Peggy Guggenheim Femme face à son miroir2012 - 2013
Actuellement au Théâtre Michel
les dimanches et lundis à 20h30
Si vous voulez visiter son musée personnel,
il vous faut aller à Venise mais si vous voulez rencontrer
la femme libre allez vite voir ce spectacle.
FIP
La scénographie est magnifique.
Jamais [Stéphanie Bataille] n'a su aussi bien explorer
sa grande palette de sentiments.
Pariscope
Stéphanie Bataille est tellement entrée dans la peau de Guggenheim qu’on finit par oublier qu’on est au théâtre.
Le Point
© D.R.
"L'extravagante Peggy Guggenheim, aux prises avec ses contemporains, papesse de l'art moderne, balance ses humeurs, ses failles, ses vacheries, mêlant le cocasse et le tragique dans une même énergie débordante.
Du rire aux larmes et réciproquement : sex, art and money."
Jouée pour la première fois en France, cette pièce de Lanie Robertson retrace la vie de Peggy Guggenheim à travers quatre époques, de 1963 à 1969. Ce seul en scène se situe à Venise, où Peggy se remémore sa vie, sa célèbre famille, ses amours et… sa passion pour l’Art.
Actuellement au Théâtre Michel
les dimanches et lundis à 20h30
De Lanie Robertson
Adaptation de Michael Stampe
Mise en scène et scénographie de Christophe Lidon
Interprétée par Stéphanie Bataille
Costumes / Décor Elisabeth Tavernier
Lumières Marie-Hélène Pinon
Son Michel Winogradoff
Peggy Guggenheim
Amateur d’art enthousiaste, collectionneur éclairé, mécène, Peggy Guggenheim (1898-1979) est étroitement mêlée à la création artistique du XXe siècle. Petite fille d’immigrés - l’Allemand Seligman, couvreur enrichi dans la banque, et le Suisse Guggenheim, colporteur devenu propriétaire de mines de cuivre -, elle hérite d’une fortune colossale à la mort de son père, disparu en avril 1912 dans le naufrage du Titanic. Esthète au goût sûr et au discernement remarquable, ses goûts et sa formation ne la portent cependant pas au-delà de l’Impressionnisme. En France entre les deux guerres, elle rencontre des artistes et s’ouvre à l’art contemporain ; en 1938, elle ouvre une galerie à Londres, où elle exposa notamment les oeuvres du peintre surréaliste Yves Tanguy. Elle utilise l’essentiel de sa fortune à constituer une collection d’oeuvres d’art qui représente l’ensemble des courants avantgardistes qui se sont succédés depuis le début du siècle : cubisme, futurisme, constructivisme, dadaïsme, surréalisme, art abstrait… En 1941, la guerre la contraint à fuir l’Europe. De retour à New York, elle fonde en 1942 la galerie Art of the Century. Elle y accueille non seulement les artistes européens exilés, et plus particulièrement les surréalistes - elle est alors l’épouse de Max Ernst -, mais aussi de jeunes artistes américains comme Robert Motherwell, Mark Rothko, Adolph Gottlieb ou Jackson Pollock, les chefs de file d’un expressionnisme abstrait. En 1948, elle revient en Europe et achète le Palazzo Venier dei Leoni à Venise pour y installer son musée personnel qui est aujourd’hui le grand musée d’art moderne de la cité des Doges.
« What I'm trying to preserve here is not just a random group of pictures that can be scattered to the ends of the earth, but a cohesive whole which can only exist here in my palazzo; something quite fragile, ephemeral: a reflection of one woman's dedication to the art of her time. »
Peggy Guggenheim à propos de la conservation de sa collection
STÉPHANIE BATAILLE
Mais qui est Stéphanie Bataille ?
Tout en étudiant l’histoire de l’art, elle fait les cours Florent.
Elle tourne pour la télévision sous le regard de Jacques Malaterre, Christiane Le Hérissey, Patrick Jamain, Bertrand Arthuys, Jean-Michel Ribes, Daniel Janneau…
Et participe à des longs métrages de Jean-Pierre Mocky, Jean-Michel Ribes, Frédéric Auburtin…
Elle écrit son premier one-woman show en 2005 : Les hommes mis en scène par Roger Louret, elle le jouera pendant 4 ans à Paris et dans toute la France.
