Chute d'une nation2012 - 2013
Une pièce qui laisse tout le monde pantois, totalement fascinante. Un tableau épique et haut en couleur.
France Culture
Un spectacle étonnant. C’est tout à fait nouveau et très excitant.
Il est recommandé d’aller faire un tour à la Manufacture des Abbesses où le don de Reuzeau pour les dialogues fait mouche et où les comédiens n’hésitent pas à appuyer sur la pédale.
Le Monde
Chute d’une nation nous fait toucher du doigt l’épuisement démocratique de la classe gouvernante et de ce qui gravite autour. Cet auteur invente quelque chose sans prétention.
A sa mesure et à notre portée. Un théâtre de l’hyperréalité à travers lequel il exprime adéquatement sa perception de la réalité.
Télérama
Un feuilleton haletant.
Une intelligence aigüe dénué de manichéisme.
Figaro
Jean Vampel est un député intègre et travailleur mais anonyme et peu ambitieux. Poussé par ses proches qui lui rêvent un destin, il profite d’un concours de circonstances pour participer aux primaires de L’Union de gauche. Il sait qu’il ne gagnera pas, mais veut se servir de la campagne pour « exister » un peu plus.
Six mois plus tard, la France ouvrira la page la plus sombre de son histoire…
photo : © D.R.
Chute Nation bande annonce par Manufacture_des_Abbesses
Galerie photos
photo :© D.R.
RÉSUMÉ DES ÉPISODES
Episode 1 : La Petite Phrase. A la tête du Rassemblement Démocratique, l’unique parti de droite, la Présidente Alatar mène le pays d’une main de fer depuis quatre ans. Au sein de l’Union de Gauche, Jean Vampel n’est qu’un député anonyme bien que compétent et travailleur. Il n’a pas conscience qu’il est au début de « quelque chose ». Il se retrouve brièvement projeté sur le devant de la scène. Mais son début de notoriété va faire naître en lui et en ses proches d’autres ambitions. Il se lance dans les primaires de son parti. Même s’il sait qu’il perdra très probablement, il espère pouvoir ainsi continuer à exister médiatiquement. Alors que la campagne débute, son équipe apprend la candidature d’un certain Merendien. Et déjà, tout change. Car Merendien est un ministre de la Présidente en exercice. La démarche de Merendien est donc surprenante. Et surtout inquiétante, car beaucoup le soupçonnent de positions nettement plus radicales que ce qu’il affiche publiquement.
Episode 2 : Fratricide. Vampel prend conscience de la gravité de sa décision. Ce n’est pas un jeu. Il le savait, il l’expérimente désormais. Son équipe tâtonne, certains veulent maintenant gagner et sont prêts à beaucoup pour cela, d’autres s’interrogent sur la façon de se comporter face aux évènements graves qui s’accumulent. Une vague de violence sans précédent s’abat sur les banlieues, des attentats déstabilisent l’opinion. Merendien accuse brutalement la communauté arabe. Avant que celle-ci ne subisse elle-même un attentat particulièrement violent.
Vampel perd les primaires malgré un inattendu bon score. Soulagé d’en avoir fini, il se rallie immédiatement à la vainqueur, Baubrac, malgré le peu d’estime qu’il a pour elle. Mais à la fin du deuxième épisode, la Présidente meurt dans un accident. En attendant de savoir comment va réagir le parti majoritaire, Merendien est désormais le seul candidat à droite. Baubrac, elle, sort des primaires extrêmement affaiblie, notamment à cause de Vampel et de son équipe. Ces derniers, choqués, anéantis, n’ont aucune idée de comment réagir face à cette nouvelle situation.
Episode 3 : Chaos. L’équipe de Vampel se déchire sur la nécessité de se présenter à la Présidentielle malgré le résultat des primaires. Certains considèrent que la mort de la Présidente change la donne et que Baubrac n’est pas capable de vaincre Merendien. Vampel décide finalement de se présenter, mais de nombreux candidats l’imitent, à gauche et à droite. La campagne devient chaotique. Merendien fait naître des soupçons nauséabonds sur l’accident de la Présidente.
Au soir du premier tour, malgré des scores très faibles, Vampel et Merendien sont en tête. Des manifestations monstres éclatent. L’armée, jugeant le gouvernement provisoire illégitime, décide d’intervenir malgré les ordres de ce dernier. Vampel et son équipe deviennent les derniers barrages contre un Merendien toujours plus inquiétant.
Episode 4 : Dernières extrémités. Entre les deux tours, Merendien échappe de peu à un attentat. Vampel propose de repousser les élections. Merendien refuse. Vampel ne parvient pas à faire le poids face au charisme et la détermination de celui-ci. La campagne de Vampel s’effondre, Merendien va être élu. La question de truquer les résultats se pose pour l’équipe Vampel… Certains pensent que c’est la seule façon de sauver une démocratie que Merendien, élu, va réduire en poussière. Mais Vampel refuse cette voie.
L’auteur et metteur en scène : Yann REUZEAU
Yann Reuzeau est auteur, metteur en scène et comédien. Il est le co-directeur et co-fondateur de la Manufacture des Abbesses.
