Les Précieuses ridicules ou le Molière Music-Hall Show2005 - 2006

Les Précieuses ridicules, farce corrosive, où jeux de pouvoir engendrent misères, contrariétés, violences et révoltes, sont la synthèse brillante de la farce française, de la comédie de mœurs et de la Commedia Dell’arte italienne.

Cette satire n’évoque pas de façon réaliste le mouvement précieux, mais caricature des snobs, des bourgeoises peu éclairées. Elle constitue une vigoureuse protestation contre les excès de la préciosité : sottise, pédantisme, snobisme… le mauvais goût. Sur le mode caricatural, Molière fustige ces avatars dégénérés et choisit la voie de l’exagération burlesque. Il s'attaque à la grimace sociale et à ses personnages qui jouent tous un rôle, qui "se la jouent", pour ressembler à leurs rêves ; pour mieux vivre ?

Entre ces "pecques branchées" du XVIIe siècle, et ces "poupées botoxées" du XXIesiècle toute ressemblance est-elle fortuite ? Mais le summum du ridicule ne va-t-il pas à Gorgibus et à son obsession masculine de considérer sa fille et sa nièce comme des marchandises à vendre ou à enfermer ?

De la farce, Molière retient l’humour physique et les bastonnades. Il offre de nombreuses occasions d'insérer des lazzis. La « mise en satire » s’empare de ces espaces de liberté pour vanter une création musicale originale. Orchestrée par le Tambour-major, elle s’inspire de sérénades et rengaines les plus déraisonnables.

Aux sources du théâtre musical, s’inspirant des Grands Divertissements Royaux, ce Molière Music Hall Show ose le pari fou de créer une fête somptueuse, titillant les cinq sens des convives. Dans cette peinture épicurienne se mêle la Commedia Dell’arte, les pyramides de confiture, le chant, les feux d’artifice, la danse, les jets d’eau, la féerie du mauvais goût, la musique, la poésie déjantée, les palais de fruits confits…

Vincianne Regattieri