Depuis 2007 elle fait régulièrement partie des distributions des Monologues du Vagin d’Eve Ensler mis en scène par Isabelle Rattier.
En 2008-2009, elle fait les « anti-portraits » chez FOG sur France 5.
En 2010 elle sort son premier roman Une Heure Quatorze ed. L’Editeur.
Elle met en scène trois artistes dans leurs one-man-show : Walter Belge et Méchant, Alex Vizorek est une oeuvre d’art et Ben. Ces spectacles se jouent actuellement dans des salles parisiennes.
Sa devise « Par dessus les obstacles jusqu’aux cieux »…
Actuellement au Théâtre Michel
les dimanches et lundis à 20h30
Vous pouvez retrouver Peggy Guggenheim
dans le journal télévisé de TF1 en cliquant ici
et dans Télématin en cliquant ici
Confondante de naturel, Stéphanie Bataille incarne magistralement la célèbre mécène.
Peggy Guggenheim entre en scène
L'extravagante mécène, papesse de l'art moderne, est incarnée par Stéphanie Bataille dans "Peggy Guggenheim, femme face à son miroir".
On a d'abord envie de la gifler, cette bonne femme riche, un peu vulgaire, qui houspille sa bonne, jette sur les jeunes Italiens un oeil de propriétaire et hésite entre un tailleur Chanel et une robe de soirée Madeleine Vionnet. Mais Peggy Guggenheim commence à se raconter, et on se prend peu à peu à aimer son intransigeance, sa folie et son parler de charretière.
Le destin de la millionnaire américaine, mécène et collectionneuse d'art moderne, avait tout d'un roman. Lanie Robertson en a fait une pièce de théâtre, un seul en scène, Peggy Guggenheim, femme face à son miroir, que joue Stéphanie Bataille au Petit Montparnasse. Printemps 1967 : entre un Martini Dry et une lampée de vin blanc, l'héritière se prépare à la soirée qu'elle donne dans son palazzio vénitien pour lancer sa fille Pegeen, peintre naïve et méconnue.
Art vivant On l'attend pour une interview, elle se met à rêver tout haut de sa famille. Des grands-parents juifs, camelots en Europe centrale et milliardaires aux États-Unis. Une mère transparente, qui répète tout trois fois. Un père, Benjamin Guggenheim, disparu dans le naufrage du Titanic après avoir cédé à une femme la place qui lui était réservée dans un canot de sauvetage. Deux maris, Laurence Vail et Max Ernst (son "ex-Max"), aussi "salauds" l'un que l'autre. Un oncle "affreux", le fameux Solomon Guggenheim, collectionneur lui aussi et fondateur du musée qui porte son nom.
"Peggy" raconte aussi ses enfants : Sinbad et Pegeen, nés de son premier mariage. Mais surtout les pièces de sa collection, dont elle est la mère aussi bien et qu'elle conserve avec une fierté et un soin jaloux. Rothko, Brancusi, Giacometti, Arp... Pourquoi l'art moderne, et pas la peinture de la Renaissance comme ses premières inclinations l'y portaient ? Affaire de rencontre et de partie de jambes en l'air : Samuel Beckett l'y incite entre deux nuits effrénées parce que, lui dit-il, cet art-là est "vivant". Elle se fait mission de le préserver le jour où les "fascistes démocratiquement élus" cherchent à éliminer, d'un même coup, les juifs et l'art dégénéré.
Marion Coquet - 1er mars 2012
Stéphanie Bataille EST Peggy Guggenheim, avec gourmandise, folie et démesure. Petite fille d'un colporteur d'Europe centrale qui fit fortune dans la banque, Peggy Guggenheim devient une des collectionneuses et des mécènes les plus inspirées de l'art du XXe siècle. Obligée de fuir aux États-Unis quand l'armée allemande entre à Paris, elle sauve une collection magnifique qu'elle installera plus tard dans un beau palais vénitien, le Venier dei Leoni. La mise en scène de Christophe Lidon se déroule dans un dressing où toutes les robes sont des citations de tableaux d'art moderne. On prend beaucoup de plaisir à retrouver les épisodes mouvementés de la vie de cette milliardaire extravagante, souvent solitaire, ivre d'art, d'hommes et d'alcool.