En 2000, il signe sa première pièce, «La Secte», un drame sur la foi et la sexualité. Puis, en 2006, «Les Débutantes» fait l'ouverture de La Manufacture des Abbesses. La pièce aborde les thèmes de la prostitution et de l'ambition. Bien que nettement moins sombre que «La Secte», il s'agit de nouveau d'un drame social. En 2008, «Monsieur le Président» est une pièce à part dans le parcours de Yann Reuzeau puisqu'il s'agit cette fois d'une comédie.
En 2010, «Puissants & Miséreux», est un dytique sur la place de l’argent dans notre société. Après cinq mois à la Manufacture des Abbesses, la pièce sera programmée lors du festival de théâtre européen SETT à Stuttgart, en novembre 2010.
François-Eric VALENTIN - Création Lumière
Après une maîtrise de lettres et théâtre il est professeur de français, puis électricien chez Pinder. Mais lorsqu’en 1974, il crée son premier éclairage pour «L’Amant Militaire», de Goldoni, mis en scène par Etienne Catallan, François Eric Valentin comprend qu’il a trouvé là son vrai métier, sa vraie passion et depuis cette date. Il travaille avec les metteurs en scène Nicolas Bataille, René Jauneau, Goulchan Kervella, Jacques Legré, Muriel Mayette, Xavier Lemaire, Francis Perrin, Armand Delcampe… Il réalise aussi des Sons et Lumière, des Opéras, des Spectacles Musicaux…
Il joue également dans un récital poétique seul en scène «53 minutes pour Amnesty International» mise en scène de Jean Paul Bazziconi dont la recette intégrale est versée à Amnesty International. Il est aussi l'auteur de romans, pièces de théâtres, essais… Notamment «Lumière Pour le Spectacle» et «L’Eclairagiste, un Esprit d’équipe», respectivement parus à la Librairie théâtrale en 1994 et 1999.
François-Eric Valentin et Yann Reuzeau sont très heureux de poursuivre leur collaboration entamée sur «La Secte» et «Les Débutantes» et «Puissants & Miséreux».
LA DISTRIBUTION
Walter HOTTON (joue Vampel) Episode 1, 2, 3, 4
Walter se forme au Cours Florent avec Michèle Harfaut et Maurice Attias. Il travaille sous la direction de Thomas Le Douarec dans «Dommage qu’elle soit une putain» de Jonh Ford, de Madona Bouglione dans «Antoine et Cléopâtre» de William Shakespeare, et dans deux pièces de Yann Reuzeau «La Secte» et «Monsieur le Président». Walter est un habitué de la Manufacture des Abbesses, il y a joué «Fando et Lis», d’Arrabal, dans «Le Chemin des Passes Dangereuses», de Bouchard, «Femmes de Manhattan» de Shanley…
Vampel est un député de l’Union de Gauche, plutôt anonyme et ayant la particularité d’être très croyant.
Didier MÉRIGOU (joue Weider) Episode 1, 2, 3, 4
Formé à l’Ecole Florent et au Studio Pygmalion. Il joue avec Niels Arestrup et Judith Magre, Michel Serrault, Sandrine Kiberlain, Edouard Baer, Zabou Breitman... sous la direction de Jean-Luc Revol, Claude Miller, François Ozon, Denis Granier-Deferre, Philippe Monnier, Alphonse Boudard, Raymond Acquaviva, Gilles Gleizes ou encore Jean-Marc Seban, Etienne Chatiliez ou Marc Angelo...
Weider est un homme de l’ombre très influent qui va prendre en main la campagne de Vampel.
Sophie VONLANTHEN (joue Porémon) Episode 1, 2, 3, 4
Formée à l’Institut Lee Strasberg de New York, elle a joué récemment dans «Sibylline», de Noli, mise en scène Marianne Groves, «Femmes de Manhattan» de John Patrick Shanley, mise en scène Mitch Hooper, «Inconcevable» texte et mise en scène Jordan Beswick, «Quatre chiens sur un os» de John Shanley, mise en scène John Pepper. Elle a déjà joué dans 2 pièces de Reuzeau : «La Secte», et «Puissants & Miséreux». Elle est aussi la co-fondatrice et co-directrice de la Manufacture des Abbesses.
Porémon est l’ambitieuse assistante parlementaire de Vampel.
Leïla MOGUEZ (joue Speranza) Episode 1, 2, 3, 4
Elle intègre en 2002 l’école Acting International et travaille avec la Compagnie Prélude («Paroles de Femmes» au Cyberact, «Un dimanche de Tragédie», d’après Ribes). En 2006, elle assiste Yann Reuzeau sur la pièce «Les Débutantes» et fait depuis partie intégrante de La Manufacture des Abbesses. Elle y met en scène et joue «La Mise au Pas», d’Alexandre Duclos puis joue «Le Regard des autres» de Ch. Shinn, mise en scène Gilbert Désveaux.
Speranza est la directrice de la communication de Vampel.
Yvan LAMBERT (joue Perquis) Episode 1
Elève de René Simon, il a travaillé avec, entre autres, André Roussin, Jean Marais, Jacques Dumesnil, Olivier Hussenot mais aussi Coluche, Muriel Robin, Bernard Da Costa, Yves Carlevaris, Charles Charras et André Gille dont il a joué la pièce "Le Président" plus de 1000 fois, Diane Delmont qui l'a mis en scène dans "La Portrait de Dorian Gray" d'Oscar Wilde qui lui valut le Baladin du meilleur comédien en 1997. Il a interprété dernièrement Woody Allen à la... Manufacture des Abbesses.
