est aussi féru de lettres et de poésie. Classique, contemporaine. Gérard Gélas, directeur du théâtre du Chêne noir avignonnais a ainsi porté à la scène Musset ou Arthaud, Molière ou Octave Mirbeau. Cette fois, c’est du texte culte de Frédéric Mistral qu’il s’empare, « Mireille ». Presque poussé par une impérieuse nécessité : « un jour une voix m’a traversé, je me suis dit je vais monter Mireille ».
Question de racines d’abord, sans doute. Car le metteur en scène a grandi à l’Auberge du Chêne vert, à l’endroit même où Mistral et les félibres Aubanel et Roumanille se réunissaient. Il est fou de Provence, aussi, et regrette qu’on la malmène. « Je ne suis pas nostalgique de la Provence de mon enfance, mais quand même, par endroits, quel massacre ! » Mais enfin, et surtout, alors qu’on célèbre le centième anniversaire du prix Nobel de Mistral, il reconnaît plus que jamais la portée universelle de l’œuvre. « Mireille » d’hier, d’aujourd’hui, « Mireille » de toujours…
« Garder sa force poétique »
Entre Rhône et Durance, Gérard Gélas met le poème mistralien au goût du jour, l’adapte pour le théâtre « en gardant son authenticité, sa dignité et sa force poétique ». L’histoire de la fille d’un riche fermier de la Crau et d’un pauvre vannier.
Dans la peau de Mireille, une jeune comédienne de 17 ans, Alice Belaïdi, issue des ateliers théâtraux du Chêne. Une demoiselle métissée, aux origines maghrébine et gitane. Dans celle de Vincent - et de nombreux autres personnages, Maître Ambroise, Alari, Véran, etc… - Damien Rémy. Comédien fétiche de Gélas, aux talents polymorphes, il sera cette fois un DJ qui s’empare du texte de Mistral pour déclarer sa flamme à la jeune fille.
Après une création « symbolique » au Grenier à sel arlésien, voilà un peu plus d’un mois, le spectacle revient à Avignon. En français. « Et si à partir de cela, le public a envie d’aller voir un peu plus loin dans le texte en provençal, ce sera formidable », assure Gélas.
Nedjma Van Egmond - Le 14 Janvier 2005
Le jazz et… la java
Un DJ, une cliente, une boite de nuit. Le jazz est là, pas encore la java. Ils tentent de se parler, dans l’assourdissante moiteur nyctalope. Premiers mots échangés en provençal. Mireille et Vincent. L’histoire d’un aimoir impossible entre une riche et un pauvre (Di Caprio et Winslet sans l’iceberg). Le récit de l’injustice sociale scellée par la société. Attendu au tournant par les provençialistes exégètes, Gérard Gélas a, avec Mireille, plus misé sur l’alchimie du duo Alice Belaïdi-Damien Rémy que sur une mise en scène spectaculaire. Dans sa nouvelle création, il laisse les comédiens faire éponge avec les émotions que recèle ce texte de Frédéric Mistral, daté de 1859. Un texte qui, au-delà des destins croisés, nous conte les paysages de Provence avec une fougue lyrique, bien que parfois ampoulée, il faut l’admettre.
Pour le premier grand rôle de sa carrière, Alice Belaïdi, 17 ans, réussit une prestation très intéressante, où la justesse se confond à une fraîcheur évanescente. Elle campe Mireille avec un accent rocailleux et une moue ingénue, qui nous fait d’ailleurs penser à la Manon de Pagnol. Libre et refusant les carcans. A ses côtés, un monstre. Dans le langage cinémascope, on dirait de Damien Rémy qu’il crève l’écran. La Fare Les Oliviers avait son Caubère ; c’est une certitude, Avignon a son Rémy, qui joue plus de dix personnages. Sans artifices, uniquement en modifiant son visage, en voûtant son corps, en modulant sa voix. Il est saisissant de bout en bout, tel un Rubix cube à deux pattes. En l’espace de dix seconde par exemple, il change trois fois de personnages : le narrateur se raidit, Vincent a une alllure plus sensuelle et Monsieur Ambroise se cambre. Exceptionnel ! Exsangue d’un jeunisme que certains auraient pu redouter, ce « Mireille » 2005 est voué à un succès certain. Du début à la fin, l’émotion fait ventouse avec la scène. D’ailleurs, à la fin de la représentation, Aurélia, du Chêne noir, ne pourra pas retenir ses larmes.
Fabien Bonnieux - Le 21 Janvier 2005
Le poème de Mistral « relooké »
Mireille et Vincent s’aiment d’un amour fou. Dans le poème de Mistral, elle, c’est la fille d’un riche fermier de la Crau ; lui, un pauvre vannier rejeté par le père de sa dulcinée. Cette impossible histoire d’amour se terminera par la mort de la jeune fille aux Saintes Marie. Gounod tira un opéra de ce poème. Dans la version de Gélas, Vincent revient DJ dans une boîte de nuit. Il tombe éperdument amoureux d’une jeune fille… à qui il offrira le récit de Mistral. Pour jouer Mireille, Gélas a choisi une toute jeune comédienne, Alice Belaïdi, 17 ans et demi, dont c’est ici le premier contrat professionnel après des rôles dans plusieurs spectacles, notamment dans deux de Philippe Avron. Cette Avignonnaise, fille de comédiens, a suivi pendant 5 ans les cours de l’atelier du Chêne noir, où le metteur en scène avignonnais l’a repéré. Pour jouer Vincent – et une quinzaine d’autres personnages ! – Gélas a choisi son acteur fétiche, Damien Rémy, qui fête d’ailleurs cette année ses 10 ans au Chêne Noir. Fabien Bonnieux - Le 21 Janvier 2005
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