Sylviane Bernard-Gresh – 18 avril 2012
Troublante Peggy Guggenheim, femme face à son miroir
Douée d'un tempérament de feu, Stéphanie Bataille ne fait qu'une avec la mécène américaine.
Dos tourné au public, pieds nus sous une robe ample, elle râle comme un charretier. Après sa bonne italienne qui ose partir en vacances. Elle, c'est Stéphanie Bataille ou Peggy Guggenheim. C'est pareil. La comédienne et la mécène ne font qu'une dans cette pièce de l'Américain Lanie Robertson, créée au Théâtre de la Huchette en 2011. Peggy Guggenheim (1898-1979) était un «personnage» au caractère bien trempé, doublé d'un tempérament de feu. Dirigée par Christophe Lidon, Stéphanie Bataille, actrice au talent indéniable, ne détonne pas. «Face à son miroir», dans la peau de cette héroïne hors normes, elle remonte le fil du temps avec maestria et un sens prononcé de la dérision. Relate sa jeunesse, son père, disparu lors du naufrage du Titanic, sa passion pour l'art, ses époux - Laurence Vail et Max Ernst -, ses amants - multiples - et l'amour pour sa fille, Pegeen, qu'elle considère comme une «grande artiste». Vif-argent fantasque, amatrice d'œuvres d'art éclairée, d'hommes et de… chiens, l'esthète milliardaire était en avance sur son temps. Elle a financé les talentueux travaux de centaines d'artistes auxquels elle seule croyait: Magritte, Giacometti, Mondrian, Pollock, Klee… et réuni une collection unique, inestimable. «Mes enfants», disait-elle. (...)
Nathalie Simon – 30 avril 2012
Elle a raison la comédienne de préciser sur l'affiche "Stéphanie Bataille EST Peggy Guggenheim" ... car elle incarne cette papesse de l'art moderne jusqu’au bout de son vernis à ongles et de ses chaussures en or ! Jouer les extravagantes lui va comme un gant, elle nous entraîne dans le palais vénitien de cette esthète qui n'aimait rien tant que l'art quand d'autres n'aimaient rien tant que son argent. Elle a eu de l'argent certes, mais aussi beaucoup de goût, d'amis, d'amants et un sacré flair sur les chefs de file d'un courant expressionniste abstrait impressionnant. Si vous voulez visiter son musée personnel, il vous faut aller à Venise mais si vous voulez rencontrer la femme libre allez vite voir ce spectacle.
.... Stéphanie Bataille se délecte de son humour et de ses humeurs en «Femme face à son miroir».
Jane Villenet – 19 juin 2011
Peggy Guggenheim était une femme « ivre d'art moderne », se grisant des hommes et s'enivrant tout court. La mécène américaine nous accueille dans une pièce de son beau palais vénitien, le Venier dei Leoni, et nous raconte sa « Vie et ses folies ». Au premier abord, nous découvrons un sacré personnage. Car Lanie Robertson dresse pour la galerie le portrait presque cubiste d'une extravagante milliardaire américaine, qui nous livre ses réflexions, évoque son amour de l'art, ses amis et ses amants presque tous artistes. Derrière cette abstraction flamboyante, l'auteur dessine un portrait aux touches plus délicates. La riche héritière porte en elle des blessures : la disparition sur le Titanic du père adoré, la folie de la mère, la mort de la sœur aînée tant chérie, les échecs amoureux, et le pire de tous, le suicide de sa fille qu'elle a étouffée d'un amour égoïste. A la fin de sa vie, l'autodidacte, qui a rencontré l'art presque par hasard, n'a plus qu'une obsession la sauvegarde de sa prestigieuse collection. Après bien des hésitations et des coups de colère, elle l'offrira à l'oncle Solomon Guggenheim, son rival en matière d'art, fondateur du musée en « forme de parking » à New York. La construction de ce monologue de Lanie Robertson, subtilement adapté par Michael Stampe, est limpide. Du coup, on suit le récit avec un plaisir gourmand. Le metteur en scène Christophe Lidon a théâtralisé ce récit avec sa belle vision artistique. Sa scénographie est magnifique. Il faut noter les somptueux costumes d'Elisabeth Tavernier, les lumières de Marie-Hélène Pinon, et la musique de Michel Winogradoff. Excellent directeur d'acteurs, Christophe Lidon offre à Stéphanie Bataille un terrain de jeu qu'elle traverse avec talent. Jamais la comédienne n'a su aussi bien explorer sa grande palette de sentiments. Sans forcer le trait, elle donne chair avec beaucoup de tendresse à cette très grande dame.