Perquis est un des barons de parti qui se présente aux primaires. Son passé est marqué par une longue période d’inéligibilité.
François HATT (joue Camara) Episode 1
François HATT, après s’être formé au Cours Simon, joue dans différentes pièces, notamment «Duo pour Violon seul», de Tom Kempinski, et «Petit Boulot pour vieux Clown», de Matéi Visniec,. Il se partage aujourd’hui entre la télévision («Engrenages», «La Commanderie») et les planches. Il prépare également le rôle-titre de «La Résistible ascension d’Arturo Ui», de Brecht, pour Avignon 2011, avec la compagnie Umbral.
Camara est le directeur de campagne de Perquis.
Emmanuel de SABLET (joue Quieroz) Episode 2, 3
Formé au Conservatoire National, il fait sa première mise en scène en 1981 : « Il faut qu’une porte soit ouverte ou fermée » d’Alfred de Musset. Entre 1983 et 2000, il est professeur au Conservatoire de Lille, il crée deux sociétés, Les Productions Baghera (cinéma) et Le chant des cigales (théâtre). Il rejoue, depuis 2001, au théâtre sous les directions de Kazem Shahryari, Claude Crétient, Stéphane Olry et Aurore Priéto. Il co-dirige la salle Agitakt jusqu’en 2005. Sa dernière mise en scène « Quartett » d’Heiner Müller, s’est jouée au Théâtre du Picolo.
Quieroz est un homme d’affaire, fondateur d’une banque de micro crédit.
Manga NDJOMO (joue Baubrac) Episode 2, 3
Corporaliser le personnage, tel est son credo forgé par l’enseignement de Jean Hérel. La saison dernière elle a interprété Clémence, dans « Raf Banni » de Pierre Gope, adaptation de Hernani de Victor Hugo à l’histoire contemporaine de la Nouvelle-Calédonie dans une mise en scène de José Renault. Elle était également Mme Nigéria dans « Thérapie Anti-Douleur», de Laura Forti. Elle est primée à Clermont-ferrand pour « Viande de ta mère ».
Baubrac est la favorite pour la course aux primaires de l’Union de gauche.
Raphaël d'OLCE (joue Debiewski) Episode 2, 3 et 4
Formé à la comédie de St-Etienne et par ailleurs diplômé des Beaux-Arts et des Métiers d’Art, il a joué sous la direction de Daniel Benoin dans «Maître Puntila et son valet Matti», Jean-Pierre Vincent dans «Léo Burckart», Michel Abecassis dans «L'Or de Cajamalca», Arnaud Beunaiche dans «Inconnu à cette adresse», Anne-Marie Lazarini dans «Les Suites d’un premier lit»… Et au cinéma sous la direction de Costa-Gavras dans «le Couperet» et de Laurent Herbier dans «Mon Colonel».
Debiewski est journaliste à La République, grand quotidien de gauche.
Mitch HOOPER (joue Johnson) Episode 3 et 4
Auteur et metteur en scène, c’est la première fois que Mitch Hooper est comédien. Son scénario, «Le rêve dans le cœur» gagne le prix des cents premières œuvres de France Télévision en 1992 et il est l’auteur de plusieurs scénarios dont «La Femme du pêcheur» avec Fanny Cottençon et «Les Ames fortes» avec Laetitia Casta. Au théâtre, il a écrit «Chronique d’une année de crise», «L’amour existe», et a également mis en scène «Long voyage vers la nuit», d’Eugène O’Neill, «Une vie de théâtre», de David Mamet. A la Manufacture, il a mis en scène «Femmes de Manhattan», de Shanley. Plus récemment il a mis en scène «Trahisons», de Pinter, au Lucernaire. Il a été l’assistant d’Harold Pinter pour la pièce «Ashes to ashes» au théâtre du Rond-Point.
Johnson est Ministre de l’Intérieur au gouvernement de la Présidente Alatar.
Marc BRUNET (Joue Mérendien) Episode 4
Il joue dans plus d’une trentaine de spectacles avec des metteurs en scène tels que Pierre Santini, Antonio Arena, Patrick Pelloquet... En 2009, il joue «Le Système Ribadier» avec Bruno Solo. Il met en scène et interprète «Nuit gravement au salut» et «Fenêtre sur Jungle» d’Henri-Frédéric Blanc. Il participe à de nombreux films dirigés par Alain Corneau, Josiane Balasko, Claude Gorreta, Tony Gatlif… En 2007, il interprète le rôle du Père dans «Darling» de Christine Carrière. En 2010, il tourne au cinéma avec Jean-Pierre Bacri, Clovis Cornillac, Yvan Attal… En 2011, il adapte pour la scène le roman de Jean Teulé, « Les Lois de la gravité » qu’il joue ensuite à la Manufacture des Abbesses.
Mérendien est Ministre de la Présidente Alatar dans le premier épisode, avant de lancer sa candidature à la Présidentielle à la surprise génarale…
Lionel NAKACHE (joue Cédric Porémon) Episode 4
Lionel Nakache a joué, au théâtre, dans « Roberto Zucco », mise en scène de Pauline Bureau à La Tempête, « Les pas perdus » de Denise Bonal, mise en scène de Gilles Guillot au Théâtre du Rond-Point… Au cinéma, Il tient le rôle principal de «Real Movie», de Stéphane Robelin. En 2011, il tourne dans « Cloclo » réalisé par Florent-Emilio Siri, et « Et si on vivait tous ensemble » de Stéphane Robelin. Il a également tourné dans une quinzaine de courts métrages et téléfilms, et joue régulièrement dans « La vie secrète des jeunes » pour Canal.
Cédric Porémon est le fils d’Hélène Porémon. Mais leur histoire est très particulière et tumultueuse…
La politique, bal des ambitieux, une saga réjouissante à la Manufacture des Abbesses.
Il n’est pas impossible que le spectateur qui sort d’un des quatre épisodes de Chute d’une nation se retrouve dans l’incapacité d’exprimer clairement ce à quoi il a assisté. Une bonne série télévisée ? Evidemment pas, même si l’on se retrouve dans le même état addictif. Prêt à vendre père et mère pour dévorer, là dans la minute, la suite de l’épisode qui vient de se terminer sur un suspense à l’efficacité très marketing. Une pièce de théâtre ? Pas totalement non plus, vu le nombre de gènes qu’elle a en commun avec ses muses télévisuelles américaines, les A la Maison Blanche et consœur. Une créature hybride, donc. Et rien que pour cela, excitante.
Moteur. Commençons par le commencement. Jean Vampel (interprété par un très bon Walter Hotton) est un député anonyme de l’Union de la gauche. Rien, a priori, ne le prédispose à un destin national. Ce qui désespère d’ailleurs son attaché parlementaire (Sophie Vonlanthen) qui veut voir en lui (et fatalement aussi en elle) un véritable destin politique. Outre le fait que Vampel est un fervent catholique, anti-avortement, son principal handicap est qu’il manque cruellement d’ambition. Pour lui et ses proches.
Paradoxalement, c’est sa psychorigidité en matière de moralité publique qui va lui servir de moteur. Et le propulser, malgré lui, sur le devant de la scène. Jusqu’à l’élection suprême.
C’est la première réussite de cette tétralogie : ausculter cet étonnant carburant qu’on appelle l’ambition en politique. Yann Reuzeau a eu l’intelligence de faire en sorte que son héros en soit totalement dépourvu, au départ de son odyssée. A partir de quand est-on autorisé à croire en soi ? Jusqu’où ? Au prix de quelles compromissions ?
Accouchement. C’est assez réjouissant d’espionner un député lambda se dépatouillant avec ces questions existentielles. Et d’assister au long et laborieux accouchement d’un homme (et donc d’une ambition) politique. Jusqu’à son discours programmatique (d’une bonne dizaine de minutes) dans lequel Vampel propose, contre l’avis de ses collaborateurs, de nationaliser tout le système éducatif français.
L’autre réussite de cette "Chute d’une nation" réside dans le subtil dosage entre réalité documentaire et pure fiction. Outre que la première secrétaire de l’Union de la gauche est une femme noire, Reuzeau s’offre de jolies embardées fictionnelles. Un accident de la route présidentielle qui rebat toutes les cartes (étrange parenté avec celui de l’Exercice de l’Etat), une manipulation des réseaux sociaux, un étrange mécène, roi du microcrédit français…
Grégoire Biseau - 16 décembre 2011
Une pièce politique, une vraie. Pas une pièce politicienne qui prendrait parti pour un camp ou un autre ni une rélexion philosophique sur l'art de gouverner un pays mais une plongée dans l'univers du politique avec ses coups bas, ses grandeurs, ses mesquineries, ses aspirations. L'auteur réussit à ne tomber ni dans la démagogie ni dans la complaisance. Le spectacle est d'autant plus convaincant que la distribution est de grande qualité.
(...) L’idée de Chute d’une nation repose sur l’intérêt pour la politique qui guide Yann Reuzeau depuis longtemps. « Adolescent, j’ai eu un choc au lycée, quand j’ai appris qu’Hitler avait été élu démocratiquement. Je pensais qu’il était arrivé au pouvoir par un coup d’État. Par la suite, je me suis beaucoup intéressé au rôle de von Papen dans cette élection. Et j’ai eu envie d’écrire une pièce sur une campagne présidentielle. Comme je ne pouvais pas le faire en 1h30, j’ai repris la forme des séries qui m’ont marqué. »
"Los"t ou "Les Soprano" ont ainsi nourri la construction et l’écriture de "Chute d’une nation", dont il faut voir les épisodes dans l’ordre, pour bien en intégrer les codes.
L’action repose sur une fiction : nous sommes dans une démocratie indéterminée, dirigé par un président de droite, dont le mandat arrive à terme. Il faut préparer les élections. À gauche, c’est la pagaille. Weider, un homme de l’ombre influent, décide de lancer dans la campagne Vampel, un député inconnu du grand public, consciencieux et travailleur, dont l’assistante parlementaire, Hélène, est aussi agressive et ambitieuse qu’il ne l’est pas. Elsa, une jeune femme directe mais compliquée, rejoint l’équipe en tant que directrice de communication. Les voilà partis pour la bataille des primaires au sein de l’Union de gauche.
Et ça y va ! Yann Reuzeau, qui s’est beaucoup documenté pour écrire Chute d’une nation, déploie l’attirail qui nourrit une campagne : les accords et les compromissions, les attaques directes et les coups bas, la guerre des ego et des programmes, l’exploitation des faits divers, le poids de l’argent, les amours incestueuses de la presse et des politiques… ce n’est pas toujours léger, mais extrêmement efficace : scènes courtes, rythme soutenu, rappels des épisodes précédents, annonces des suivants. On se laisse prendre au jeu, qui pour Yann Reuzeau doit amener le spectateur à réfléchir sur la fragilité de notre démocratie.