Marie-Céline Nivière – 1er juin 2011
Difficile de trouver plus romanesque que Peggy Guggenheim. Héritière d’une fortune colossale (…), elle constitua une collection d’œuvres majeures où figurent les plus grands noms de l’art contemporain.
De Calder à Tanguy, de Dali à Picasso ou de Duchamp à Kandinsky, elle sut, en effet, déceler les talents les plus représentatifs de notre époque et s’attacha à les faire connaître. Tous seront ses amis, certains ses amants. En 1948, elle acheta un palais à Venise et y installa son musée personnel, qui est aujourd’hui le grand musée d’art moderne de la cité des Doges. Lanie Robertson a écrit un pièce qui souligne la personnalité de cette femme exceptionnelle et retrace son étonnant parcours. Christophe Lidon a mis en scène ce portrait et a fait appel à Stéphanie Bataille pour incarner Peggy Guggenheim. Le spectacle ainsi constitué est tout à la fois intéressant, captivant, prenant et instructif. Il nous entraîne à Venise, où Peggy Guggenheim évoque sa vie, sa famille, ses amours et sa passion pour l’art. Et Stéphanie Bataille, seule en scène, campe avec bonheur cette admirable Peggy Guggenheim…
André Lafargue - 2 mai 2012
Les amateurs d’art moderne et de théâtre vont apprécier à sa juste valeur cette pièce. (…)
Pendant plus d’une heure, cette amoureuse de l’art entrouvre intuitivement les volets de son sanctuaire avant-gardiste : ici on apprend et on retient. (…)
Stéphanie Bataille incarne là son personnage au plus profond d’elle-même. Elle en saisit parfaitement l’âme et sait en extirper une pure mélancolie souriante, presque drôle. On est vite embarqué, conquis, touché.
Télé Matin
(...) La jeune Stéphanie Bataille se glisse avec une présence et une autorité hallucinantes sous la perruque grisonnante de cette femme animée, au-delà de son instinct d’amateur d’art éclairé, d’une vraie fureur de vivre. Le texte de Lanie Robertson fuse, cocasse et frénétique. On ressort de là avec l’impression d’avoir partagé l’intimité d’un monstre sacré.
14 avril 2012
Quelle femme ! Libre, mangeuse d’hommes et surtout douée d’un incroyable flair artistique. Au cours de sa vie, Peggy Guggenheim (1898-1979) a rassemblé la plus grande collection d’art moderne au monde, aujourd’hui exposée à Venise dans le palais Vernier dei Leoni, où ce mécène a passé les dernières années de sa vie. On dit d’elle qu’elle eut mille amants.
Quelques-uns furent célèbres : Marcel Duchamp, Yves Tanguy, Samuel Beckett. Mariée une première fois à l’écrivain Laurence Vail dont elle aura deux enfants puis à Max Ernst, Peggy Guggenheim hérita d’une fortune colossale à la mort de son père, noyé dans le naufrage du Titanic en 1912. Elle le mit au service des artistes de son temps alors que socialement ceux-ci ne valaient rien. Dans un monologue en quatre tableaux, la formidable comédienne Stéphanie Bataille campe la vieille dame entourée de chiens et cernée de tableaux. Et lui insuffle énergie et passion, humour et drame, en racontant, à la première personne, ce destin hors du commun.