Il sera temps, à la fin du quatrième épisode, de tirer les leçons de "Chute d’une nation". En attendant, il est recommandé d’aller faire un tour la Manufacture des Abbesses où le don assez sidérant de Reuzeau pour les dialogues fait mouche et où les comédiens n’hésitent pas à appuyer sur la pédale. C’est la règle d’une campagne.
Brigitte Salino - 28 avril 2011
Une pièce qui laisse tout le monde pantois, totalement fascinante. C’est extrêmement bien fait avec des dialogues qui fusent à toute allure. Un défi d'écriture incroyable. (…) Ce qui est incroyable c'est la manière dont vous articuler ce qui est de l'ordre du discours politique et ce qui est de l'ordre de l'individu réellement, il y a une plongée dans l'humanité de ces personnages, dans leur singularité, dans leur personnalité. (…) Il y a la grande Histoire qui broie les personnages et il y a les personnages, qui, aussi, la fabriquent.
Lucille Caumo : On est littéralement captivé. Rarement au théâtre j’ai été à ce point prise autant dans le simple plaisir de la fiction qui nous tient haletant du début à la fin. Chute d’une Nation parvient à soutenir un rythme parfait, en jouant d’un suspens tendu et maîtrisé. On pense à l’excellent West Wing. La même densité, la même efficacité qui déroule un fil narratif parfaitement tendu, toujours unifié. (…) Une logique narrative implacable qui emporte tout. Qui emporte aussi l’adhésion de la salle. Parce qu’elle procure un intense plaisir d’autant qu’elle sert un propos éminemment jouissif, celui de la politique fiction. Un tableau épique et haut en couleur.
(...) Yann Reuzeau a à peu près tout compris. Presque tout envisagé. Écrite en quatre épisodes, plus vraie que vraie, "Chute d'une nation" est un impitoyable constat sur le piteux état de notre démocratie. Ou sa lente déréliction. Construite avec les outils et les contraintes de la représentation théâtrale, cette série dramatique d'un nouveau genre l'est tout autant avec les modes narratifs de la série américaine (brièveté des scènes, efficacité et vivacité des dialogues, construction par épisodes, stylisation des personnages et de leur langage...). Il ne doit guère exister, dans les arts de la scène, d'entreprise plus hasardeuse. Jamais cependant on ne discerne de cynisme ou de néopopulisme dans la manière dont Reuzeau construit son personnage central : un notable médiocre de gauche, Vampel, que son entourage convainc de se présenter aux primaires de son parti, puis à la présidentielle, tandis que dans le camp d'en face, Merendien, un aventurier diabolique, bientôt reconverti dans la droite extrême, s'apprête à récupérer la mise...
Codirecteur, depuis 2006, de la Manufacture des Abbesses (Paris), heureux auteur de Puissants et Miséreux (2010), Reuzeau affirme être obsédé par la prise de pouvoir - respectueuse du droit, du moins en apparence - par Hitler dans l'Allemagne des années 1930. Moins que l'annonce d'une catastrophe irréversible, Chute d'une nation nous fait toucher du doigt l'épuisement démocratique de la classe gouvernante et de tout ce qui gravite autour d'elle. Plus que l'absence de conviction présente chez tous les personnages nous trouble le désœuvrement prodigieux de leur esprit. Le mépris ou l'oubli de toute pensée vivante. (...) Cet auteur invente quelque chose sans prétention. A sa mesure et à notre portée. Un théâtre de l'hyperréalité à travers lequel il exprime adéquatement sa perception de la société.
Daniel Conrod - 28/05/2011
"Chute d’une nation" est un feuilleton théâtral en quatre épisodes. Yann Reuzeau confirme qu’il est un auteur de théâtre sur lequel l’avenir peut compter. Je n’ai vu que le troisième épisode, « Chaos », mais cela n’entrave pas la compréhension et l’intérêt. D’abord parce qu’au début, nous avons le résumé des précédents, ensuite parce que la narration est limpide et captivante. Dans une mise en scène sobre et claire de l’auteur, les comédiens, tous formidables, font vivre avec une belle intelligence l’histoire entre drame et comédie de la vie. C’est une sorte de « Châteauvallon » qui nous plonge dans le monde de la politique. Le parti pris est de souligner « la fragilité de la démocratie, l’engagement politique et les responsabilités qui en découlent, la peur des hommes face à des choix qui vont modifier l’histoire ».
Yann Reuzeau dessine une France de fiction, après la disparition tragique de la Présidente, l’Alliance (la droite) et l’Union (la gauche) cherchent à gagner les élections. A l’approche de 2012, on se sent encore plus concernés par les luttes intestines, les doutes, les colères… Le héros, Jean Vampel, un député intègre de gauche et fervent catholique, se profile comme «?le sauveur?» de la situation. Y arrivera-t-il ? Cela, on le saura au prochain épisode.
Et on le rappelle, le théâtre c’est toujours mieux que la télévision, c’est vivant !
Marie-Céline Nivière – 26/04/2011
(…) Meublée seulement de deux bureaux qui se font face, la scène est aussi sobre et austère que ceux qui l’occupent. Et l’action portée par six excellents comédiens est elle aussi bureaucratique, faite d’une succession rapide d’entrevues et discussions souvent houleuses (…). Un parti pris de parfaite vraisemblance soutenu par une remarquable restitution du jargon politique (…).
Pourtant on rit beaucoup des manigances labyrinthiques qui nous sont données à voir. Pourquoi ne rit-on pas autant dans la réalité, si elle est si drôle ? Sans doute parce qu’à force de côtoyer l’absurde, on ne le voit plus… Toujours est-il que cette hilarité qui unit les spectateurs est aussitôt suivie par un temps d'arrêt, de réflexion. De quoi ai-je ri, sinon d’un mal tristement banal ? Chacun part avec cette question, et avec des points de suspensions assez obsédants pour rendre immanquable le prochain épisode…
Anaïs Heluin
Enfin du nouveau. Reuzeau sonde les coeurs et les reins de ceux qui se jettent dans la mêlée. Le spectacle, servi par une troupe solide, est percutant, drôle, parfois angoissant. On a qu’une envie en sortant, savoir comment tout ça va tourner.
La Matinale : « Un projet audacieux. Une vraie pièce politique qui nous renseigne sur l’envers du décor. Dans l’actualité chaude bouillante. » Studio Théâtre / Laure Adler : « Impressionnant. Précipitez-vous » Le Masque et la Plume : « Terrifiant, très bien joué, très amusant, très bien monté, un très très bon spectacle. Formidable ! »
Depuis quelques années, on est heureusement sorti de ce théâtre politique bien pensant, moralisant, manichéen (...). Difficiles de s’en plaindre, effectivement. Sauf que depuis, sur les scènes de France, c’est le quasi-désert ! Les hommes de théâtre ne semblent plus concernés par la politique. Ni par les politiques. Chute d’une nation de Yann Reuzeau est donc particulièrement bienvenu. L'auteur ne nous donne pas de leçon, ne tranche ni dans un sens ni dans un autre, mais nous plonge au cœur d'une campagne électorale présidentielle qui pourrait être celle de demain. Sauf qu'il ne cherche ni le pastiche ni la dérision. Ses personnages ne sont ni Sarkozy, ni Strauss-Kahn, ni Aubry, mais des politiques tout aussi crédibles. Son Jean Vampel, par exemple, bousculé entre son engagement à gauche et sa foi catholique, pourrait être notre prochain président.
Reuzeau, parce qu'il sait créer de vrais personnages, permet d'incarner ainsi les vraies questions, celles qu'ils se posent tous et que nous nous posons à leur sujet : la déontologie, l'engagement, la sincérité, la morale, l'à quoi bon, la fatigue…
La pièce est construite en quatre épisodes. Ce deuxième est excellent. Un seul mot : bravo !
Jean-Luc Jeener
Avec "Dernières extrémités", Yann Reuzeau clôt brillamment la saga théâtrale en quadriptyque intitulée "Chute d'une nation", dont il est l'auteur et le metteur en scène, et qui, depuis décembre 2010, s'est déployée, sans aucune baisse de régime, à la Manufacture des Abbesses comme une passionnante fiction épique et politique en quatre épisodes.
Passionné par la thématique des jeux et enjeux de pouvoir, il procède, en l'espèce, à sa déclinaison dans la sphère de la politique politicienne au cours d'un des moments clés de la vie politique, en période pré-électorale d'une échéance majeure, l'élection présidentielle, à la judicieuse résonance contemporaine, qui s'inscrit dans un souffle balzacien revisité.
(...) Ainsi a-t-il élaboré la fresque "splendeur et misères d'une démocratie" qui, de surcroît, réunit tous les atouts dramaturgiques : une intrigue crédible nourrie au lait fermenté des mœurs démocratiques habilement décryptées, fertile en rebondissements et rondement menée selon un rythme crescendo, des dialogues percutants et ciselés non dénués de traits d'humour incisifs et une forme scénaristique, impulsée par les scènes courtes d'une écriture à l'anglaise, et portée par une mise en scène cinétique de fondus-enchaînés.
Cette saga de politique-fiction s'achève avec la campagne présidentielle qui se déroule dans un pays au bord de la guerre civile dirigé par un gouvernement étêté qui navigue à vue sous la houlette d'un ministre de l'Intérieur désespéré (Mitch Hooper très réaliste entre sursauts humanistes et désespoir pathétique) entre des partis exsangues et divisés ("L'Union de gauche est morte et l'alliance de droite en lambeaux") qui font le lit de l'extrême droite.
Une extrême droite représentée par un redoutable suppôt aux airs de pater familias ferme mais débonnaire (Marc Brunet plus vrai que nature) secondé par un jeune technocrate cynique (Lionel Nakache parfait) auquel s'attaque notre député autour duquel tout semble s'effondrer (Walter Hotton excellent dans l'incarnation du candide pris au piège du devoir de résistance qui le conduit à la "schizophrénie morale").