M - Le magazine du Monde – 21 avril 2012
La pasionaria de l’art moderne
On a connu en France le théâtre de l’Américain Lanie Robertson grâce à Georges Werler, qui a monté plusieurs de ses pièces, pour la plupart tournées vers le destin de grands créateurs ou agitateurs du siècle : Alfred Stiglitz, Georgia O’Keeffe, Billie Holiday… Autant de regards d’historien, de regards d’auteur complice dans le combat que tout inventeur mène contre la société. La facture est classique, mais traversée d’une forte humanité. Ce même sentiment se retrouve dans Peggy Guggenheim, femme à son miroir, dont la création parisienne est passée par un autre canal : le tandem Michael Stampe, pour l’adaptation, et Christophe Lidon, pour la mise en scène – des personnalités auxquelles on doit de belles réussites comme la vision de Lettre d’une inconnue que jouait encore récemment Sarah Biasini aux Mathurins.
Peggy Guggenheim, d’origine suisse et allemande, appartenait à la branche « pauvre » de sa famille. C’est-à-dire qu’elle avait quand même assez de millions pour faire des tractations dans le marché de l’art, faire vivre généreusement ses artistes favoris et constituer une collection fabuleuse qu’elle installa et qui est toujours en place dans un palais de sa ville d’adoption, Venise. Elle fut la femme de Max Ernst mais Picasso, qu’elle adorait, la détestait. En quatre tableaux, Lanie Robertson réinvente la vie passionnée de Peggy, entre 1963 et 1969, en quête et en attente de ce que l’art était en train de donner en Europe et dans le monde. Christophe Lidon a conçu un décor à la fois personnel – le salon de Peggy - et très référentiel : quelques objets et quelques meubles sont là comme des mobiles auxquels s’adresserait le personnage. Stéphanie Bataille compose Peggy à l’opposé d’une diva : pas d’états d’âme, mais une âme tout entière engagée. Elle n’incarne pas une artiste mais une femme vivant pour ceux qui la dépassent et par ce qui la transcende. L’actrice déploie une belle énergie sensible dans ce spectacle dont la vivacité exclut les habituels défauts des monologues. Cette passionnante histoire est ainsi mise en scène sans clichés. Une belle leçon à tous points de vue.
Gilles Costaz – 30 avril 2012
(...) Le texte de Lanie Robertson fige "la folle de Venise", dans le personnage tel qu'il était décrit dans les gazettes, narcissique, grande consommatrice d'amants et défrayant la chronique par ses extravagances.
Réfugiée dans son dressing ou dans sa salle de bain, seule une porte lui permet d'avoir accès au monde extérieur. C'est pourtant une porte qu'elle ne franchit jamais, réfugiée dans son palazzo, de plus en plus repliée sur elle-même au fil des ans. En raison de son amour pour l'art, elle sera passée à côté de l'amour partagé avec ses enfants.
Elle aura laissé à chacun la possibilité d'admirer les toiles des plus grands maîtres du 20ème siècle, mais seulement après sa mort. Au crépuscule d'une vie égoïste où seule comptait l'ivresse, elle égrène les regrets de n'avoir finalement touché à l'essence de la vie qu'au travers les oeuvres des autres.
La mise en scène du prolifique Christophe Lidon répond à l'intention de l'auteur de montrer cette femme comme coupée du monde. Des projections de diapositives sur les murs permettent au spectateur qui fréquente peu les musées d'art moderne de se souvenir du style de tel ou tel peintre (…)
En choisissant des projections au ralenti de films en noir et blanc pour évoquer l'extérieur, Venise, Christophe Lidon nimbe le plateau d'une atmosphère mélancolique.
Mais c'est surtout la composition de Stéphanie Bataille qu'on retiendra. Grimée, méconnaissable, elle emmène le spectateur dans le tourbillon des souvenirs de Peggy Guggenheim, voyageant sans heurts entre comédie et émotion.
L'interprétation subtile et la mise en scène habile servent un texte certainement trop figuratif au regard de son sujet qui peine à dépasser le registre biographique pour toucher à l'universel.