La grande force - et réussite - de ce spectacle, à l'instar de la saga, réside dans le fait, d'une part, de la maîtrise de l'évolution de l'intrigue qui passe du particulier au général, des petites manigances de parti à la réflexion sur la dictature comme moyen de lutte contre un choix démocratique pour un gouvernement fasciste, d'autre part, de doubler l'intrigue principale, à partir d'une poignée de personnages archétypaux nettement individualisés, d'une exploration humaine des motivations et du questionnement personnel des protagonistes mis à rude épreuve par un engagement souvent violent qui va révéler leur vraie personnalité de manière souvent surprenante et d’autre part du jeu investi des comédiens.
À voir donc absolument.
Un vrai théâtre politique, d'aujourd'hui. Le suspens y est haletant, jouissif. L'idée de la série est ici idéale pour le rythme et la nature du propos. Mais la grande force de l'oeuvre, c'est de relier une humanité et une psychologie complexes à une réalité politique brûlante. Servie par une distribution impeccable, magistralement dirigée , la force des personnages et de l'histoire nous emporte, elle s'adresse directement et profondément à nous, plus ou moins citoyens, plus ou moins épris de politique, tous concernés. Yann Reuzeau est un auteur qui manquait. De ceux qui savent s'effacer devant leur propos. Venez prendre cœur et distance dans la campagne électorale, ça devrait même vous aider à voter utile. De l'art comme un miroir captivant et réfléchissant.
Yann Reuzeau décrypte une campagne électorale avec des personnages plus vrais que nature dans un feuilleton haletant, digne d'une série télé comme "24 Heures".
(...) Dans "Chute d'une nation", série épique et politique en quatre épisodes, Yann Reuzeau, 32 ans, relate l'ascension d'un certain Jean Vampel (juste Walter Hotton) député catholique de gauche à la présidentielle: un homme ordinaire, «intègre, travailleur, mais anonyme et peu ambitieux» qui a des enfants et une «femme aimante». (...) Vampel a une rivale de choix, le leader de son propre parti, Camille Baubrac (parfaite Manga Ndjomo). «Il faut donner envie aux gens», scande-t-elle. D'où notamment le titre du second épisode de la pièce : Fratricide.
Le projet était risqué. Dans son ensemble, la pièce dure 7h15. Chacun des quatre épisodes peut être vu indépendamment des autres. D'autant, qu'ils sont tous précédés d'un préambule et d'un «?prochainement?», de courtes saynètes mises en avant par un éclairage judicieux (François-Éric Valentin). À l'instar de la série télévisée "24 Heures" qui a fait les belles heures de Canal +.
«Nous partions de plusieurs handicaps, raconte Yann Reuzeau. La politique n'est pas un sujet porteur, et il y a un risque d'overdose. Il aurait été difficile de démarcher des théâtres plus grands pour une pièce aussi longue, c'est pour cette raison que nous l'avons programmée dans le nôtre. Je trouvais frustrant de raconter une campagne électorale en 1 heure 30, j'avais envie de suivre un personnage de l'ombre à la lumière. Au début, je pensais prendre un candidat de droite, mais je voulais surtout un personnage avec une contradiction politique. Vampel est un catholique de gauche ultraconservateur, contre l'avortement, mais il doit composer pour la campagne et avec son attachée parlementaire.»
Fraudes, compromissions, négociations «C'est une pièce ultraréaliste, souligne Yann Reuzeau qui a commencé à écrire le premier volet il y a un an et demi. Il y a toujours des parallèles à faire sur les hommes dans une campagne électorale, mais les coïncidences ne sont pas volontaires.» «La pièce résonne très fortement avec l'actualité, mais ce n'est pas une pièce partisane, c'est une pièce sur la politique», ajoute Sophie Vonlanthen, codirectrice avec Yann Rezeau de la Manufacture des Abbesses où celle-ci est reprise.
Fraudes, compromissions, négociations, coups bas, trahisons, promesses aléatoires, sondages, les coulisses du monde politique sont observées à travers un microscope. Avec une intelligence aiguë dénuée de manichéisme.
Les personnages sont plus vrais que nature. Lionel Weider, remarquable Didier Mérigou, aux faux airs de Mathieu Amalric, dirige la campagne de Jean Vampel. Elsa Speranza (Leïla Moguez) est sa jeune directrice de communication qui cherche à lui «donner de la visibilité». Mais elle se heurte souvent à Hélène Porémon (Sophie Vonlanthen), son assistante parlementaire, qui n'a pas la langue dans sa poche.
«Depuis longtemps, je suis passionné par l'idée qu'une démocratie peut s'effondrer en quelques mois», explique Yann Reuzeau. À l'origine, ce Balzac du XXIe siècle s'est inspiré de… Von Papen : «Un homme dont l'histoire n'a pas retenu le nom, mais qui a pourtant placé Hitler sur le trône en espérant pouvoir reprendre le pouvoir plus tard. Ce n'était pas un nazi, juste un démocrate qui a fait un mauvais calcul et un choix dramatique à un moment donné, mes personnages sont portés par de vraies convictions. Je souhaitais traiter des errements des hommes au pouvoir.»
Nathalie Simon - 18/10/2011
Une pièce de théâtre déclinée astucieusement en 4 épisodes explore les ressorts des ambitions individuelles, la bataille des égos, les chausse-trappes, les coups bas, l’idéalisme sabordé par le pragmatisme. La pièce, énergique et tonique, décrit avec justesse, drôlerie, pugnacité, les périlleux positionnement de circonstances, les alliance à géométrie variable, les situation mouvantes, l’errance des ambitions incertaines. Une pièce bienvenue et utile. Pour les citoyens et les élus. A voir de toute urgence. Avant d’aller voter en toute conscience.