Laurent Coudol - mars 2012
(...) une pièce très enlevée sur la "folle de Venise", amie des arts et "extravagante du XXe Siècle. Peggy Guggenheim apparaît ici telle que l'éternité la fige : égotiste, généreuse et totalement jetée. Grosse mangeuse d'hommes aussi, avec un goût assez sûr. À travers Peggy, la pièce fait vivre tous ceux qu'elle a aimés, souvent dans tous les sens du terme : Max Ersnt, Marcel Duchamp, Vassily Kandinsky ou Alberto Giacometti. Stéphanie Bataille est tellement entrée dans la peau de Guggenheim qu’on finit par oublier qu’on est au théâtre. Seule sur scène, jouant sur tous les registres, époustouflante de vérité, Stéphanie Bataille a bien gagné sa guerre pour faire revivre Peggy.
Franz-Olivier Giesbert - 9 juin 2011
Stéphanie Bataille campe avec brio cette maîtresse femme au langage fleuri, à la vie sortant vraiment de l’ordinaire. Elle endosse là un rôle qui semble taillé sur mesure et nous livre un texte souvent piquant et cocasse, mais parfois poétique et plein d'émotions, qui se double d'un éclairage sur toute une époque. Une très belle soirée à partager avec ces deux femmes.
Caroline Fabre – 22 mai 2011
Son langage est populaire, fleuri, mais elle a du nez, Peggy Guggenheim. Son flair lui a permis de dénicher et de protéger Jackson Pollock, Max Ernst, Magritte, Miro, Kandinsky, destin hors du commun pour une femme qui considérait l’art moderne comme une réponse à une angoisse d’un monde en perdition.
Stéphanie Bataille s’est glissée dans la peau de cette femme mécène : l’énergie de cette croqueuse d’homme, de cette visionnaire d’art moderne l’a conquise (…).
Peggy Guggenheim a constitué en une vie sans doute la plus belle collection d’art moderne avec discernement et passion. Cette pièce lui rend un magnifique hommage.
Journal Télévisé - 28 avril 2012
Miss Peggy, mécène en scène
Des lunettes extravagantes, des amants et des petits chiens à foison‚ la vie de Peggy Guggenheim ne se résume pas à ces quelques clichés. À 14 ans, Marguerite, surnommée Peggy par son coureur de jupons de père, se trouve à la tête d’une fortune inestimable…
Quelques années plus tard, le nez refait et les yeux gonflés d’impressionnisme, elle débarque à Paris. (…) Les détails croustillants de cette vie chaotique, Stéphanie Bataille les raconte avec gouaille, seule en scène durant une heure. Elle déroule les souvenirs tragicomiques de cette pasionaria désormais isolée dans son palais vénitien au bord du Grand Canal…
S. Sil - mai 2012
(…) Langue truculente, répliques griffues, elle mêle avec brio ivresse et émotion et suscite une jolie confession intime entre fêlures et détermination. Son bonheur d’occuper la scène en mêlant ses deux passions (histoire de l’art et la comédie) est flagrant. La mise en scène de Christophe Lidon convoque un véritable imaginaire onirique. Des robes suspendues sur des cintres esquissent des silhouettes signées Mondrian, Magritte, Miró ou Chanel, et bruissent de souvenirs : la bleue a été offerte à Peggy par la femme d’Yves Tanguy et c’est dans cette tenue dessinée par Madeleine Vionnet que notre scandaleuse aurait dansé toute la nuit avec Marcel Duchamp ! Tennessee Williams, Truman Capote ou Igor Stravinski sont aussi invités au fil d’anecdotes délirantes. De ces figures hautes en couleur émane une poésie excentrique. Le public suit, forcément.
Myriem Hajoui – 18 juin 2012
Sous la garde soyeuse et attentive de ses robes de haute couture, elle évolue, virevolte, indécise sur le choix de sa tenue (…), le jour même où la télévision italienne vient filmer la réception qu’elle offre au Président de la République en personne ! (…)
Nous sommes à Venise, les gondoles projetées en vidéo sur les murs nous le disent. Peggy nous le rappelle aussi par ses invites en italien aux cameramen, par ses évocations de beaux gondoliers à qui elle n’a jamais ménagé ses charmes. (…)
Elle est futile, gouailleuse, certes, mais terriblement lucide, cette petite fille gâtée par l’incommensurable fortune d’un père trop tôt disparu dans le naufrage du Titanic. Femme très libérée, elle est émouvante surtout, en épouse et amante sans illusions sur les sentiments qu’elle inspire à ces hommes qui, sans vergogne, l’aiment par petits bouts, ou la tiennent pour un garde-manger bien salutaire en leurs temps de vaches maigres d’artistes. Avec une intuition étonnante, elle flaire le talent encore méconnu, elle achète sans hésiter les Kandinsky, Tanguy, Mondrian, Rothko, Pollock, Brancusi, Arp, entre autres, parce qu’elle a perçu que l’art contemporain est vivant. Ivre d’art moderne tout autant qu’assoiffée de vie, de crises et de rires, elle y sacrifie indubitablement ses deux enfants, Sinbad qu’elle laisse à son ex-mari, Pegeen la cadette bien aimée, si fragile, qui n’assumera pas une telle hérédité et un trop petit talent personnel.
Dans ce palais vénitien qui sert d’écrin à ses bébés, comme elle nomme les fleurons de son abondante collection, Stéphanie Bataille incarne, avec jubilation et truculence, Peggy la dévoreuse de tout ce qui se boit, se mange, s’aime, avec débordement, avec excès, avec une formidable envie de mordre à pleines dents, même au prix d’incontestables sacrifices personnels.
Toujours au bord du rire en éclat mais aussi de l’émotion, celle de la mort des êtres aimés comme celle de la solitude qui la guette, elle nous offre une panoplie, cocasse et vivante, de ceux qui feront les beaux jours des musées et du monde de l’art, tout en tendant le miroir de leurs ridicules aux contemporains, toutes époques confondues, à qui elle prouve le snobisme de leurs choix comme les bornes de leur esthétisme souvent frelaté. Difficile de lui résister…
Avril 2012
Stéphanie Bataille, magnifiquement mise en scène par Christophe Lidon, livre une performance étonnante dans ce portrait de femme incisif et touchant. Un bel équilibre entre humour et émotion a été trouvé pour conférer une puissante humanité à cette femme pas comme les autres.
(…) Peggy Guggenheim. Le nom évoque quelque chose plus que le prénom. Des musées aux quatre coins du monde (Bilbao, New York, Sydney, Berlin) nous le rappellent. On ignore en revanche beaucoup de celle qui hérita de la colossale fortune de son père. Cette femme (...) nous reçoit chez elle, dans son « modeste » palais vénitien, dans l’attente d’une interview télévisée. Le « Presidente » en personne doit arriver. L’heure est à la confidence, voire la confession.
(…) Son magasin du souvenir est un impressionnant générique. Beckett et Joyce (dans un aparté hilarant), Braque, Ernst, Mondrian, Giacometti, Picasso le « salaud ». Toute la fine fleur de l’art moderne, cet « art d’un monde plongé dans le chaos ». Sa vie privée se fond à celle de ces artistes. La papesse du mécénat laisse alors échapper, malgré ses lunettes extravagantes et son franc parler, des aveux plus durs, parfois terribles. Sur elle, son père, sa sœur. Et c’est finalement un personnage terriblement seul qui se livre à cette auto-interview, sans fioriture, tombant le masque.
Stéphanie Bataille livre une performance scénique impressionnante. De sa tonitruante entrée en scène où elle s’avoue « poignardée par sa bonne » (drôlissime) à la fin poignante et quelque peu désabusée de son personnage qui évolue en quatre tableaux temporels, elle porte ce rôle avec une superbe intensité. Humour et émotion se relaient dans un juste équilibre qu’a su si intelligemment créer cet orfèvre en la matière qu’est Christophe Lidon, qui n’a pas son pareil pour capter tout l’intimisme d’un beau texte. Un portrait de femme riche et beau doublé d’un hommage réussi à celle qui donna tout à l’art.
Franck Bortelle – 19 mai 2012