Jean-Claude Raspiengeas
On va parler de théâtre et d’une pièce assez particulière. Elle fait un carton depuis plusieurs mois à la Manufacture des Abbesses.
Ceci n’est pas une pièce de théâtre comme les autres. Avec des jingles dignes des plus grandes séries américaines, « Chute d’une Nation » dépoussière le sixième art. Son auteur, il n’a que 32 ans et ses références ne sont pas vraiment celles de la Comédie Française : "Lost", "24h chrono", "Soprano"…
Complots, tractations politiques, avec "Chute d’une Nation", vivez la course à l’Elysée dans la peau d’un candidat.
Si le scénario fait froid dans le dos, la série peut rendre très vite accro. La pièce a déjà dépassé les 150 représentations.
12/01/2012
Vous trouvez que ça ronronne dur du côté de la scène théâtrale ? Yann Reuzeau vous propose de découvrir l’art sériel non plus à la télé mais sur les planches ! Aiguillonné par un buzz laudatif, ce feuilleton théâtral en quatre épisodes poursuit son bonhomme de chemin selon une formule audacieuse : chaque épisode est une pièce à part entière, les quatre pouvant être vus ou non dans l’ordre. La gageure impressionne d’autant plus qu’il s’agit ici de captiver avec un matériau des moins évidents : l’action politique.
Sur un sujet propre à tous les égarements, le jeune auteur-metteur en scène tricote une réflexion affutée sur l’engagement et ses corollaires (…). Plongé dans les arcanes de la caste politique, on se laisse happer par le jeu des acteurs, la nervosité de la mise en scène et l’originalité de la démarche. Une certitude : avant les combats électoraux à venir, on vote pour « Chute d’une nation », une tête de série qui tient ses promesses !
En cette année de pré-campagne présidentielle, le jeune dramaturge Yann Reuzeau (repéré pour sa récente pièce “Puissants et miséreux”) ficelle un étonnant feuilleton théâtral en quatre spectacles sur l’ascension vers l’Élysée d’un député de gauche anonyme. Jean Vampel y croisera ce qu’il faut de coups bas, primaires sanguinaires, directeurs de campagne et furies médiatiques.
Ambitieuse et brillante, cette “Chute” se suit comme une vraie série télé live.
Régis de Closets - 14/10/2011
Enfin une vraie pièce politique subtile et intelligente ! Ce premier épisode d'un spectacle qui en comptera quatre met vraiment l'eau à la bouche…
L’empreinte des bonnes séries américaines (…) une écriture efficace (…) Les acteurs, tous justes, font des politiciens plus vrais que natures.
Dans les méandres d'une campagne électorale…
(...) Avec une écriture efficace, l'auteur dépeint le combat intérieur entre éthique personnelle et une conscience politique. Il montre les compromissions, les affrontements, les coups bas ainsi que les liens troubles entre politiques et journalistes. Sans jamais tomber dans la caricature, Reuzeau a créé des personnages finalement humains et sincères.
Une pièce saisissante de vérité.
Christine Henry
Une immersion prolongée dans les eaux troubles de la caste politique.
L’auteur a choisi de conter par le menu une lutte pour le pouvoir, à travers des situations et des portraits illustrant tous les travers de la vie politique : l’ambition sans scrupule, la manipulation de l’opinion, les coups bas des conseillers en com' dénués de tout principe, les petites combines et les grandes magouilles, les règlements de compte et les compromissions.
C’est du théâtre à l’estomac. Il faut être suivre le rythme endiablé des stratégies mises en uvre par les divers personnages. Tout va très vite. Les bons mots s’enchaînent. Le public rigole, se passionne, s’esclaffe, et ça marche.
Jack Dion
La plume de Yann Reuzeau est toujours aussi inspirée et efficace, intrigue rondement menée et dialogues vifs, et il a su décoder et distiller en édifiant nectar satirique le réalité-show politique. Par ailleurs, dans cette deuxième époque, il a su insufflé un rythme crescendo en introduisant des inattendus rebondissements et ajouter une tonalité supplémentaire en greffant les prémisses de relations extra-professionnelles qui intéressent l'intime des personnages.
Le spectacle à la mise en scène toujours aussi cinétique, impulsée par les scènes courtes d'une écriture à l'anglaise, est porté par le jeu nerveux des comédiens qui concourt à sa réussite ainsi qu'à l'addiction inexorable du spectateur qui se perdra en conjectures dans l'attente du prochain épisode.
Expérience rarement tentée, Yann Reuzeau, le codirecteur de cette jolie salle du quartier des Abbesses, se lance dans le feuilleton théâtral. Des résumés des épisodes précédents étant proposés, on peut éventuellement prendre le train en marche, mais pourquoi ne pas voir le spectacle dans son intégralité ? Grand admirateur de la série américaine The West Wing (À la Maison-Blanche), le jeune auteur ne cache pas s’en être inspiré. (...) au-delà des idées politiques (...), il faut saluer la performance artistique. Sans disposer du même budget que Warner Bros Television, Yann Reuzeau atteint son but : dès la sortie du théâtre, le spectateur consulte son agenda pour savoir quel jour il reviendra. Chapeau bas !
Jacques Nerson
masque et la plume "Chute d'une nation" par Manufacturedesabbesses